Les maladies respiratoires
Il est donc aisément compréhensible que beaucoup de maladies respiratoires sont influencées par la pollution atmosphérique. Nous allons donc détailler quelques-unes d’entre elles, afin de mieux comprendre leur relation avec l’environnement.
L’asthme
L’asthme n’est pas à proprement parler une maladie déclenchée par la pollution atmosphérique, mais en dépit de l’amélioration incontestable de la qualité de l’air, le nombre d’asthmatiques augmente à une vitesse alarmante. C’est un paradoxe et un véritable défi pour les responsables de santé publique : lors des pics de pollution atmosphérique, liés aux conditions climatiques par exemple, le nombre de crises ou de décès liés à l’asthme augmente. Et pourtant, l’air est plus propre qu’il ne l’était autrefois, les fumées des usines de mieux en mieux contrôlées et les émissions de gaz automobiles plus disciplinées. Comment comprendre alors ce phénomène ?
Le cas de l’Allemagne
Un exemple est particulièrement frappant : en Allemagne de l’Est, avant la réunification, 15 % des enfants présentaient un terrain allergique, propice à l’apparition de maladies comme l’asthme ou l’eczéma, et ce nombre est passé à 45 % après la réunification. Et pourtant, l’« occidentalisation » du mode de vie s’est accompagnée d’une nette amélioration de la pollution de l’air. Il existe donc quelque chose, dans le mode de vie occidental, qui n’est pas encore totalement déterminé, qui augmente dramatiquement le taux d’asthme, et il ne s’agit pas nécessairement de la pollution de l’air, comme on le croit trop facilement ! Le mode de vie occidental impliquerait un confinement dans des espaces surchauffés, des modifications des habitudes alimentaires, et une augmentation du trafic routier qui, en dépit des législations et de l’abandon du plomb, serait à l’origine de la production de particules allergisantes, en particulier les moteurs Diesel. Donc, un mode de vie qui favorise l’allergie, celle-ci étant déclenchée par des facteurs présents dans l’air, ou par une association de facteurs, par exemple des pollens émis par des végétaux eux-mêmes sensibles à la pollution atmosphérique.
Une maladie génétique
On rencontre le plus souvent des personnes asthmatiques dans des familles où il existe déjà des porteurs de la maladie, elle-même souvent associée à un « terrain » allergique spécial, appelé anopie, qui est responsable de crises d’asthme, mais aussi de rhinites et d’eczéma, trois maladies souvent associées chez la même personne. Ce terrain allergique, d’origine génétique, est responsable d’une crise d’asthme lors de la rencontre avec l’agent déclenchant de la crise, c’est-à-dire l’agent allergénique.
Les agents allergènes
Parmi les agents allergéniques, on distingue les allergènes aériens, ou inhalés, encore appelés pneumallergènes.
La poussière de maison
On trouve dans ce groupe tous les ingrédients de ce produit spécial que l’on appelle la « poussière de maison » (acariens, poils de chats, déjections de blattes, moisissures, etc.), mais aussi les pollens de graminées, d’arbres et d’herbes. En cas d’allergie à la poussière de maison, la crise d’asthme peut survenir à n’importe quel moment de l’année, alors qu’en cas d’allergie aux pollens, la crise sera saisonnière.
Les allergènes d’origine alimentaire
Le second groupe d’allergènes réunit les allergènes d’origine alimentaire. Ils sont surtout nocifs pendant l’enfance, et la crise d’asthme s’accompagne parfois de signes digestifs (douleurs abdominales, diarrhées). Les allergènes les plus fréquents sont l’œuf, le lait, le poisson, l’arachide. Chez l’adulte, les crises d’asthme d’origine alimentaire sont plus rares et peuvent être déclenchées par le kiwi, le soja, le céleri, les mollusques et les crustacés, par certains produits chimiques alimentaires (par exemple : les sulfites des vins blancs), et, à vrai dire, par n’importe quel produit. Pour compliquer le tout, il existe des relations croisées entre les pneumallergènes et les allergènes alimentaires, c’est-à-dire que la crise est déclenchée par des allergènes appartenant à des groupes différents : par exemple, le pollen de graminées et la pomme, le latex et la châtaigne, etc.
