Noctuelles
Les noctuelles (noctuidés) sont des papillons de taille moyenne, mais on connaît des espèces géantes, comme Thysania agrippina du Brésil (280 mm d’envergure). et des formes naines comme les Eu- blemma du bassin méditerranéen.
Ces lépidoptères trapus ont une trompe généralement bien développée, des antennes filiformes et leurs tibias postérieurs sont pourvus d une paire d’éperons. La région postérieure du thorax est dotée latéralement d’une paire de tympans. Les ailes antérieures présentent le plus souvent trois taches caractéristiques, appelées respectivement orbiculaire, réniforme et claviforme. Il n’est pas rare que les ailes postérieures, cachées au repos sous les antérieures aux dessins cryptiques, soient vivement colorées : inquiétés, les papillons dévoilent brusquement les couleurs vives des ailes, ce qui leur permet de surprendre le prédateur et de s’enfuir.
Les chenilles sont en règle générale glabres et assez dodues. Elles sont fréquentes dans les plantes basses, certaines en partie adaptées à l’environnement aquatique, se développant par exemple dans la moelle des tiges de roseaux.
La nuit est leur domaine
Si les rares espèces diurnes ont des dessins souvent brillamment colorés, la livrée assez terne de la grande majorité des noctuelles leur permet d’échapper au regard des prédateurs durant la journée; mais, la nuit venue, elles doivent affronter les chauves-souris dont elles constituent bien souvent le plat de résistance. Leur corps très velu leur permet de voler par des nuits très fraîches, certaines espèces hi¬vernales se satisfaisant d’une température à peine supérieure à 0 °C.
La très vaste famille des noctuidés contient des papillons dont la morphologie et la biologie sont globalement très diversifiées. Les hypeninés et les sous-familles apparentées regroupent des espèces pourvues de palpes en forme de rostres atteignant parfois des longueurs démesurées, dotés, dans certains cas, de pinceaux de poils odoriférants aux pattes antérieures. Les catocalinés renferment de très grandes espèces dont les ailes postérieures sont brillamment colorées. Dans les régions tropicales, un certain nombre d’espèces, comme Ophideres fullonica, perforent les fruits (surtout les oranges) pour se nourrir, et se servent de leur trompe comme d’un véritable trépan, cet organe étant très sclérifié et muni de puissantes dents et arêtes. D’autres espèces sont ophtalmotropes : elles viennent se poser sur la tête des mammifères, au voisinage des yeux, et promènent leur trompe sur l’œil ou sous la paupière. Elles aspirent alors l’abondante sécrétion lacrymale résultant de cette irritation. Enfin, on a récemment montré que quelques catocali¬nés, comme Calyptra eustrigata, parviennent à perforer la peau des mammifères (et donc de l’homme), grâce à leur trompe, pour sucer leur sang…
Les processionnaires : des papillons grégaires
Les processionnaires appartiennent à une sous-famille des notodontidés, bien qu’on les ait pendant longtemps classées dans une famille distincte. Quelque 100 espèces, le plus souvent tropicales, ont été recensées. Les chenilles de ces papillons nocturnes assez ternes sont grégaires. Généralement arboricoles, elles élaborent des nids soyeux (dont certains atteignent 50 cm de long) qui abritent des centaines d’individus. Verruqueuses et violemment urticantes, ces chenilles se déplacent en longues processions, chaque individu gardant le contact avec celui qui le précède.