Mulets
Les mulets ont le corps fuselé recouvert de grandes écailles, la tête massive, le museau court et obtus, la bouche petite et les yeux recouverts partiellement d’une paupière adipeuse. Ils vivent en eaux côtières, dans les anses, les criques et les ports. Très tolérants aux variations de salinité, ils pénètrent dans les estuaires, les lagunes saumâtres et même les eaux douces. Ils nagent en bancs formés d’individus de même taille, les jeunes en surface sautant hors de l’eau pour fuir les prédateurs.
Des déplacements en masse
Les groupes de mulets sauteurs se déplacent en larges fronts, ce qui entraîne fréquemment des ruptures en petits bancs qui se séparent, se retrouvent et fusionnent à nouveau. Qu’une menace survienne, l’ensemble se transforme en une bande étroite et longue qui s’enfuit en zigzags réguliers et dans laquelle les individus maintiennent un parallélisme et un syn-chronisme parfaits.
Les mulets se reproduisent toujours en mer, en automne sous nos climats; les mâles atteignent la maturité un an plus tôt que les femelles. Omnivores, très éclectiques, ils se nourrissent de petits végétaux, d’invertébrés et de détritus variés qu’ils trouvent dans la vase et filtrent sur leurs branchiospines minces et nombreuses. Leur estomac musculeux comme un gésier broie les aliments. Leur intestin est d’une longueur démesurée, plus de 2 mètres pour un poisson de 30 centimètres.
Abondants dans toutes les mers tropicales et tempérées, ils sont régulièrement péchés. Certains sont élevés en aquaculture, même si leur chair un peu grasse n’est pas partout très estimée. En revanche, leurs gonades salées et séchées constituent la poutargue provençale, un mets très apprécié ; en Grèce, leurs œufs enveloppés d’une pellicule de cire se vendent sous le nom d’ avgotaracho, autre spécialité recherchée. Six espèces vivent sur nos côtes. Le mulet à grosse tête, reconnaissable à la paupière adipeuse qui recouvre presque complètement l’œil, atteint 1,20 m de long; les autres ne dépassent guère 40 centimètres.
Féroces barracudas
Tout différents sont les barracudas, dont le corps allongé et recouvert de petites écailles rappelle celui d’un brochet. Le museau est long et pointu, la bouche largement fendue, et la mâchoire inférieure proéminente. Une paire de fortes canines et des dents en poignards disposés en lame de scie sont une arme redoutable qui leur vaut de disputer aux requins leur réputation de férocité. Ils peuplent toutes les mers chaudes au-dessus des fonds rocheux et sableux jusqu’à 100 mètres de profondeur. Alors que les jeunes mènent une vie grégaire, s’attaquant furieusement aux bancs de petits poissons, les adultes sont solitaires et capables d’une détente sans égale pour fondre sur leurs proies. Ils chassent à l’affût poissons, céphalopodes et crustacés. Dans certaines régions, les Antilles par exemple, on les craint plus que les requins car ils s’attaquent aussi bien aux plongeurs qu’aux embarcations et sont responsables de nombreux accidents et amputations. L’espèce de Méditerranée, la bécune, peut atteindre 1,60 m. Aux Antilles, le grand barracuda (1,80 m), plus féroce, provoque parfois des empoisonnements (ciguatera).