I es allergènes d’origine professionnelle
Il existe enfin les allergènes d’origine professionnelle, très nominaux (on en recense officiellement 250), qui font de l’asthme la première maladie respiratoire professionnelle. L’origine professionnelle lierait responsable de 15 % des asthmes de l’adulte. Parmi les allergènes les plus communs on connaît le latex, les céréales (farines, ricin), les produits d’origine animale (fourrures), de nombreux produits chimiques, des métaux (chrome, nickel, platine).
Reconnaître la maladie
L’asthme se caractérise par des crises d’essoufflement accompagnées de sifflements, et survient surtout le soir et la nuit.
Une sensibilité anormale des bronches
L’asthme est le signe d’une réactivité exagérée des voies respiratoires à divers irritants, responsables d’une constriction importante, le plus souvent réversible, spontanément ou à la suite de l’administration de médicaments dilatateurs des bronches. Cette réactivité anormale des bronches traduit une grande sensibilité à des stimuli divers, normalement supportés par le sujet sain. Ces stimuli peuvent être spécifiques (allergènes) ou non spécifiques (froid, exercice musculaire). Cette sensibilité anormale des bronches peut être liée à un déséquilibre du système neurovégétatif (la crise d’asthme peut être déclenchée par un facteur de stress physique ou psychologique), à une irritation de la muqueuse bronchique : les substances irritantes ou antigènes pénètrent plus facilement dans certaines cellules, les mastocytes. Il y a alors production d’anticorps pour neutraliser ces antigènes. La formation du complexe antigène-anticorps entraîne la libération de médiateurs chimiques responsables d’un spasme des bronches, d’un œdème et d’une hypersécrétion.
La crise d’asthme
La crise d’asthme survient plutôt le soir. Elle est souvent précédée de signes que le patient connaît bien : par exemple un coryza ou un
prurit (démangeaisons). Après quelques quintes de toux sèche et des larmoiements, la dyspnée expiratoire (difficulté respiratoire et sifflement à l’expiration) apparaît. Le patient est pâle, silencieux, accoudé, et il respire péniblement : l’inspiration est courte, mais l’expiration est longue et difficile. Au bout de plusieurs minutes, la crise s’apaise. La dyspnée s’atténue et la fin de la crise est marquée par une expectoration.
L’état de mal
L’asthme est une maladie pulmonaire grave qui exige un traitement adéquat. Les patients connaissent bien leurs symptômes et les facteurs qui favorisent leur déclenchement, physiques ou psychiques, C’est pourquoi, ils ont toujours leur médicament avec eux. La maladie est d’autant plus grave que dans certains cas elle peut se transformer en état de mal asthmatique, épisode au cours duquel la crise d’essoufflement ne cède pas au traitement habituel. Il s’agit d’une véritable urgence médicale, nécessitant une hospitalisation immédiate.
L’asthme est une maladie qui dure toute la vie, qui est favorisée par le contact avec les facteurs allergisants, et qui se complique facilement d’infections, en particulier lors des pics de pollution, dans les grandes villes. L’asthme peut évoluer ainsi vers l’insuffisance respiratoire chronique.
Comment prévenir l’asthme ?
En dehors du traitement préventif sous forme de comprimés ou de sprays que l’asthmatique doit toujours avoir avec lui, celui-ci doit surveiller le mieux possible son environnement afin de ne pas être en présence des allergènes responsables de la crise d’asthme, ou le moins possible.
À la maison
Le premier endroit à surveiller, est bien sûr le lieu de vie : la maison ou l’appartement. La poussière, par exemple, doit être soigneusement évitée. Les nids à poussière sont en effet un amoncellement d’allergènes. La première mesure à prendre est donc l’aération : l’asthmatique doit vivre le plus souvent possible la fenêtre ouverte, dans un appartement dans lequel il lui faut passer l’aspirateur autant que possible, sur les sols, mais aussi les canapés, les tapis et les rideaux.
développement des champignons, et donc les plantes en pots, et tous les dépôts d’humidité. Pour les mêmes raisons, il ne faut pas vivre dans un appartement surchauffé et baisser la température à 20 °C, ou même à 18 °C. Si les fenêtres de l’appartement donnent sur une voie à grande circulation, il est préférable d’aérer tôt le matin et tard le soir, lorsque le trafic automobile est moindre.
