Bernard-l'ermite et anomoures
Les anomoures, ou anomales, sont les décapodes Reptantia (marcheurs) qui comptent le moins d’espèces (environ 1 600). Ils comprennent principalement des crustacés marins à l’abdomen asymétrique, mou et replié sous le corps.
L’absence de carapace abdominale oblige les 800 espèces de pagures (du grec pagouros : qui a la queue en forme de corne) à rechercher une coquille vide, de gastéropode en général, dans laquelle ils insèrent leur abdomen. Sur les rivages tropicaux, des pagures, les cénobites, sont adaptés à la vie terrestre et pénètrent dans les habitations. Chez les autres anomoures, l’abdomen, réduit et rabattu sous le corps, ne nécessite pas l’abri d’une coquille. C’est le cas des galathées et des porcelaines, qui fuient la lumière et les risques de dessiccation. Blottis sous les blocs rocheux qui leur servent de refuge durant la journée, ils passent souvent inaperçus.
Filtrage et récupération
L’appareil buccal des anomoures comporte des appendices capables de dilacérer les proies ou les charognes qui constituent leur ordinaire. Mais ils utilisent aussi leurs pattes modifiées comme filtre et sont au moins partiellement micro- phages, se nourrissant de particules de très petite taille. Ils possèdent en outre des pattes-mâchoires très mobiles, ornées de longues soies touffues dont le battement alternatif dirige vers la bouche un courant d’eau intense où ils trient les matières en suspension. Les galathées et les porcelaines sont indifféremment récupérateurs ou filtreurs grâce à la structure de leurs pattes-mâchoires. Les cénobites se nourrissent également de détritus, végétaux et animaux.
Protection rapprochée
Les pagures vivent souvent en symbiose avec les actinies, ou anémones de mer, qui se fixent sur la coquille dans laquelle ils ont élu domicile. Immunisés contre leurs toxines, les pagures trouvent avec elles une protection efficace contre d’éventuels prédateurs (poulpes et seiches). De leur côté, les anémones ont ainsi la possibilité de capter plus facilement leur nourriture grâce aux multiples déplacements de leur support.
Le grand bernard- l’ermite (Pagurns bernhardus), commun sur les fonds sablonneux ou vaseux de la Méditerranée, entre 30 et 100 mètres de fond, installe lui- même sur la coquille qu’il transporte une anémone particulièrement venimeuse, Sa- gartia parasitica, qui accepte parfaitement cette manipulation et ne manifeste aucun réflexe de défense. Association plus étonnante encore, l’anémone Adamsia pal- liata enveloppe peu à peu la coquille de son hôte (Pagurus prideauxi)-, lorsque le pagure est adulte, sa coquille est si délabrée que l’anémone, qui le recouvre alors complètement, lui sert de manteau.
Vidéo : Bernard-l’ermite et anomoures
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