La circulation «thermohaline»
La circulation «thermohaline»
Observons un glaçon dans un verre d’eau : on voit distinctement l’eau de fonte, plus froide, descendre vers le fond. C’est que l’eau froide gagne en densité, tout comme l’air lorsqu’il se refroidit. Ce phénomène préside à un autre type de circulation océanique, beaucoup plus profonde, et qui peut atteindre la profondeur de 6 000 m. Elle est toutefois liée à la précédente. Comme l’eau de fonte du glaçon, les eaux froides gagnent en densité et tendent à descendre. Ce mécanisme est donc analogue à celui de la circulation atmosphérique générale.
Cependant, un autre facteur complique l’ensemble : la salinité des eaux. Plus la teneur en sel est élevée et plus la densité augmente, ce qui tend à faire plonger en profondeur les eaux dont la salinité est élevée. C’est ce double facteur, la chaleur (thermos en grec) et la salinité de la mer {hais, halos : sel) qui donne son nom à cette circulation des eaux profondes : la circulation « thermohaline ». La puissance de ces courants marins est immense. L’unité par laquelle on l’exprime est le Sverdrup, Sv (1 sverdrup = 1 million de mètres cubes par seconde). Dans l’océan Atlantique, le courant thermohalin atteint la puissance de 13 Sv.
Il s’agit d’une circulation très lente, provoquée par la plongée en profondeur des eaux froides et sursalées antarctiques et arctiques. On sait que la glace marine n’est pas salée. La formation de la banquise augmente donc la salinité des mers glaciales, subarctiques ou subantarctiques. Si l’on commence le circuit dans les mers subarctiques – mers de Norvège et du Groenland – les eaux les plus denses plongent progressivement, débordent le seuil qui relie le Groenland à l’Ecosse, et dans les profondeurs abyssales de l’Atlantique, descendent vers le sud pour rejoindre le courant circumpolaire froid évoqué plus haut. Des courants se séparent de ce courant principal, et se réchauffent graduellement, dans les océans Indien, Pacifique et Atlantique ; du même coup, ils remontent vers la surface et deviennent partie des courants de surface de l’océan mondial, donc soumis au régime des vents, à la force de Coriolis, à l’apport de chaleur solaire, etc. L’un de ces courants les plus importants est celui qui, en surface, se réchauffe dans l’hémisphère Sud et remonte vers le nord, dans l’océan Atlantique, pour ensuite former le Gulf Stream et la dérive nord-atlantique qui le prolonge, avant de se refroidir et de regagner une salinité importante, qui le fera plonger à nouveau, et la boucle sera bouclée…
Le temps nécessaire à la circulation complète d’une particule d’eau dans le gigantesque complexe thermohalin est de l’ordre du millier d’années, et nous sommes bien loin de comprendre l’impact de tous les aspects de cette gigantesque machinerie.
Vidéo : La circulation «thermohaline»
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La circulation «thermohaline»