Les localisations cérébrales de l'antiquité à l'imagerie moderne : Le XVIIe siècle
Alors que le monde physique était démystifié par Copernic, Kepler, Galilée, Newton, le monde biologique resta encore sous l’emprise des préjugés métaphysiques. On admettait que les esprits « dirigés » par des forces se logent dans tout le corps. Le souci essentiel était de trouver le point d’insertion de l’âme dans le corps.
Descartes (1596-1663) suivit une logique géométrique et une donnée d’expérience : L’image visuelle par exemple se forme dans chaque œil séparément, mais pour l’esprit, elle est unique ; il faut donc que l’organe unificateur soit sans partenaire ; ce rôle est dévolu à une structure du cerveau médiane et unique, la glande pinéale. L’hypophyse avait déjà sa fonction, la sécrétion de la pituite. Descartes logea l’âme dans l’épiphyse ; elle reçoit les impressions des centres cérébraux qui sont transmises à tout le corps par l’intermédiaire des nerfs où circulent les esprits animaux, seul point retenu de la doctrine ancienne.
Le corps est une machine ; les animaux réduits à cette machine ne sont que de purs automates dépourvus de vie mentale et de sensibilité. A la même époque, par une sorte de compensation, Jean de la Fontaine les faisait parler en vers.
On s’est beaucoup moqué de Descartes pour sa conception du siège de l’âme. Voltaire a essayé de le ridiculiser. Son erreur était grossière mais son influence a été profonde et salutaire sur la pensée médicale. En confinant l’âme dans un lieu bien déterminé, il a libéré le corps qu’il a assimilé à une machine, l’a remis aux expérimentateurs qui n’avaient plus à se soucier des contingences théologiques ; il a fourni les bases théoriques du mécanisme dont l’influence dans les sciences expérimentales se continue jusqu’à nos jours.
Willis (1621-1675), connu pour le cercle artériel qui porte son nom, marque une date importante dans l’histoire des localisations cérébrales : il a transféré le siège de l’âme des ventricules dans la substance grise du cerveau ; la substance blanche servait d’agent de liaison entre le cortex et les autres structures grises. Les esprits animaux eurent par contre la vie longue. Le célèbre Malpighi leur attribua une consistance liquide à la place de la structure insaisissable qu’on leur supposait depuis l’Antiquité ; il affirmait l’avoir vu de ses propres yeux. Par la suite, on leur substituera une « force nerveuse » jusqu’à ce que la notion de courant de nature électrique s’impose à la fin du XVIIIe siècle avec l’avènement du galvanisme.