Tortues-luth
Contrairement à la tortue plate (Natator depressus, nord de l’Australie) et à la tortue bâtarde (Lepidochelys k.empi, golfe du Mexique), les cinq autres espèces de tortues marines ont une très vaste répartition circumtropicale. L’anatomie des tortues marines montre quelques caractères typiques, et plusieurs lignées aujourd’hui éteintes témoignent d’une adaptation ancienne et plusieurs fois tentée par les chéloniens.
Des pattes en forme de rames
La carapace dorsale de la tortue-luth, qui porte sept carènes longitudinales, évoque le fond de l’instrument de musique dont elle porte le nom. Cette carapace carénée est couverte d’une peau grasse et coriace ; la couche interne, osseuse, est remplacée par une multitude de petits ossicules isolés, et le squelette n’y est donc pas fixé de manière rigide. Les adultes ne possèdent ni griffes ni écailles, particularité unique parmi les reptiles.
Tous les chéloniidés ont des écailles sur leur carapace, et un palais secondaire, caractère spécialisé qui leur évite de noyer leurs poumons quand ils ouvrent la bouche. La carapace, adaptée à la vie marine, est déprimée, profilée, allégée par réduction des plaques osseuses. Son contour est cordiforme, plus large en avant pour laisser place à des membres antérieurs considérablement développés. Ces principaux organes de la propulsion sont modifiés, allongés et aplatis, formant de puissants battoirs utilisés comme rames ; les membres ‘ postérieurs sont courts, palmés, et servent plutôt de gouvernail.
Les déplacements à terre de ces excellentes nageuses sont rendus difficiles par leur masse, souvent imposante (jusqu’à plusieurs centaines de kilos). Pourtant, l’excursion sur les plages est nécessaire pour assurer la perpétuation de l’espèce, les tortues marines n’ayant pu, contrairement à d’autres reptiles marins – les hydrophiidés -, acquérir la viviparité. De surcroît, elles respirent à l’aide de poumons et doivent régulièrement gagner la surface pour reprendre leur souffle.
Des larmes pour évacuer le sel
Le crâne des tortues marines est très massif : les fosses temporales sont entièrement couvertes, la crête supraoccipitale est courte. Bien qu’elles appartiennent au sous- ordre des cryptodires, elles
ne peuvent en effet rétracter leur tête, ni la protéger des prédateurs, nombreux en mer. On n’est pas certain du stade évolutif d’une telle conformation : comme ces caractères existent aussi chez les plus anciennes tortues connues, ils ne correspondent pas nécessairement à une spécialisation.
Les tortues marines, comme d’autres animaux marins, éliminent le trop-plein de sel de leur organisme par des glandes spécialisées situées près des yeux, sous forme de solution concentrée : ce sont les larmes qui semblent accompagner les efforts pitoyables des femelles venues pondre.