Ours
La famille des ursidés a environ 25 millions d’années. Les ours actuels sont les descendants des Ursavus du miocène, dont les premiers représentants avaient la taille d’un fox-terrier. Les «vrais» ours ont leur berceau en Europe ou en Asie. Le plus ancien connu, l’ours du Roussillon, a vécu au début du pliocène (4,5 millions d’années). Si nombre d’ours peuplent les régions tempérées à froides (l’ours polaire occupe la niche écologique la plus hostile qui soit), quelques espèces s’aventurent sous les tropiques.
Les grands ours du Nord
Le domaine de l’ours noir, ou baribal (Ursus americanus), strictement américain, s’étend de l’Alaska et des montagnes Rocheuses jusqu’à Terre-Neuve et à l’Atlan- tique. L’ours noir du Tibet (Selenarctos thi- betanus), ou ours à collier, est apparenté au baribal : l’un et l’autre dérivent d’une même espèce qui a donné, après séparation de l’Asie et de l’Amérique du Nord, le baribal américain d’une part, l’ours du Tibet de l’autre. Légèrement plus petit, ce dernier, qui vit en Mandchourie, en Mongolie et dans l’est de la Chine, se rencontre jusqu’au Tibet et aux contreforts de l’Himalaya. Ces espèces se différencient par la couleur et par la taille. Le baribal, noir au museau blanc, est petit : hauteur au garrot de 0,90 à f mètre, pour 1,40 à 1.80 m de long (y compris la queue de 15 cm); il pèse entre 60 et 70 kilos.
L’ours brun ( Ursus arctos) a la plus vaste répartition de la famille, puisqu’il couvre toute l’Eurasie d’est en ouest, depuis le cercle polaire jusqu’à la latitude de l’Iran, de la Syrie et de l’Espagne. Il se rencontre également dans le nord du Canada, de l’Alaska à la côte orientale de la baie d’Hud- son. L’ours brun d’Amérique est représenté par deux sous-espèces, le grizzli ( U. a. horribilis) et le kodiak ( U. a. middendorffi).
La taille et la couleur des ours bruns, au profil bossu, varient selon les régions. Leur robe va du brun-noir à une nuance cannelle ou plus claire, Isabelle ou blonde. Le poids des ours bruns d’Eurasie augmente régulièrement d’ouest en est. passant de 70 kilos pour l’ours des Alpes à 800 kilos pour les mâles du Kamchatka. Les grizzlis des forêts américaines sont de taille moyenne; leur pelage est foncé avec des poils argentés à l’extrémité, ce qui leur donne un reflet grisonnant. Les kodiaks, isolés dans des îles au sud-ouest de l’Alaska, figurent parmi les géants terrestres du règne animal, avec des mâles de 800 kilos.
Tous ces ours ont à peu près le même mode de vie et le même régime alimentaire. On les trouve surtout dans les forêts de conifères ou de feuillus, de plaine ou d’altitude ; ils y recherchent les endroits drainés par des cours d’eau, mais ils fréquentent aussi les rivages et les abords des centres urbains. Omnivores, ils consomment divers glands, faînes et fruits charnus, qu’ils se procurent en grimpant dans les arbres. Miel, fourmis et autres insectes, petits rongeurs et, à l’occasion, élans, rennes ou bétail composent leur menu. Ils raffolent également de poissons, qu’ils capturent en plein courant, avec leur bouche. Ils ne dédaignent pas charognes et déchets.
Leur démarche lente et pesante ne les empêche pas, si nécessaire, de galoper à vive allure. Ce ne sont pas des animaux réellement solitaires. Si les couples ne se maintiennent que pendant la brève saison des accouplements, les femelles sont très attachées à leurs oursons, qu’elles gardent avec elles pendant une ou deux années, jusqu’à la naissance d une nouvelle portée.
Des ours adaptés à un environnement extrême
Les ours polaires, ou ours blancs (Thalarctos maritimus); sont installés en bordure de la calotte glaciaire du pôle Nord, dont ils suivent les avancées et les reculs saisonniers, et à l’intérieur de laquelle ils font parfois des incursions de 150 kilomètres. Ils peuplent également les côtes gelées de Sibérie, de Norvège, du Groen¬land, du Canada et des États-Unis.
Ces ours, homochromes avec leur environnement, mesurent entre 2,50 et 3 mètres de long et le poids de certains mâles peut atteindre près de 1 tonne. Leur musculature est très puissante, notamment
celle des membres antérieurs, assez forts pour leur permettre de tirer des phoques hors de l’eau. Toute leur morphologie est adaptée à la vie sur la banquise. Leur esto-mac, qui peut contenir 70 kilos de nour-riture, leur permet de satisfaire leurs énor-mes besoins à l’approche de l’hiver arctique. Leur fourrure, blanche ou jau¬nâtre, au long poil doublé d’un sous-poil épais, et une couche de graisse sous-cuta- née épaisse de 5 à 10 centimètres les protègent si bien du froid qu’ils peuvent se jeter dans les eaux glacées et y parcourir des distances de plus de 100 kilomètres. En outre, une spécialisation de l’appareil circulatoire permet au sang de se refroidir quand il arrive à la périphérie du corps, limitant ainsi les pertes caloriques.
Seules les femelles restent tout l’hiver dans les tanières, creusées dans la neige en bordure des côtes et exposées au sud. La température s’y maintient à 4 °C, alors qu’elle descend largement au-dessous de 0 °C à l’extérieur. Les jeunes, nés en décembre ou en janvier, sont soigneusement gardés à l’abri par leur mère.
Les petits ours des tropiques
Ils sont représentés par trois espèces asiatiques. L’ours des cocotiers (Helarctos ma- layanus), au pelage noir orné d’une tache orange sur la poitrine et au museau clair, est le plus petit ours (1,35 m de long au plus, entre 25 et 60 kilos). Il vit dans le Sud-est asiatique, au Bangladesh, en Indochine, en Malaisie, à Java et à Bornéo. Excellent grimpeur, il couche dans les arbres, sur de petites plates-formes faites de bran¬chages, et se nourrit essentiellement de fruits qu’il cueille pendant la nuit. L’ours à collier (Selenarctos thibetanus), surtout herbivore, est répandu de l’Iran au Japon. L’ours lippu (Melursus ursinus), au pelage noir et hirsute orné d’un dessin blanc en fer à cheval sur la poitrine, plus lourd que le précédent, pèse autour de 100 kilos, certains mâles atteignant parfois 135 kilos.
L’ours à lunettes (Tremarctos ornatus) est limité à la chaîne des Andes, entre le Venezuela et le Chili. Il forme de petites populations s’échelonnant entre les déserts côtiers et le niveau des neiges éternelles, à -4 000 mètres d’altitude. C’est un ours d’assez bonne taille à queue très courte : quelques mâles peuvent mesurer 2,20 m et peser 170 kilos. Tout en consommant de la viande, il apprécie surtout les végétaux : cœurs de palmiers et de broméliacées, noix de palmiers, cactus, orchidées.