Cônes et néogastropodes
Qu’ils soient charognards comme les bulots (Buccinum undatum) ou prédateurs actifs comme les nassariidés, les muricidés ou les conidés, tous les néogastropodes possèdent une trompe qui se dévagine comme un doigt de gant pour amener au contact de la proie les dents de la radula ; située à l’extrémité de la trompe, elle n’a jamais plus de trois dents par rangée. Selon le régime alimentaire, la forme et la fonction des dents sont cependant très variables.
Hachoirs, perceuses et flèches empoisonnées
La radula des buccinidés charognards est un simple hachoir dont les dents en herse dilacèrent la chair des proies. Chez la plupart des néogastropodes, l’action de la radula est complétée par celle de la salive, qui n’est pas seulement un lubrifiant mais aussi un dissolvant chimique et souvent un poison. Ainsi, les muricidés percent la coquille de leurs proies, gastéropodes ou bivalves, par la combinaison de l’action chimique de la salive et du mouvement de râpe de la radula. La pourpre, utilisée comme teinture dans l’Antiquité, n’est autre que le poison, mortel pour leurs proies, sécrété par une glande chez Murex brandaris et Thais haemastoma, deux muricidés méditerranéens.
C’est cependant chez les néogastro-podes dits toxoglosses (-langue toxique») que l’on trouve les modifications les plus extraordinaires de la radula. Chez les turridés comme les Philbertia de nos côtes, chez les térébridés et les conidés tropicaux, la radula possède une seule dent par rangée, les dents étant utilisées tour à tour pour injecter un poison violent dans la proie.
Les conidés disposent du système le plus élaboré : alors que des dents non utilisées restent en réserve dans un sac radulaire, une autre, en forme de harpon barbelé, est mise en place à l’extrémité de la trompe, où elle est solidement maintenue par sa base plus large après avoir été enduite du venin expulsé par une glande. Lorsque le cône est à portée de sa proie, la trompe, qui peut alors atteindre la longueur de l’animal lui-même, est violemment dévaginée, et la proie harponnée est ramenée et avalée tout rond. Les cônes se nourrissent ainsi, suivant les espèces, de vers, d’autres gastéropodes ou de poissons qui peuvent être aussi gros qu’eux. Le venin des cônes est toxique pour l’homme et la piqûre de certaines espèces, comme Conus textile et C. geographus de l’océan Indo-Pacifique, peut même entraîner la mort.
Une expansion récente
Tant par leur beauté que par leur variété, les conidés constituent le groupe favori des collectionneurs de coquillages. On y reconnaît environ 600 espèces, ce qui semble beaucoup pour un groupe très homogène morphologiquement.Cependant cette abondance reflète probablement une réalité biologique : les conidés, dont l’apparition est relativement récente, ont trouvé une niche écologique qu’ils sont seuls à exploiter parmi les gastéro-podes et sont donc actuellement en pleine diversification
Vidéo : Cônes et néogastropodes
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