Homoptères
Les quelque 50 000 espèces d’homoptères connues regroupent des insectes à métamorphoses incomplètes et à pièces buccales de type piqueur-suceur, utilisées pour aspirer le suc des plantes. Les homoptères présentent des aspects très différents, des grandes cigales jusqu’aux pucerons et aux cochenilles. Ils se distinguent des hétéroptères par un prothorax réduit et des ailes antérieures coriaces (cercopidés) ou membraneuses (aphidés).
Le tube digestif des homoptères présente un dispositif remarquable qui permet l’expulsion d’excréments sucrés (le miellat, provenant de la sève nourricière); il contient également des bactéries symbiotes facilitant la digestion de la cellulose.
On divise les homoptères en trois sections. d’après leur morphologie : les auchénorhynques et les sternorhynques, largement répandus sur le globe et dont certaines espèces peuvent être nuisibles, et les coléorhynques, petit groupe archaïque confiné à la Tasmanie.
Cigales et cercopes
Les auchénorhynques se singularisent par leur rostre inséré en avant de la base des pattes antérieures. Les mâles possèdent parfois un appareil stridulant (notamment chez les cigales) plus ou moins développé. Les femelles disposent d’un ovipositeur térébrant ou tranchant. La plupart des auchénorhynques sont aptes au saut, mais leurs pattes ne sont pas aussi développées que celles de orthoptères. On compte quatre superfamilles d’auchénorhynques : les cicadoïdes, les cercopoïdes, les cicadelloïdes et les fulgoroïdes.
Les cigales, ou cicadoïdes, se caractérisent par leur corps massif au mésonotum très développé, et par la présence d’un organe sonore et d’un système auditif très élaborés. Si les adultes ont une vie brève (au plus quelques semaines), les larves, souterraines, vivent très longtemps : en Europe, Lyristesplebejus vit cinq ans, et Magicicada septemdecim d’Amérique du Nord peut vivre jusqu’à dix-sept ans à l’état larvaire.
La plus grande des 2 000 espèces de cigales connues, Pomponia imperatoria (Malaisie) atteint 10 centimètres de long.
Les cercopes, ou cercopoïdes, sont nettement plus petits que les cigales. On les reconnaît à leur corps trapu au mésonotum triangulaire. Les 1 500 espèces recensées sont le plus souvent de couleur terne; toutefois, il existe des formes joliment ornées. Les cercopes fréquentent les arbres et les plantes basses dans les régions chaudes ou tempérées. Elles n’utilisent que leurs deux premières paires de pattes pour la marche ; la troisième, repliée sous le corps, sert à propulser l’insecte au moment de l’envol. Les larves de cercopes effectuent leur croissance dans une sorte de bave appelée crachat de coucou, qu’elles sécrètent et qui a probablement pour fonction de les protéger des prédateurs.
Cicadelles et fulgores
Les cicadelles, ou cicadelloïdes, présentent des tibias prismatiques pourvus de nombreuses épines. Ces insectes aux ailes antérieures souvent coriacées ont une taille moyenne à petite. Ils se développent dans les arbres et les plantes basses, auxquels ils occasionnent parfois des dégâts en transmettant des virus ou en produisant des nécroses. Jeunes et adultes sautent. Les mâles stridulent, sans pour autant disposer d’un système sonore aussi élaboré que celui des cigales.
La famille des membracidés regroupe des homoptères aux formes singulières, dont le prothorax porte des ornements bizarres évoquant un casque.
Les fulgores, ou fulgoroïdes, sont caractérisés par de petites écailles qui recouvrent l’insertion des ailes antérieures sur le thorax, et par des antennes insérées sous les yeux. Essentiellement tropicaux, ils exhibent une débauche de formes et de couleurs. De nombreuses espèces se confondent avec leur support, prenant parfois l’aspect d’épines ; d’autres copient des coléoptères par la forme de leur corps.
Psylles et aleurodes
Les sternorhynques se différencient notamment des auchénorhynques par leur rostre inséré entre ou en arrière des pattes antérieures. Tous se nourrissent de la sève du liber.
Les psylles, ou psylloïdes, sortes de minuscules cigales, sont aptes au saut. Leurs antennes sont nettement plus longues que celles des cicadelles. Les larves, très plates, souvent grégaires, sécrètent cires et miellats en abondance. Quelques espèces peuvent être néfastes aux arbres fruitiers ; d’autres, en revanche, fournissent un miellat qui est localement consommé par l’homme.
Les aleurodes, ou aleuroïdes, sont de tout petits insectes aux ailes recouvertes d’une cire farineuse, qui ressemble à de minuscules lépidoptères ou à des névroptères conio- ptérygides. Leur reproduction est généralement bisexuée. Quelques espèces peuvent être nuisibles aux agrumes et aux cotonniers.
Pucerons et cochenilles
Les pucerons, ou aphidiens, sont de petits homoptères suceurs de sève dont l’extrémité de l’abdomen présente une paire de tubes, les cornicules, qui peuvent exsuder des gouttelettes de cire. Ces insectes présentent un polymorphisme important. Ainsi, une même espèce comporte des formes ailées et d’autres dépourvues d’ailes, ainsi que des formes sexuées ou par thénogénétiques, ovipares ou vivipares. Les femelles vivipares, extrêmement prolifiques, peuvent donner jusqu’à 12 petits par jour. Les pullulations de pucerons causent parfois des ravages aux cultures (phylloxéra, par exemple).
Les cochenilles, ou coccoïdes, regroupent quelque 10 000 espèces connues, surtout abondantes dans les régions tropicales. Ces insectes de petite taille sont répartis en 16 familles, dont seulement 7 sont connues en Europe. Ces homoptères strictement sédentaires se distinguent par leur dimorphisme sexuel, une grande fécondité et leur aptitude à produire différentes cires. Les femelles, aptères, disparaissent sous un bouclier protecteur. De nombreuses espèces sont parthénogénétiques, et les mâles ailés adultes sont très rares.
N’était-ce leur appareil buccal de type suceur, les cochenilles seraient difficilement apparentées aux homoptères, ou même aux insectes.