Pingouins
Les alcidés se reproduisent dans les eaux froides et tempérées du Pacifique (18 espèces) et de l’Atlantique (6 espèces). Deux espèces, les guillemots de Troïl et les guillemots de Brünnich, fréquentent les deux océans.
Aile et nageoire à la fois
Au cours de l’évolution, la morphologie des manchots et des alcidés a évolué de façon convergente ; les ailes, réduites, sont utilisées pour la propulsion sous l’eau, et les pattes, courtes et placées très en arrière du corps, servent de gouvernail. Cette disposition anatomique particulière donne aux manchots et aux alcidés une posture droite et leur confère une démarche chaloupée.
La taille et le poids des alcidés varient de 16 centimètres et 90 grammes chez l’alque minuscule à 45 centimètres et 1 kilo chez le guillemot de Troïl. Le grand pingouin, chassé par les Européens à partir du XVIIe siècle et dont les derniers individus furent abattus en 1844 sur l’île de Edly, près de l’Islande, pesait entre 5 et 8 kilos. Comme les manchots, le grand pingouin ne volait pas et son corps s’était alourdi.
Toutes les espèces actuelles d’alcidés peuvent voler. Leurs ailes sont assez grandes pour permettre le vol aérien et suffisamment petites pour être utilisées sous l’eau. La charge alaire (rapport entre le poids du corps et la surface des ailes), très élevée, oblige ces oiseaux à battre frénétiquement des ailes et limite leurs possibilités de manœuvres aériennes. Le plumage est généralement blanc dessous, et noir ou gris foncé sur le dessus du corps. Chez quelques espèces, l’intérieur et l’extérieur du bec, de même que les pattes, sont vivement colorés de rouge, d’orange ou de jaune au moment de la reproduction. Le bec conique, rouge et bleu, du macareux moine est recouvert de neuf plaques cornées, renouvelées chaque année pendant la mue.
Les alcidés se nourrissent de plancton, d’invertébrés et de poissons, qu’ils poursuivent et capturent sous l’eau.
A chacun son œuf
La longévité des alcidés est élevée : on connaît plusieurs exemples de guillemots de Troïl et de Brünnich, bagués à l’âge adulte, revus au sein de leur colonie vingt ans plus tard; mais ils se reproduisent lentement. Les jeunes de la plupart des espèces ne se reproduisent pas avant l’âge de trois ans et les femelles pondent seulement un ou deux œufs par an. Les couples sont formés pour la vie, mais les partenaires se séparent durant l’hiver. La grande fidélité de ces oiseaux à leur site de reproduction – une crevasse rocheuse pour le pingouin torda, un terrier creusé dans la terre pour les macareux et les alques – permet à chaque couple de se retrouver au printemps. Les œufs des al-cidés, relativement gros, représentent entre 10 et 23 % du poids de la femelle.
Chez les espèces très coloniales, la coquille est diversement colorée et tachetée. Ainsi, chez le guillemot de Troïl, qui niche sur des falaises en colonies si denses qu’elles peuvent atteindre sept couples par mètre carré, chaque femelle pond à même la roche un œuf, dont la teinte varie du blanc au turquoise avec des taches rouges, marron ou noires. Lorsque l’œuf roule sur la falaise, ce qui arrive fréquemment, chacun peut reconnaître son œuf et le ramener à son emplacement initial. De même, les parents peuvent aisément identifier à sa voix leur poussin.