Les infections des voies respiratoires
Si les polluants issus de la circulation automobile ou de l’industrie chimique représentent des dangers préoccupants, encore mal évalués et mal contrôlés pour ce qui est des allergies, il n’en va pas de même pour les infections respiratoires. En effet, celles-ci sont aujourd’hui encore l’un des risques majeurs pour la santé humaine.
Les pics de pollution en ville s’accompagnent systématiquement d’une augmentation des taux de bronchites aiguës et chroniques, de bronchiolites, et d’infections des voies aériennes supérieures (sinusites, rhino-pharyngites, laryngites), chez les jeunes enfants et chez les personnes âgées.
La grippe est la maladie pulmonaire la plus répandue au monde et qui montre bien à quel point nous sommes dépendants de l’environnement et à quel point cet environnement est fragile. On se souvient encore de la grande épidémie de grippe dite « espagnole » de 1918, qui avait été à l’origine de millions de morts dans toute l’Europe, et nous vivons au début du XXIe siècle dans l’expectative d’une nouvelle épidémie planétaire, si l’homme ne réussit pas à contenir la grippe dite « aviaire », qui trouve son origine dans les élevages de poulets asiatiques et qui pourrait se transmettre à l’homme. La lutte contre la grippe est une course contre la montre, car le virus responsable change de visage chaque année et les vaccins antigrippaux, relativement peu efficaces, doivent être reformulés en permanence.
La grippe
La grippe est une maladie virale due aux Myxouirus influenzœ. Elle évolue sous forme d’épidémies qui se propagent rapidement dans les populations. Il s’agit en effet d’une maladie très contagieuse, en général bénigne, mais qui peut s’avérer grave chez des personnes fragiles (nourrisson, personne âgée, insuffisant respiratoire…).
Le virus de la grippe
Trois types de virus
Le virus de la grippe, dont il existe trois variétés, est l’objet de mutations dont l’importance détermine l’extension de la maladie : de l’épidémie limitée à la grande pandémie.
Il existe donc trois types du virus Myxouirus influenzas, nommés A, B et C. Ce virus contient une nucléocapside faite d’un brin d’ADN. Il est entouré d’une enveloppe porteuse de petites épines, les spicules, qui ont un rôle important dans les mutations du virus. On distingue deux sortes de spicules, l’hémagglutinine, qui permet au virus de se fixer à la surface des cellules, et la neuraminidase, qui l’autorise, après multiplication, à se libérer de la cellule et qui facilite la propagation d’une cellule à l’autre.
Un virus en mutation
Les mutations du virus ont lieu au niveau de ses spicules. Il peut s’agir soit de cassures, transformations complètes des spicules qui se déroulent tous les dix ou vingt ans, soit de glissements, mutations plus discrètes apparaissant tous les deux ou trois ans.
Ces mutations expliquent les divers modes de diffusion de la maladie dans une population. Quand un virus de la grippe revient peu changé d’une année sur l’autre, la majorité des gens sont immunisés en raison de leur contamination au cours de l’année précédente. La grippe n’est donc pas très virulente ni très répandue cette année-là. Lors des glissements (variations mineures), il se produit une épidémie plus ou moins limitée, ce qui est le cas tous les deux ou trois ans.
En revanche, lors des cassures, tous les dix ou vingt ans, il peut y avoir de grandes épidémies : la majorité de la population est atteinte et les cas graves sont nombreux. On se souvient encore de la grippe espagnole de 1918, qui fit plus de 20 millions de morts en quelques mois, ou de la grippe asiatique de 1957. Les épidémies ont lieu en hiver et se propagent d’est en ouest.
Les oiseaux
Le virus pénètre dans l’organisme par les voies aériennes, véhiculé par des gouttelettes en suspension dans l’air. Il se fixe dans les cellules de la couche superficielle des voies respiratoires (l’épithélium) et s’y multiplie. En détruisant les cellules ciliées qui servent habituellement à l’évacuation des voies respiratoires, la présence du virus favorise une surinfection bactérienne.
