Nilgau
Le nilgau, Boselaphus tragocamelus, est l’une des plus grandes antilopes actuelles (le mâle atteint 1,80 m de haut et 300 kilos). D’allure chevaline, il a le train antérieur plus haut que la croupe. Sa tête est fine; le mâle, pourvu de deux courtes cornes arquées, arbore un fanon. La femelle est roux fauve, le mâle gris-bleu.
A l’opposé, l’antilope tétracére, Tetracerus quadricornis, petite (80 cm de haut et 15 à 20 kilos), a le train postérieur plus haut que le garrot; son pelage est d’un roux soutenu. Les quatre cornes que porte le mâle, étonnantes, comportent une petite paire antérieure frontale (3 cm) et une plus grande paire pariétale (9 cm). Avec ces cornes courtes et droites, l’animal donne des coups de bas en haut et en fauchant, ce qui peut le rendre assez dangereux.
Les premiers bovidés
La tribu des bosélaphins est apparue en Asie il y a environ 15 millions d’années; ces premiers ruminants modernes étaient peut-être une tentative de colonisation des milieux moins humides. Très rapidement, les bosélaphins envahirent l’Europe et l’Afrique en se diversifiant. Il y a 12 millions d’années, la branche africaine donna apparemment les actuels tragélaphes (guibs, nyalas, koudous et élands : voir Tragélaphes). La branche européenne disparut au pliocène, pendant que le rameau asiatique s’étiolait, en donnant toutefois naissance aux bovins.
Des hôtes de la jungle indienne
Aujourd’hui confinés à l’Inde centrale et méridionale, le nilgau et le tétracére vivent dans les milieux boisés. Le nilgau habite la forêt sèche ou la savane, mais il doit boire, et la présence d’un point d’eau sur son domaine est indispensable. Il fréquente volontiers les plaines inondables et les vallées, de l’Himalaya à la province de Karnataka (sud-est de l’Inde). Le tétra- cère peuple les zones à fourrés plutôt humides et s’éloigne rarement des lieux où il s’abreuve, même s’il se rencontre à l’occasion dans des contrées plus sèches. On le trouve sur les collines couvertes de forêts claires, dans toute l’Inde péninsulaire et jusqu’au Népal.
En termes d’écologie, ces deux anti-lopes doivent faire face à la compétition active de nombreuses formes de cerfs, dont la présence ancienne a certainement gêné la diversification asiatique des bosélaphins.
Le territoire des bosélaphins
Les bosélaphins sont des antilopes primitives. Plutôt solitaires et territoriales (elles disposent de glandes de marquage faciales et pédieuses), ce sont des brou- teuses de milieu fermé. Les tétracères sont strictement territoriaux et solitaires ; les mâles délimitent un territoire qu’ils défendent âprement à coups de cornes.
Chez les nilgaus, les femelles suitées se rassem-blent en petites hardes lâches, et les mâles ne sont territoriaux qu’au moment du rut : ils constituent alors des harems fixés qu’ils défendent comme des cervidés. Les mâles en rut sont agressifs et se combattent durement, mais les femelles, elles aussi, peuvent s’affronter à coups de tête, malgré l’absence de cornes.
Les tétracères broutent les buissons bas et les herbes hautes, alors que les nilgaus broutent très haut, comme les okapis africains, quitte à se dresser sur leurs postérieurs.
Nilgaus et tétracères se reproduisent annuellement ; les femelles ont régulièrement des jumeaux, voire des triplés chez les tétracères.