Cobras et élapidé, hydrophiidés
La famille des élapidés, qui comprend, outre les cobras, près de 200 espèces, se rencontre dans toutes les régions tropicales : Amérique, Afrique, Asie, Australie. Ces serpents, généralement semblables à des couleuvres, sont caractérisés par la présence de crochets non articulés en avant de la mâchoire supérieure; il s’agit de dents agrandies, percées d’un canal relié à une glande à venin. Très puissant, presque toujours neurotoxique, ce dernier provoque la paralysie des proies.
Le mode de vie des élapidés est relativement varié. Certaines espèces sont terrestres, actives, diurnes ou crépusculaires ; elles se dressent et sont souvent agressives, comme les cobras. D’autres sont plus ou moins fouisseuses, lentes et discrètes, nocturnes, ornées de bandes colorées : ce sont notamment les serpents corail et les bongares ; ils attaquent peu, du moins durant la journée. Certains élapidés sont arboricoles, diurnes ou nocturnes, agiles et très vifs; ils ont un corps allongé, de grands yeux, et une coloration qui varie du vert au brun et au noir. Les plus connus sont les mambas, agressifs, aux morsures souvent fatales. Un seul genre (Boulengerina) a des mœurs franchement aquatiques. Les espèces marines sont classées dans une famille à part, les hydrophiidés.
Le cobra royal
Les cobras sont encore appelés najas, nom cinghalais repris par les zoologistes pour désigner le genre le plus commun ; l’espèce asiatique est connue sous le nom de serpent à lunettes, à cause du capuchon, orné sur sa face dorsale d’un dessin clair ressemblant souvent à un lorgnon – d’ailleurs réduit à un monocle chez certains spécimens. S’il mord habituellement, le naja peut également «cracher» son venin. Une dizaine d’espèces de cobras habitent l’Afrique, du Maghreb et de l’Égypte au Cap, et l’Asie méridionale et centrale, du Proche-Orient à l’Indonésie; ils peuvent dépasser 2 mètres de long. Quelques-unes sont adaptées aux zones arides, mais la plupart recherchent plutôt le voisinage de l’eau, certaines se nourrissant essentiellement de crapauds.
Le géant du groupe est le cobra royal, Opbiophagus hannah, des forêts du sud- est de l’Asie : dans de rares cas, il atteint 5,60 m de long, ce qui en fait le plus grand serpent venimeux; dressé, il peut atteindre la taille d’un homme. Comme l’indique le nom du genre (du grec ophis : serpent, et phagein : manger), ce reptile se nourrit essentiellement d’autres serpents. Il a la réputation de n’être que modérément agressif; néanmoins, sa redoutable morsure est capable de tuer un éléphant. Ce cobra, le seul à nicher au sol, pond des œufs et la femelle s’occupe des nouveau-nés, comportement exceptionnel chez les serpents.
Les serpents corail
Ce groupe d’Amérique tropicale comprend plus du quart des élapidés connus. Le principal genre, Micrurus, renferme lui-même une cinquantaine d’espèces. Les serpents corail sont joliment décorés d’une succession de bandes transversales ou d’anneaux rouges, jaunes et noirs ; leur corps plutôt menu est long de 50 à 150 centimètres; la bouche est petite, la queue courte. Actifs la nuit, ils mangent des arthropodes et de petits vertébrés; indolents, ils mordent exceptionnellement, cherchant plutôt à dissimuler leur tête en cas de danger. Leur venin est cependant très toxique et une morsure peut avoir pour l’homme une issue fatale.
Notons que plusieurs couleuvres, tout à fait inoffensives mais parfois de plus grande taille et agressives, ont une coloration très semblable à celle de certains serpents corail.
Les bongares asiatiques (genre Bun- garus) ont des mœurs qui les rapprochent de leurs cousins américains ; ils sont plus grands – dépassant parfois 2 mètres de long -, et leur corps est généralement strié de bandes alternativement claires et sombres. Farouches le jour, ils deviennent agressifs et donc dangereux la nuit; ils se nourrissent surtout d’autres serpents.