La mutation du virus vers l’homme
Selon les théories actuelles, tous les virus de la grippe viendraient des oiseaux. La dernière grande épidémie de grippe vient de Chine, où les canards et les porcs sont encore élevés ensemble dans les cours des maisons. Il est possible que le virus soit passé du canard au porc puis à l’homme. On explique les mutations du virus grippal par le fait qu’un mélange de virus se produit lors de la transmission de l’animal à l’oiseau d’un côté, et lors de la transmission de l’animal à l’homme de l’autre. Cela donne naissance à un nouveau virus qui serait transmissible à l’homme, notamment lorsque la densité humaine est trop forte. Le virus de la grippe aviaire (influenza aviaire), lorsque la souche est hautement pathogène, peut se transmettre dans des cas exceptionnels à l’homme, comme cela a été observé pour un virus influenza à Hong- Kong en 1997 et en février 2003 ou, plus récemment, au Vietnam où des foyers de virus aviaire ont été observés fin 2003. La transmission s’effectue lors de contacts fréquents et intensifs avec des sécrétions respiratoires ou des déjections d’animaux infectés. Une transmission du virus aviaire à l’homme risque de favoriser des échanges de matériel génétique entre les deux virus chez une personne déjà contaminée par le virus de la grippe humaine. Un tel réassortiment génétique entre ces deux virus pourrait engendrer l’apparition d’un nouveau type de virus susceptible de s’adapter plus facilement à l’homme. Ce mécanisme faciliterait ainsi la transmission interhumaine de ce nouveau type de virus qui pourrait se diffuser sur un mode épidémique voire pandémique, comme cela s’est vu dans le passé.
Les mesures de prévention
Chaque foyer de grippe aviaire animale nouvellement identifié nécessite que soient mises en œuvre par les autorités sanitaires des pays affectés, des mesures ayant pour objectif d’éviter toute exposition au virus et ainsi d’éradiquer la maladie. Les stratégies de lutte contre l’in- fluenza aviaire reposent essentiellement sur le diagnostic, l’hygiène, l’éducation, la quarantaine et la réduction de la taille des élevages (politique d’abattage massif).
Reconnaître la maladie
Les symptômes de la grippe sont bien connus (fièvre, toux, maux de tête, courbatures), mais ils sont finalement très banals. Ils peuvent se rencontrer dans de nombreuses autres maladies. L’association de tous ces symptômes est nommée syndrome pseudo-grippal, pouvant bien sûr témoigner d’une grippe, mais aussi d’une atteinte par d’autres virus comme les adénovirus, ou encore d’une leptospirose, d’une fièvre typhoïde, du paludisme ou d’une pneumonie bactérien- ni’. La présence d’une épidémie est donc un argument important dans le diagnostic de la grippe.
I e début de la maladie est brutal : la personne ressent un malaise général, avec des frissons et des courbatures. La température dépasse 19 °C pendant quatre à cinq jours, accompagnée d’une grande fatigue et d’une perte d’appétit. La toux est sèche, les yeux larmoient. Il arrive, enfin, que la grippe entraîne des symptômes digestifs (diarrhée, vomissements) ou une petite méningite sans gravité. La grippe peut évoluer et se compliquer d’une surinfection par des bactéries (staphylocoque, streptocoque, hemophilus influenzæ). Cette surinfection bactérienne est fréquente chez les personnes âgées ou les personnes en insuffisance respiratoire.
La grippe maligne
La grippe maligne est une forme grave, mais rare de la grippe. Elle touche les nourrissons, les vieillards, les femmes enceintes, les insuffisants respiratoires ou des personnes souffrant d’une atteinte cardiaque. Les sujets jeunes, sans antécédent pathologique, peuvent également être atteints, mais plus rarement.
Après une grippe au début banal, une asphyxie brutale, une tachycardie (accélération du rythme cardiaque), une défaillance cardiaque, des convulsions et une insuffisance rénale peuvent conduire rapidement à la mort, malgré les manœuvres de réanimation opérées pour y remédier. Les gestes d’urgence consistent alors pour l’essentiel en une ventilation assistée.
La vaccination
La prévention repose sur la vaccination. Le vaccin est fabriqué à partir d’un mélange des virus ayant provoqué les épidémies les plus récentes, inactivé par le formol. Le vaccin est donc adapté à l’évolution de la maladie quasiment chaque année. La vaccination consiste en une injection sous-cutanée pratiquée à l’automne, et elle est efficace chez à peu près 70 % des personnes ainsi vaccinées. Il existe plusieurs vaccins (Fluari®, Fluvirine®, Immugrip®, Influvac®, Mutagrip®, Previgrip®, Vaxigrip® et Tétagrip® en association avec le vaccin antitétanique). La vaccination est vivement recommandée aux sujets fragiles ; outre les personnes âgées de plus de 65 ans, les individus atteints de maladies cardiaques, pulmonaires ou rénales, les diabétiques et les immunodéprimés ont également intérêt à se protéger de la grippe en se faisant vacciner.
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