Les grands félins et l'homme
Les grands félins et l’homme
En Afrique
Il existait jadis en Afrique un équilibre entre les animaux et les hommes. La faune a commencé à décliner après l’arrivée des Européens, à cause de la chasse intensive et de la modification et de la destruction des milieux naturels. Au début du siècle, les animaux sauvages furent en outre considérés comme les vecteurs de maladies qui décimaient les troupeaux domestiques, si bien que des centaines de milliers d’ongulés furent tués, et que les félins en subirent les conséquences. Dans les années 30, une certaine prise de conscience entraîna la création de réserves de faune et la restriction du commerce des produits issus des animaux sauvages.
L’explosion démographique en Afrique a une conséquence désastreuse sur les milieux naturels : extension de la culture sur brûlis, surpâturage qui entraîne l’érosion des sols, pratiques pastorales, comme l’allumage de feux de brousse tardifs, braconnage, commerce d’animaux, pollution, développement des infrastructures urbaines. Les moyens de protection sont souvent très insuffisants. Dans certains cas, les traditions et religions traditionnelles pallient aux carences des règlements administratifs. D’autres croyances en revanche sont particulièrement néfastes, comme celles des soi-disant vertues aphrodisiaques de certains organes d’animaux.
Aujourd’hui, les réserves, d’où l’homme était exclu au départ, se sont le plus souvent ouvertes et sont devenues des lieux où la protection du biotope est conciliable avec la vie des populations locales. En effet, si les actions de protection de la faune et des milieux doivent être financées avec l’aide des pays riches, elles doivent surtout se faire grâce à la formation et à l’éducation ; la création des réserves a permis au tourisme nature de se développer, mais ce dernier ne contribue à la protection que s’il profite financièrement aux populations locales. Surdéveloppé dans certains parcs d’Afrique, il nuit alors aux espèces. La quantité de véhicules dans certaines zones est telle que les guépards, par exemple, sont obligés de chasser en plein milieu de la journée lorsque les touristes se reposent, ce qui les fatigue énormément. Certains visiteurs poursuivent les animaux ou cherchent à les photographier de près, ce qui nuit à leur tranquillité.
Il vaut mieux se munir d’une paire de jumelles ou de longues-vues puissantes ; d’ailleurs l’observation est plus intéressante lorsque l’animal est dérangé le moins possible.
En Amérique du Nord
La colonisation européenne, avec la mise en place de la chasse intensive pour les fourrures et le développement de l’activité économique, a entraîné la régression des populations de la faune sauvage à tel point qu’à la fin du siècle dernier beaucoup d’espèces étaient au bord de l’extinction. La prise de conscience de l’urgence de protéger la faune motiva la création des parcs naturels, dès le début du XXe siècle. Certaines espèces de félins avaient cependant déjà disparu de nombreuses régions,
En Europe
Les efforts de conservation sont plus récents et la pression humaine est plus ancienne, ce qui laisse peu de place à la faune sauvage et notamment aux grands prédateurs. Les félins eurasiatiques, le lynx d’Eurasie ou boréal et le chat sauvage, étaient fort répandus encore au moyen âge. Le chat sauvage s’est raréfié du fait de la disparition de son habitat, le milieu forestier, et à cause du piégeage systématique dont il a fait l’objet. Sa protection depuis 1979 en France a permis qu’il ne soit plus menacé d’extinction. Le lynx a également fait l’objet de persécutions telles qu’au xvne siècle il ne subsistait plus en France que dans les massifs montagneux et, aux siècles suivants, uniquement dans les Pyrénées. À partir des années 50, les effectifs ont cessé de chuter ; le lynx a fait sa réapparition dans le Jura en 1974 et dans les Alpes en 1975 grâce des réintroductions effectuées en Suisse. Il a été également réimplanté dans les Vosges à partir de 1983, non sans difficultés.
E n Asie
Les conditions économiques difficiles et la surpopulation rendent les problèmes de conservation de faune pratiquement insolubles. Malgré cela, des projets de protection ont été mis en place : en Inde, par exemple, le Tiger Project est un programme établi pour la sauvegarde du tigre, rendu difficile néanmoins par le danger que représente ce grand prédateur. Le lion d’Asie est protégé depuis 1913, date à laquelle il n’en restait plus qu’une vingtaine ; il avait été pratiquement exterminé par la chasse. Les mesures de protection sont arrivées un peu tard et, malgré une augmentation du nombre d’individus, il sera difficile de le sauver.
L’once, ou léopard des neiges, qui habite les montagnes d’Asie centrale (Sibérie, Mongolie, Chine, Népal, Bhutan, Inde, Pakistan,
Afghanistan) est également l’un des félins les plus menacés. Très localisé, il vit au-dessus de la limite des forêts et est très difficile à observer tant il est rare et timide. Jusqu’à il y a quelques années on ne savait rien sur sa biologie, ce qui a laissé place aux croyances locales qui affirmaient notamment que l’once suce le sang de ses victimes. Cette espèce est classée comme espèce en voie de disparition par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et certains biologistes estiment qu’il n’en 21 reste plus que 5 000 individus. Il est non seulement chassé pour sa fourrure et tué par les éleveurs de bétail mais également victime de la raréfaction de ses proies.
Le morcellement de son aire de répartition empêche en outre la rencontre d’individus de populations différentes, ce qui met en danger la survie de l’espèce.
Ces exemples résument bien le problème de cohabitation entre les félins et l’homme. Il est difficile de concilier le développement économique et l’industrialisation avec la présence de grands prédateurs qui ont besoin d’espaces sauvages et de gibier. Dans les pays les plus pauvres, la concurrence entre les félins et l’homme est encore plus directe et, dans ce cas, les perdants sont aussi bien les hommes que les animaux.
Vidéo : Les grands félins et l’homme
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