Pétrole : L'Asie orientale
Située au voisinage de la Chine, l’Asie orientale est bien évidemment concernée par la recherche de nouveaux approvisionnements menée par Pékin. C’est notamment le cas en Indonésie, où les compagnies pétrolières chinoises ont investi dans l’exploitation du gisement de Tangguh, ou en Birmanie et en Thaïlande
Enfin, la Chine se dispute avec ses voisins la possession des réserves d’hydrocarbures présentes dans les eaux territoriales autour des îles Spratley (occupées par six Etats qui les revendiquent : la Chine, Taiwan, les Philippines, Brunei, le Vietnam et la Malaisie), Paracels (la Chine est en conflit avec le Vietnam et Taiwan, qui revendiquent leurs droits), Natuna (un archipel au sujet duquel la Chine s’oppose à l’Indonésie) et Diaoyutai (appartenant actuellement au lapon, qui les appelle « îles Senkaku », elles sont revendiquées par la Chine et par Taiwan).
L’amélioration des voies d’approvisionnement
la stratégie du « collier de perles »
Comme les autres gros importateurs, la Chine est aujourd’hui confrontée à la vulnérabilité croissante des voies d’acheminement des hydrocarbures. Ceux-ci, importés surtout des pays du Moyen-Orient, transitent majoritairement par le détroit d’Ormuz, qui relie le golfe Persique à l’océan Indien, et le détroit de Malacca, qui assure le passage entre l’océan Indien et la mer de Chine méridionale (où transitent 80 % des importations chinoises de pétrole), Or, ces détroits inquiètent les Chinois pour plusieurs raisons : le détroit d’Ormuz est situé dans une zone de conflits potentiels, compte tenu de l’instabilité croissante des pays du Moyen-Orient; ensuite, l’océan Indien a vu, ces dernières années, se multiplier les actes terroristes et la piraterie maritime ; enfin, les deux détroits se trouvent contrôlés par les Etats-Unis, grâce aux bases américaines situées dans le golfe Persique et dans l’océan Indien, et grâce aux multiples accords passés par Washington dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international. A cela s’ajoute le détroit de Formose, également placé sur le trajet des hydrocarbures et qui, en cas de conflit grave avec Taiwan, pourrait être un moyen de pression pour Washington. Pour renforcer la sécurité de ses routes maritimes, et ainsi limiter les risques de rupture de ses voies d’approvisionnement, la Chine a choisi de développer ses relations avec les pays riverains de l’océan Indien par la conclusion à la fois de contrats économiques et commerciaux et d’accords politiques et militaires. Cette stratégie a été surnommée par les Américains le « collier de perles ».
Parallèlement, la Chine a entrepris depuis une vingtaine d’années la modernisation de sa marine de guerre. C’est ainsi que Pékin a conclu un accord Islamabad au sujet de la construction du port pakistanais de Gadwar, situé dans la région pakistanaise du Baloutchistan, sur la mer d’Oman : en échange de son financement (à 80 %), la Chine bénéficie de ses infrastructures, peut surveiller les activités dans l’océan Indien (dont celles des bâtiments de l’US Navy) et observer attentivement le trafic dans le détroit d’Ormuz, situé à seulement 400 kilomètres. Le port de Gadwar présente le double avantage de servir de terminal de transit pour les importations chinoises de pétrole, puisque tout un réseau de voies ferrées et de routes doit relier Gadwar à la Chine et à plusieurs pays d’Asie centrale, et d’être aussi une base militaire grâce à ses stations d’écoute. Il est intéressant de noter que, tandis que se construisait le port de Gadwar, les clans baloutches se sont soule¬vés pour protester contre la discrimination menée à leur égard par les autorités d’Isla¬mabad depuis longtemps, et plusieurs bases militaires pakistanaises ont été la cible d’attentats. La rébellion a été très sévèrement réprimée et l’un des principaux chefs balouchtes tué. Le 24 octobre 2006, la Chine et le Pakistan concluaient un accord de libre-échange visant à tripler leur commerce bilatéral en cinq ans, visant à atteindre des échanges annuels d’un montant de 15 milliards de dollars. Ces échanges concernent pratiquement tous les domaines, y compris le secteur militaire, la Chine étant déjà le principal fournisseur d’armes du Pakistan. Plus à l’est, la Chine a étroitement participé à la construction du principal port du Bangladesh, Chittagong qui, par des capacités, pourraient éventuellement servir de base navale militaire.
La Chine a également établi des relations politiques et militaires avec de nombreux pays d’Asie du Sud-Est, comme la Birmanie, qui lui présente des facilités navales dans les îles de la baie du Bengale proche du détroit de Malacca, le Cambodge, ainsi que la Thaïlande où la Chine finance un canal, à travers l’isthme de Kra, permettant aux navires de contourner le détroit de Malacca si nécessaire.18
Pékin se serait également intéressé à un projet de construction d’une base de sous-marins dans les Maldives. Par cette approche régionale, la Chine entend non seulement assurer la sécurité de ses routes maritimes, mais aussi développer de nouvelles voies de transit terrestre. Ainsi, comme ceux passés avec le Pakistan, les accords passés avec la Birmanie et la Thaïlande ont également concerné la construction d’oléoducs reliant ces pays, dotés de terminaux pétroliers, au territoire chinois. En particulier, celui de Birmanie, reliant le golfe du Bengale à la province chinoise du Yunnan, permettrait d’éviter le passage par le détroit de Malacca, la mer de Chine et le détroit de Formose, et réduirait la distance de transport du pétrole en provenance d’Afrique ou du Moyen-Orient de près de 1 200 kilomètres.
Vidéo : Pétrole : L’Asie orientale
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