Dauphins
Dauphins
Tous les dauphins sont merveilleusement profilés pour la nage rapide, certains étant, en termes de vitesse, de vraies torpilles vivantes : tous atteignent plusieurs dizaines de kilomètres par heure. La tête des dauphins est toujours en forme de coin pour fendre l’eau, avec quatre modalités morphologiques : leur gueule est courte ou porte un bec, et leur front, bombé (melon), abrite un coussinet de graisse développé ou non. Ces variations sont évidemment liées à leur alimentation.
Leurs mâchoires sont toujours garnies de nombreuses dents coniques plus ou moins espacées. Les narines débouchent sur un évent unique, placé au-dessus de la tête. Les eux. petits, sont très latéraux; certaines espèces tropicales mangeuses de poissons voient très bien, alors que les dauphins d’eau douce sont presque aveugles. Leur corps nu et lisse est peu coloré mais peut présenter des contrastes frappants et de jolis motifs : ces dessins sont destinés aux relations sociales, ou ont une fonction de dissimulation en eaux peu profondes.
La nageoire caudale est toujours bien développée, alors que la dorsale peut manquer. La taille de ces «fuseaux hydro-dynamiques» varie de celle du dauphin de Heaviside (Cepbalorbynchus heavisidii, 1.20 m et 40 kilos) à celle de l’orque mâle Orcinus orca, 7,50 m et 4 500 kilos).
Des derniers-nés plutôt frileux
Les dauphins marins, apparus récemment, ont 10 millions d’années tout au plus : ils sont la dernière éclosion de leur lignée, soumise à la terrible dégradation des climats terrestres depuis le pliocène (glaciations, sécheresses). Ces hôtes tropicaux se sont parfois bien adaptés aux mers froides, mais la plupart préfèrent des eaux tempérées ou chaudes. Les platanistidés, ou dauphins d’eau douce – proches des dauphins primitifs du miocène -, et les marsouins sont des groupes plus anciens.
De nombreux dauphins fréquentent des eaux chaudes ou raisonnablement fraîches. Les plus petites espèces, assez dépourvues de lard, ne peuvent vivre en eaux froides que si la nourriture est surabondante; même dans ce cas, ils leur faudrait se nourrir en permanence pour compenser les pertes de chaleur de leur corps à sang chaud dans l’eau glacée. Seules sont cosmopolites l’orque et la fausse orque (Pseudorca crassidens), leur taille leur permettant d’affronter les eaux polaires.
Les lagénorhynques, dauphins de taille moyenne à bec court, sont les plus familiers des eaux circumpolaires. Les cépha- lorhynques sont les seuls autres dauphins d’eau froide. Le grand dauphin (Tursiops truncatus) et le dauphin commun (Delphinus delphis) sont répandus dans toutes les mers non froides. Les dauphins à bec du genre Stenella sont tropicaux, comme les étonnantes sotalies qui fréquentent aussi les eaux douces.
Une sociabilité marquée d’individualisme
Les dauphins sont très sociables, sauf les platanistidés, mais leur sociabilité échappe aux modèles rigides. Un noyau familial de jeunes descendants autour d’une femelle adulte constitue souvent la seule
partie stable des bandes de dauphins. Pour le reste, le rut, l’abondance de nourriture, la nécessité de coopérer pour chasser ou la migration peuvent provoquer des agrégations temporaires, dont les configurations évoluent vite. Il n’en reste pas moins que les dauphins se reconnaissent entre eux, l’ancienneté des liens familiaux et amicaux influant sur la fréquence des rapprochements.
Les dauphins, chasseurs de poissons en bancs, coopèrent pour optimiser leurs captures : plus ils sont nombreux à pourchasser les poissons, plus ils en dévorent ! C’est donc très volontiers que les dauphins de bandes différentes s’envoient des signaux visuels et sonores pour participer en commun aux « battues» de poissons. La plupart dés espèces se nourrissent de poissons, mais certaines consomment des calmars ou du krill. Les grands thons, qui ne risquent rien des dauphins, s’associent souvent à ces derniers pour bénéficier de leur art de la capture des anchois et autres maquereaux.
D’énigmatiques échouages
Tous les dauphins font grand usage de leur «sonar» à ultrasons, pour naviguer, chasser (écholocation) et communiquer. La perfection de ce sixième sens (fréquences de 20 000 à 250 000 hertz, avec une portée de plusieurs kilomètres parfois) conduit à se demander comment des dauphins peuvent s’échouer. Certaines espèces, pélagiques ou habituées à se déplacer sur les hauts-fonds, ne s’échouent presque jamais; dans d’autres espèces, les animaux arrivent morts à la côte. Le mystère reste entier pour les échouages de troupeaux dont les individus paraissent bien vivants : c’est le cas du globicéphale (Globicephala melaena), dont des bandes entières périssent étouffées quand l’eau ne les soutient plus.
Les dauphins ont peu d’ennemis, à part les grands requins, l’orque, et l’homme. Ils s’apprivoisent et apprennent bien : ils possèdent un gros cerveau et une grande intelligence, appliquée toutefois à un milieu très différent de celui qui a formé l’humain. Il est difficile, pour des raisons éthiques (qui n’arrêtent pas tout le monde…) et pratiques, de faire des expériences sur le cerveau des dauphins : on ne dispose pas d’informations suffisantes pour comparer leurs facultés cérébrales avec les nôtres et celles d’autres mammifères terrestres.
Parmi les étrangetés récemment découvertes, il faut mentionner que les dauphins ne dorment que par demi-cerveau à la fois : pendant qu’un hémisphère se repose, déconnecté et sans rêves, l’autre reste en éveil et assure l’intendance…
Comment une vie longue peut abréger les jours d’une espèce
Les dauphins vivent longtemps, pour autant qu’on sache, et ont peu d’ennemis naturels : ils se reproduisent donc lentement. La maturité sexuelle du jeune n’intervient pas avant l’âge de cinq ans (au minimum), et souvent à quinze ans et plus. Après une gestation qui peut durer seize mois chez les plus grosses espèces. le petit a être allaité par sa mère une à deux années durant; il s’ensuit que les femelles adultes se reproduisent, au mieux, tous les ans pour les plus petites espèces, et souvent tous les quatre ou cinq ans seulement pour les plus grosses.
Les grandes orques deviennent peut- être centenaires, mais, une femelle mettant bas en moyenne tous les huit ans, elle donnera naissance au plus à six ou sept petits dans sa vie : cela rappelle furieusement une autre espèce, terrestre celle-ci, et pas du tout en danger d’extinction.
Vidéo : Dauphins
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Dauphins