Serpent
L’ordre des squamates (du latin squama : écaille) comprend l’immense majorité des 7 000 reptiles actuels. Une telle importance correspond à de nombreuses radiations adaptatives qui se reflètent dans la variété des formes, des tailles et des comportements et complique la définition du groupe, car des lignées plus ou moins aberrantes contredisent les caractères habituellement retenus.
Comment s’enlacer sans pattes?
Les squamates ont un corps allongé, couvert d’écailles plus ou moins imbriquées, ou granuleuses; celles-ci sont formées de kératine, produite par l’épiderme, et donc superficielles. L’ensemble du revêtement se détache épisodiquement : ce phénomène s’appelle la mue. L’ancienne couche, translucide, appelée exuvie, est abandonnée par morceaux, ou laissée entière, comme chez les serpents. Des ostéodermes (plaques osseuses dermiques) peuvent, chez les lézards, renforcer la protection du corps.
L’ouverture du cloaque est transversale : par ce même orifice débouchent les voies digestives, urinaires et génitales. Les mâles sont dotés d’un pénis bifurqué dès a base, formant deux hémipénis à la surface tourmentée. L’organe copulateur sort du cloaque lors de l’accouplement ; un seul des hémipénis est utilisé pour féconder la femelle. Pour parvenir à ses fins, le mâle doit d’abord immobiliser sa partenaire. puis placer l’ouverture de son cloaque face à celui de sa compagne. Il est évident que l’acte sexuel chez les squamates n’est guère facilité par leur morphologie, surtout s’agissant de serpents, l’enlacement étant insuffisant ; les tubercules ou épines charnues des hémipénis évitent au couple de se séparer trop facilement.
Notons également que ces reptiles possèdent un organe propre, l’organe de Jacobson, qui peut être considéré comme un organe intermédiaire entre celui du goût et celui de l’odorat; il est situé en avant de la bouche, dans une cavité particulière séparée des fosses nasales. La langue, après avoir recueilli de minuscules particules dans l’environnement du reptile, les dépose contre l’organe de Jacobson, où elles sont analysées, ce qui explique pourquoi, au cours de leurs déplacements, le serpent et le lézard sortent continuellement leur langue pour la rentrer aussitôt.
Serpent ou lézard?
Les serpents dérivent manifestement de lézards qui ont perdu leurs pattes; cette hypothèse est d’autant plus vraisemblable que la plupart des serpents possèdent des vestiges de ces membres disparus, et que plusieurs familles de lézards renferment des formes apodes. Néanmoins, l’anatomie des espèces actuelles et fossiles montre que les serpents sont spécialement apparentés à une famille de lézards, les varanidés, pourvus de membres bien développés.
Chez les serpents, seuls subsistent, fréquemment, des vestiges du bassin et des fémurs, et parfois deux griffes externes, les ergots. Les côtes sont libres et les vertèbres sont d’autant plus nombreuses – jusqu’à plus de 500 – que le corps est allongé. Tandis que les lézards possèdent deux poumons, seul le poumon droit des serpents est fonctionnel (chez les amphisbènes, c’est le poumon droit qui est réduit).
L’oreille externe et la cavité tympanique sont totalement absentes chez les serpents, alors que les lézards ont une dépression plus ou moins nette en arrière de l’œil. Les yeux des serpents sont protégés par une lunette cornée transparente formée par la fusion des paupières; il n’y a pas de membrane nictitante, sorte de troisième paupière habituelle chez les lézards.