Tétras
En France, on ne rencontre les tétraonidés que dans les montagnes. Proche des phasianidés et des mégapodes, la famille des tétraonidés compte seize espèces, dont six vivent en Europe. La plupart de ces espèces (grand tétras, tétras lyre, gélinotte des bois…) habitent les forêts, mais quelques-unes, comme le lagopède d’Écosse, affectionnent les milieux ouverts. Les tétraonidés, oiseaux lourds et robustes, passent l’essentiel de leur existence au sol et ne volent qu’occasionnellement.
Un régime alimentaire pauvre et peu varié
Bien adaptés au froid, les tétraonidés ont les narines et les pattes recouvertes de plumes. Leurs muscles pectoraux, très développés, n’assurent pas seulement le mouvement des ailes : ils ont pour fonction de fournir de la chaleur et de stocker des nutriments. Pour survivre aux hivers rigoureux des régions froides qu’ils fréquentent, ces oiseaux sédentaires ont la capacité d’assimiler une nourriture pauvre et peu diversifiée, constituée essentiellement de végétaux ligneux (aiguilles de pins, feuilles, écorces, rameaux, etc.) collectés à terre, sur les arbres ou sous la neige. Ainsi leur jabot et leur gésier sont-ils volumineux, et leur intestin doté de deux grands cæcums.
Tous les tétraonidés ont un plumage cryptique, qui tend à se confondre avec le milieu naturel. Chez le lagopède alpin (ou perdrix des neiges), le plumage est uniformément blanc en hiver. Avec la fonte des neiges, la mue, plus rapide chez la femelle, transforme le lagopède en oiseau multicolore, de la couleur du sol, où le blanc se mêle au brun, au noir et au fauve. A mesure que la saison avance, le blanc disparaît et l’oiseau revêt sa tenue de camouflage estivale.
Les «leks» des mâles
Mis à part les lagopèdes et la gélinotte, monogames, les tétraonidés sont polygames : un mâle peut couvrir plusieurs femelles et une femelle s’accoupler avec plusieurs mâles. Chez environ la moitié des espèces, le mâle occupe seul un territoire, sur lequel il attire les poules. Les mâles des autres espèces se groupent en leks, et paradent dans une arène commune où ils reviennent tous les ans. Dans un lek, chaque mâle a une position hiérarchique précise. Les femelles s’accouplent généralement avec les dominants, qui se dressent au centre de l’arène.
Des effectifs fluctuants
Plusieurs espèces de tétraonidés présentent des fluctuations cycliques de leurs effectifs, selon l’abondance et la qualité des ressources alimentaires disponibles. C’est le cas des lagopèdes alpins, en Islande, dont le cycle de variation démographique est de l’ordre de dix ans. Pour le lagopède des saules (ou ptarmigan), en Norvège, le cycle semble plus court, trois ou quatre ans, et coïncide avec celui des petits rongeurs.
Le comportement territorial des reproducteurs semble être un facteur de régulation des effectifs : en cas de disette, chaque reproducteur s’attribue un domaine plus grand, et contribue à la baisse de la densité des populations.