Raies
On réunit sous l’appellation de raies tous les poissons à squelette cartilagineux dont les fentes branchiales s’ouvrent sur la face ventrale. Le disque formé par la fusion des nageoires pectorales au corps est de forme variable : il peut être en losange, circulaire, ovale ou polygonal. Son aplatissement et sa démarcation par rapport à la queue sont plus ou moins prononcés selon les familles. Ainsi les poissons-scies (pristidés) et les raies-guitares (rhinobatidés) ont un disque épais en continuité avec une queue large et puissante, portant des nageoires dorsales et se terminant,par une caudale; ils ressemblent plus à des requins qu’à des raies. A l’opposé, les pastenagues (dasyatidés) ont un disque très aplati avec une longue queue filiforme, sans nageoire, qui est nettement individualisée par rapport au disque.
Une peau de requin
Toutes les raies possèdent des évents situés en arrière des yeux sur la face dorsale. L’eau servant à la respiration est inhalée par ces évents, du moins chez les raies vivant sur le fond, puis rejetée ventralement par les fentes branchiales qui sont en général au nombre de cinq paires (une famille, les hexatrygonidés, en possède 6). La peau est nue ou bien, comme celle des requins, incrustée de denticules cutanés qui, parfois, s’hypertrophient pour former de gros tubercules épineux ou boucles. Les dents, disposées en bandes parallèles ou en quinconce, peuvent être pointues ou grenues. Les raies présentent souvent un dimorphisme sexuel prononcé.
Les raies ont des tailles variables : les plus petites mesurent une trentaine de centimètres de long, les plus grandes plu-sieurs mètres. Par exemple, les poissons- scies atteignent 7 mètres. La raie manta mesure également 7 mètres, mais en en-vergure, son disque étant plus large que long. Son poids dépasse 3 tonnes.
Raies marines et raies de rivières
La plupart des raies sont marines, mais certaines espèces de pastenagues et les poissons-scies remontent les estuaires et les rivières. Une famille, les potamotrygo- nidés, est exclusivement inféodée aux eaux douces tropicales d’Amérique du Sud. Les raies existent dans tous les océans, de l’Arctique à l’Antarctique, et à toutes les profondeurs, depuis la côte jus¬qu’à la plaine abyssale (3 000 m). Elles sont abondantes localement dans les eaux côtières tropicales et subtropicales.
Si leur forme semble bien adaptée à la vie benthique, quelques raies, comme les aigles de mer (myliobatidés), les raies- chauves-souris (rhinoptéridés) et les raies mantas (mobulidés), ont un mode de vie pélagique. La nage se fait par ondulations des «ailes». Les grandes nageoires pecto¬rales en losange des raies-papillons (gym- nuridés) leur permettent des «vols» gra¬cieux au ras du fond. Les raies électriques sont traitées à part.
Les bourses de mer
Toutes les raies sont ovovivipares, sauf les rajidés qui pondent de gros oeufs enfermés dans une oothèque cornée, rectangulaire et munie d’un filament fixateur à chaque angle. Ce sont les «bourses de mer» que l’on trouve, vidées de leur embryon, échouées sur les plages après l’éclosion.
Comme les autres chondrichtyens, les raies s’accouplent pour se reproduire. Les organes copulateurs du mâle, ou ptérygopodes, sont particulièrement développés chez les rajidés; ils sont constitués de structures molles et cartilagineuses très complexes, utilisées par les biologistes pour définir des groupements génériques et subgénériques.
Les régimes alimentaires, très variés, sont en rapport avec la morphologie dentaire. Les raies benthiques se nourrissent de crustacés, mollusques, vers et autres invertébrés, ainsi que de petits poissons. Les raies pélagiques filtrent le plancton comme les raies mantas, ou bien, comme les raies-aigles, broient les carapaces et les coquilles d’invertébrés benthiques de leurs dents soudées en plaques.
Une curiosité
Les raies, notamment les rajidés, ont une grande importance économique. Les ailes de raie au beurre noir ou blanc sont fortement appréciées, notamment en Eu-rope. Sous les tropiques, pastenagues et raies-guitares sont consommées salées, séchées ou fumées. Traditionnellement, la peau très granuleuse de certaines pas- tenagues était utilisée pour recouvrir les poignées d’épées et de sabres de samouraï afin d’assurer une bonne prise, même à une main ensanglantée…
Les boutiques de curiosités proposent aux touristes les rostres des poissons- scies (contribuant ainsi à leur disparition) et des petites raies-guitares séchées et dé¬coupées en forme d’humanoïdes monstrueux. Enfin, aquariums et océanoriums montrent de plus en plus souvent des raies diverses, que le public peut caresser dans des bassins «de toucher». Dans le commerce de l’aquariologie domestique, ce sont les potamotrygones à livrée bigarrée qui reçoivent la faveur du public.
Vidéo : Raies
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Raies