En dehors de ces mesures générales, le patient allergique ou asthmatique doit prendre grand soin de sa literie : les draps doivent être souvent changés, les couvertures lavées à sec deux à trois fois par an, et les matelas doivent être revêtus d’une housse plastique ou bien traités par un produit anti-acariens (Acardust®), ainsi que les oreillers et les traversins. Le but est d’éviter autant que possible le contact avec les acariens.
Le tabac et les animaux domestiques
Tous les asthmatiques le savent bien, il est indispensable de ne pas fumer. Mais il est préférable également de ne pas fumer en présence d’un asthmatique, la fumée du tabac étant particulièrement irritante et pouvant déclencher une crise. Il faut autant que possible éliminer les causes résidentielles (pollution urbaine) ou industrielles, ce qui nécessite souvent un déménagement, malheureusement pas toujours possible. L’asthmatique doit se faire vacciner contre la grippe, chaque hiver, et prendre des immunostimulants, afin d’éviter la survenue d’une bronchite ou d’une pneumopathie.
Autre grand problème pour les asthmatiques : les animaux domestiques. Leur participation à l’allergie est bien connue, en particulier pour les chats, qui sécrètent une protéine allergisante qui se retrouve au niveau des poils. Dans un appartement, les poils de chat se trouvent partout, et il est très difficile de s’en débarrasser, parfois même plusieurs mois après le départ du chat, on continue de trouver des poils.
Le sport
Le sport n’est pas déconseillé à l’asthmatique, à condition de s’échauffer correctement et de pratiquer un sport compatible avec son état. Si la course à pied provoque fréquemment des crises d’asthme, il est préférable de s’orienter vers la natation. Inversement, si la natation provoque des crises, par exemple à cause d’une allergie au chlore, il vaut mieux éviter de fréquenter les piscines. Il faut également éviter les sports trop violents, comme le squash.
En conclusion, l’asthme est une maladie favorisée par l’environnement moderne, plus que par la pollution en soi. Le fait le plus marquant dans l’augmentation actuelle de la fréquence de l’asthme, est que l’asthme survient chez des enfants urbains, vivant généralement dans un environnement sain, bénéficiant de toutes les commodités de la vie moderne, avec une alimentation correcte. Certes la pollution atmosphérique est plus importante en ville qu’à la campagne, mais elle n’est pas fortement mise en cause par les enquêtes épidémiologiques, tout au moins en ce qui concerne l’asthme. En revanche, on accuse plus spécifiquement le mode de vie urbain, avec l’augmentation de la concentration de certains allergènes (acariens) liée au chauffage central, à
la meilleure isolation des habitations, et à certains facteurs alimentaires. Cet environnement urbain serait particulièrement néfaste aux enfants, car il ne leur permet pas de développer un système de défense immunitaire capable de résister aux « attaques » d’allergènes au cours des années futures.
Ce serait donc moins la pollution de l’environnement qui serait responsable de l’augmentation de l’asthme que le mode de vie citadin. Au contraire, le mode de vie rural permettrait un contact beaucoup plus précoce avec les pollens, les animaux, les plantes, la terre, dans un milieu plus aéré, et par conséquent une réaction plus précoce aux allergènes, ce qui permettrait de développer un système immunitaire efficace. Selon cette théorie, il semble que l’exposition des enfants aux allergènes dès le plus jeune âge aurait des effets bénéfiques, alors qu’elle serait néfaste lorsqu’elle commence plus tardivement, ce serait donc moins la pollution de l’environnement qui serait responsable de l’augmentation de l’asthme que l’excès d’hygiène et de protection des enfants vis-à-vis de l’environnement.
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