Vipères
Le genre Vipera regroupe une douzaine d’espèces de vipères, et appartient à la famille des vipéridés, très homogène, qui compte quelque 200 espèces. Les représentants les plus connus sont, outre les vipères, les crotales ou serpents à sonnette. La plupart des vipéridés ont une morphologie caractéristique : corps massif qui peut s’enfler, parfois considérablement, queue courte, tête triangulaire. Leurs mouvements sont généralement lents et ils chassent à l’affût lézards, petits mammifères et oiseaux.
Un mécanisme précis et efficace
L’appareil venimeux des vipères et des autres vipéridés est remarquablement perfectionné ; il constitue en quelque sorte le «chef-d’œuvre- d’une série évolutive de serpents, marquée par l’acquisition de la fonction venimeuse. L’amélioration que présentent les vipéridés concerne plus précisément l’appareil inoculateur, que l’on peut comparer à une seringue ; les crochets sont placés en avant de la bouche, fixés dans l’os maxillaire, mobile et solidaire, par un système de leviers osseux. Ils sont très pointus, creusés d’un fin canal débouchant près de l’extrémité. Le fonctionnement de cette mécanique naturelle est remarquablement efficace : lorsque le serpent a la gueule fermée, les crochets, plus ou moins protégés par une gaine, sont rabattus contre le palais ; quand la bouche s’ouvre, le maxillaire pivote automatiquement et les crochets se dressent, puis sont projetés en avant, les mâchoires s’écartant davantage.
Dans le même temps, les glandes venimeuses – la seringue elle-même et son piston – sont comprimées, et leur contenu est éjecté sous pression dans l’«aiguille».
Ne gênant pas le serpent au repos, les crochets peuvent être très longs – ils atteignent 4 à 5 centimètres chez certaines espèces -, et le venin est d’autant plus profondément injecté. A la forte pression des mâchoires s’ajoute l’impulsion que le serpent peut donner à son corps tout entier lorsqu’il frappe. Les vipéridés peuvent également faire bouger volontairement les crochets et les utiliser comme des crocs, les plantant alternativement dans le corps d’une proie pour faciliter sa progression dans la gueule. Lorsqu’ils tombent, ces crochets sont aussitôt remplacés.
Le venin des vipéridés est complètement ou partiellement hémotoxique : il détruit les globules sanguins et les parois des vaisseaux, provoquant des œdèmes douloureux, des hémorragies, et finalement l’arrêt du cœur.