Limules
Les mérostomes sont des chélicérates aquatiques dont l’abdomen se termine par un stylet. On distingue deux sous-classes : les eury- ptérides, ou gigantostracés, éteints depuis le permocarbonifère, et les xiphosures, dont les limules sont les formes actuelles.
Les gigantostracés étaient des arthropodes géants, pouvant dépasser 2 mètres de long. Leurs plus anciens représentants ont été trouvés presque uniquement dans le nord et l’est de l’Amérique, et fort peu dans l’hémisphère sud. Ils étaient souvent associés à des céphalopodes, à des crustacés ou à des trilobites dans des dépôts marins; mais ils ont aussi été identifiés, au carbonifère, dans des gisements continentaux renfermant des plantes et des insectes.
Les xiphosures, qui atteignent parfois 60 centimètres de long, ont un corps globuleux, sans segmentation distincte, de coloration vert olive foncé, partagé par un sillon transversal et terminé par une sorte d’aiguillon d’une longueur égale ou supérieure à celle du corps. Cet appendice articulé, très musclé, de section triangulaire, s’effile graduellement pour se terminer en pointe mousse. Capable d’une grande mobilité latérale et verticale, il permet à l’animal de marcher sur le sable, et de se redresser, s’il se trouve sur le dos.
Des arthropodes marins ovipares
Les limules sont des animaux littoraux essentiellement fouisseurs et carnivores, qui se nourrissent de petits mollusques marins et d’algues. Les jeunes et les adultes nagent sur le dos en s’aidant de leurs pattes abdominales. Toutes les espèces, au moment de la reproduction, gagnent le rivage. On a observé des regroupements sur les côtes japonaises durant les mois d’été, propices à l’accouplement. Réunis dans des eaux peu profondes, les mâles grimpent sur le dos des femelles, où ils se maintiennent grâce aux griffes de leurs pattes antérieures. La femelle creuse alors un trou dans le sable pour y déposer ses œufs, que le mâle arrose de sperme. Chaque ponte comprend de 200 à 300 œufs, qui mesurent 2 à 3 millimètres de diamètre. Signalons que les œufs d’une espèce des côtes de Thaïlande sont toxiques, voire mortels. L’état adulte est atteint par mues annuelles successives. Le nombre exact de stades est encore incertain : on en indique néanmoins une quinzaine chez les mâles et plus de 19 chez les femelles de Limuluspolyphemus.
La fin d’une série évolutive
Les limules présentent d’étroites affinités morphologiques avec les trilobites (arthropodes fossiles), bien que ceux-ci soient pourvus d’antennes. En effet, au cours de leur développement, les limules passent par un stade larvaire dit trilobitique. On hésite d’ailleurs à classer certaines formes dans l’un ou l’autre de ces deux groupes. Apparemment, au cours de leur histoire, les xiphosures ont atteint un tel degré de spécialisation qu’ils correspondent à la fin d’une série évolutive. Ce sont d’autre chélicérates, les gigantostracés, qui ont été à l’origine de la classe des arachnides.