Bénitiers
Les bénitiers ont un mode de vie extraordinaire : ils sont fixés sur le substrat par un gros byssus, de telle sorte que la partie dorsale est orientée vers le substrat, et la marge ventrale vers le haut. Par conséquent, l’animal est tourné de 180° dans sa coquille par rapport au bivalve « normal » : les branchies, les palpes et le pied avec le byssus sont ainsi situés près du ligament; l’adducteur (le muscle qui ferme les valves) et les siphons sont proches du bord ventral de la coquille.
En symbiose avec des algues
Les tissus du manteau, le long du bord, sont très épaissis et hébergent des masses de zooxanthelles, des algues monocellulaires vivant en association avec le bénitier. Elles sont en quelque sorte «cultivées» par le tridacnidé, qui s’en nourrit. Pour garantir la photosynthèse de leurs zooxanthelles, les bénitiers doivent toujours être exposés à la lumière du soleil : ils vivent donc à faible profondeur, dans de l’eau claire, encastrés dans les récifs ou sur de petites plaques de sable entre les coraux. Sur un récif corallien, on remarque aussitôt leurs couleurs vives – bleu, vert, jaunâtre ou violet -, dues aux zooxanthelles du manteau, qui abrite aussi plusieurs espèces de petites crevettes commensales.
Le bénitier géant, une espèce menacée
Les tridacnidés sont consommés dans plusieurs régions de l’Indo-Pacifique ; leurs coquilles sont utilisées pour fabriquer des objets-souvenirs et des outils sur certaines îles du Pacifique Ouest. Les valves de Tridacna gigas sont importées depuis plusieurs siècles en Europe, où elles servent de bénitier dans les églises (d’où son nom) et ornent jardins et maisons. Tout musée d’histoire naturelle se devait d’exposer un bénitier. Cette exploitation par l’homme ainsi que la pollution croissante des biotopes menacent sérieusement plusieurs espèces, surtout le bénitier géant, dont l’aire de distribution s’est déjà réduite, de Sumatra et des Philippines à la Micronésie. Malgré les mesures de protection dont il bénéficie, il est encore péché intensivement et a disparu localement. Les pêcheurs taiwanais le récoltent industriellement en fraude, principalement le long de la Grande Barrière australienne, dans le seul but d’en extraire le muscle adducteur – un mets recherché -, et laissent la coquille vide sur place. Pour sauver l’espèce et contrôler son utilisation, son élevage a été expérimenté dans plusieurs endroits, avec des résultats prometteurs.