La vipère de la mort
La plupart des élapidés se rencontrent en Australie et en Nouvelle-Guinée, où ils représentent plus des trois quarts des espèces de serpents. C’est également dans la région australienne que l’on ob-serve les formes les plus étranges, no-tamment la vipère de la mort (genre Acanthophis), et les plus venimeuses, comme le taipan (genre Oxyuranus).
La vipère de la mort ressemble effectivement à un vipéridé des régions arides, et non à une couleuvre comme les autres élapidés : corps court et trapu, long de 50 centimètres à 1 mètre, cou bien marqué, écailles imbriquées, tête triangulaire large et déprimée, yeux menaçants à pupille verticale, surmontés d une écaille saillante. Elle vit dans les zones sèches, sablonneuses, voire en plein désert. Active le soir, elle s’enfouit à demi pendant la journée, ce qui la rend peu visible et provoque des accidents dont le bétail est la principale victime. Excitée, elle agite l’extrémité de sa courte queue et gonfle son corps. La femelle met au monde de six à douze «vi-péreaux».
Le taipan possède, quant à lui, une morphologie classique d’élapidé, mais avec des dimensions peu communes : il mesure en effet de 3 à 4 mètres de long. Extrêmement agressif, son venin, très puissant, est à la fois neuro- et hémotoxique : sa morsure est presque toujours mortelle en l’absence d’injection rapide de sérum. On connaît le cas d’un cheval mort cinq minutes après avoir été mordu par un taipan.
D’autres élapidés australiens, arboricoles, rappellent les mambas par leurs mœurs comme par leur rapidité et leur agressivité. Des études récentes, solidement étayées, ont établi qu’une partie au moins des élapidés australiens n’étaient pas de -vrais» élapidés, mais qu’ils descendaient probablement d’hydrophiidés, marins, revenus secondairement coloniser la terre ferme.
Les vrais serpents de mer
Modestes par la taille comparés – aux monstres des légendes, les serpents de mer de la famille des hydrophiidés sont bien réels. La famille comprend une cin-quantaine d’espèces. Sa répartition est tropicale et indo-pacifique, aucun spéci-men n’ayant jamais été observé dans l’océan Atlantique. Une seule espèce gagne régulièrement la pleine mer; les autres ne s’éloignent guère des côtes et des hauts-fonds.
Les hydrophiidés peuvent être assimilés à des élapidés spécialisés et adaptés au milieu marin : leur queue aplatie sert d’organe natatoire ; leurs narines se ferment par une valvule; le développement de glandes à sel régularise la concentration saline du milieu interne.
A l’intérieur de la famille, on peut également observer différents stades évolutifs. Quelques espèces sont ovipares et doivent, comme les tortues marines, regagner la terre ferme pour y déposer leurs œufs. Les autres serpents marins, vivipares, ne quittent jamais l’eau ; déposés sur le sol, ils sont d’ailleurs bien souvent incapables de se déplacer, ou même de respirer, tant certains muscles se sont atrophiés. En revanche, de nombreux serpents marins remontent volontiers les estuaires et parfois aussi les fleuves, lorsque la nourriture y est abondante. Une espèce s’est ainsi installée dans un lac d’eau douce, aux Philippines, et elle y a suffisamment évolué pour former une nouvelle espèce.
L’adaptabilité des serpents marins conforte la théorie selon laquelle une partie au moins des élapidés australiens aurait des hydrophiidés comme ancêtres.
Les serpents marins, à l’exception de quelques espèces, ne sont guère agressifs, mais leur venin est particulièrement toxique ; leur alimentation est surtout constituée de poissons allongés ou an- guilliformes, tués ou paralysés avant d’être avalés. Les plus grands spécimens atteignent 3 mètres de long.
Vidéo : Cobras et élapidé, hydrophiidés
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