Rascasses
Les scorpénidés, qu’on regroupe souvent sous le nom de rascasses, vivent dans toutes les mers tempérées et tropicales, mais surtout dans les eaux chaudes de l’océan Indo-Pacifique, qui abritent plus de 80 % des quelque 300 espèces connues.
Les poissons de la bouillabaisse
En Atlantique et en Méditerranée, qui ne connaît les poissons de la bouillabaisse au corps trapu, avec une tête massive armée de crêtes, de sillons et d’épines, une bouche largement fendue, des dents fines et nombreuses sur les mâchoires et la voûte buccale, une nageoire dorsale hérissée d’épines longues et pointues, dont la piqûre est fort douloureuse? Leur coloration brun rougeâtre marbré de noir et de blanc leur assure un excellent camouflage sur les fonds d’algues ou de rochers du plateau continental. Assez mauvais nageurs, ils se tiennent immobiles, attendant le passage de petits poissons (blennies et gobies surtout) ou de crustacés, qui constituent l’essentiel de leur nourriture.
La rascasse rouge et la rascasse rose, qui dépassent 50 centimètres de long, se recon-naissent aux nombreux lambeaux cutanés frangés disposés autour de la bouche, du préopercule et sur la ligne latérale, accusant ainsi leur aspect hirsute et peu engageant. La rascasse de fond, souvent appelée chèvre et qu’on reconnaît à la tache de ses dernières épines dorsales et à la teinte noire de sa cavité buccale et de son péritoine, vit sur le talus continental jusqu’à f 000 mètres de profondeur; les autres espèces ne dépassent guère 700 mètres, la rascasse brune se limitant même aux 100 premiers mètres. A part la rascasse de fond, qui se reproduit en automne et en hiver, les autres pondent, de la fin du printemps jusqu’en automne, une grande quantité d’œufs enrobés dans une masse gélatineuse qui les entraîne vers la surface. Les alevins et les jeunes mènent une vie pélagique avant de gagner le fond. La chair des rascasses étant très estimée, on les pêche activement, de façon artisanale ou semi-industrielle, à la ligne, au filet, aux palangres ou aux chaluts de fond.
Le grand et le petit sébaste
Appréciés aussi et objets de la pêche au chalut sont les grand et petit sébastes qui vivent dans les eaux froides (de 3 à 8 °C) de l’Atlantique Nord, de l’océan Arctique aux îles Britanniques, sur des fonds vaseux entre 200 et 300 mètres ; certaines populations sont pélagiques au-dessus des grands fonds (de 1 000 à 2 000 m). Sans leur tête épineuse et leur couleur rouge vif, ils ressembleraient à des serrans. Leur croissance est très lente ; le grand sébaste, qui peut atteindre 1 mètre, vivrait jusqu’à soixante ans. Le petit sébaste ne dépasse guère 35 centimètres. L’un et l’autre ont la particularité de mettre au monde leurs petits vivants.
De mauvais nageurs plutôt agressifs
Toute différente est l’allure de quelques espèces des mers chaudes, en particulier les Pterois qui ont reçu des noms évocateurs aussi divers que poisson-dindon, poisson-dragon, poisson de feu, poisson-zèbre, poisson-scorpion ou poisson- papillon. Des noms qui rappellent les taches et zébrures de leur livrée bariolée, ou la grâce avec laquelle ils évoluent autour des récifs, se dandinant et faisant la roue en étalant les panaches de leurs nageoires ; d’autres encore, aiguillons dressés, semblent prêts à frapper l’assaillant. Les longs rayons en plumes des nageoires pectorales, qui font de ces poissons d’assez mauvais nageurs, sont agités en permanence et attirent les petits crustacés, qui sont vite engloutis. L’indolence de ces dandys cache une agressivité certaine. Prudence au plongeur qui serait tenté de les saisir : les épines, dotées chacune à la base d’une glande venimeuse, infligent une piqûre qui entraîne souvent une grave inflammation.
La rascasse des îles Hawaï(Scorpaenopsis cacopsis) se dissimule parfaitement sur le fond en dépit de sa taille qui peut atteindre 50 centimètres.
Danger! Poisson-pierre!
Dans le domaine des poissons venimeux, la palme revient au poisson-pierre (famille des synancéjidés), bien nommé tant excelle son art du camouflage. Il faut un œil bien averti pour déceler un poisson dans cette masse informe, flasque et verruqueuse, qui mime parfaitement une pierre du fond, son revêtement d’algues compris. La tête est énorme, les yeux globuleux, les pectorales largement étalées, mais c’est des 13 rayons courts et charnus de la dorsale que vient le danger; une simple pression sur leur peau fait sortir l’épine et s’écouler le venin mortel. Les 30 espèces de poissons-pierres, toutes de taille modeste, dépassant rarement 30 centimètres, vivent dans les eaux chaudes de l’océan Indo-Pacifique, souvent au bord des plages sous quelques centimètres d’eau, d’où le danger; quelques- unes pénètrent dans les eaux saumâtres et douces.
Grondins et malarmats
Les triglidés ou grondins sont par excellence les «poissons à joues cuirassées». Leur tête est entièrement couverte de plaques osseuses et armée d’épines et de crêtes, en particulier sur les os opercu laires et l’épaule. Ils ont 2 nageoires dorsales longées à leur base par des épines ou scutelles acérées; les 2 ou 3 rayons inférieurs des pectorales sont libres et indépendants; les grondins les utilisent comme des doigts pour se déplacer sur les fonds et y détecter les petites proies dont ils se nourrissent. Les nageoires pectorales sont longues et souvent brillamment colorées. Les écailles qui recouvrent tout le corps sont parfois élargies en scutelles sur la ligne latérale. Abondants sur le plateau continental dans toutes les mers tropicales et tempérées, on en connaît plus de 80 espèces, dont 8 sur nos côtes.
Très voisin est le malarmat, dont le corps rouge vif et de section octogonale est entouré de grandés scutelles ossifiées, carénées et armées d’une épine. Son museau est prolongé par un rostre aplati flanqué de 2 exparisions latérales. Il a aussi des barbillon mentonniers, dont deux sont longs etramifiés. Il mène une vie grégaire sur le fond jusqu’à 700 mètres de profondeur. Grondins et malarmats pondent des œufs qui donnent naissance à des alevins pélagiques vivant généralement près des côtes avant de gagner le fond pour y poursuivre leur croissance. Les grondins sont appréciés par les gourmets, et ils font l’objet d’une pêche artisanale et semi-industrielle