Éléphants
Les premiers proboscidiens avaient une taille et une silhouette rappelant celle d’un tapir, et ne possédaient ni défenses ni trompe. Ils sont apparus en Afrique au début du tertiaire, et ont rapidement conquis le monde entier, à l’exception de l’Australie et de l’Antarctique. Au cours de leur évolution, ils se sont trouvés en concurrence avec d’autres herbivores, capables de mieux tirer parti de la nourriture végétale et, pour survivre, se sont spécialisés dans la consommation des plantes les plus fibreuses, que les ruminants et les équidés laissaient de côté. Cette adaptation est à l’origine de l’augmentation de leur taille : les animaux plus volumineux savent utiliser au mieux une alimentation au rendement moins élevé, mais plus abondante et moins soumise aux variations saisonnières.
La trompe et les dents
Ce régime particulier (la moitié de ce qui est consommé est évacué sans avoir été digéré) oblige les éléphants à consacrer plus de vingt heures par jour à fourrager et a entraîné le développement des défenses et de la trompe – qui leur permettent de saisir des rameaux élevés, d’abattre des petits arbres et de creuser la terre -, ainsi que celui du tube digestif : l’intestin mesure plus de 35 mètres de long, le cæcum 1,50 m.
La trompe, formée de la lèvre supérieure et du nez, est un organe préhensile, employé pour saisir la nourriture et pour boire. Elle assure la perception des odeurs, sert à la respiration (les éléphants peuvent nager immergés en l’utilisant comme un tuba), et peut être utilisée comme une arme. Les nouveau-nés n’utilisent pas leur trompe pour boire, mais tètent, comme les autres mammifères. Les mamelles sont pectorales comme celles des primates.
Les éléphants n’ont pas de canines : les défenses sont des incisives supérieures, à croissance illimitée. Les prémolaires et molaires, six par demi-mâchoire, se déplacent vers l’avant, au fur et à mesure que la mastication entraîne leur usure, se disloquent et sont remplacées par les suivantes. La première disparaît dès l’âge de trois ou quatre ans, la dernière apparaît à l’âge de trente-trois ans. A chaque remplacement, la nouvelle dent est plus volumineuse. Vers soixante à soixante-cinq ans, la dernière dent tombée, l’animal est condamné à mourir de faim.
Un système matriarcal stable
Les éléphants vivent en petits troupeaux comprenant plusieurs femelles et leur petit, ainsi que quelques sujets non adultes des deux sexes. La femelle la plus âgée mène la harde, parfois pendant plusieurs dizaines d’années. Les éléphants ont un comportement altruiste : lorsqu’un individu est malade ou blessé, ses congénères le soutiennent et tentent de le relever ; lors de la mise bas, les femelles entourent la mère, débarrassent le petit des membranes fœtales et l’aident à se mettre sur ses pieds. Les jeunes mâles sont chassés de la harde lorsqu’ils deviennent capables de se reproduire (vers 11 ans) et vivent en groupes de célibataires. Les mâles âgés sont solitaires. La gestation dure presque deux ans. La femelle continue à allaiter son éléphanteau alors qu’elle est de nouveau pleine. L’intervalle entre deux naissances varie de quatre à huit ans.