Le nouveau-né : Les modifications structurales
A la naissance, le capital neuronal est pratiquement défini et fixé. Il n’y a plus de mitose dans le système nerveux central ; seules certaines populations cellulaires comme les grains du cervelet continuent de se diviser pendant quelques semaines.
Le fait essentiel est que, après la prolifération, un grand nombre de neurones vont disparaître. Les connexions elles-mêmes passent pas un stade de surabondance transitoire. Dans les synapses neuromusculaires, l’élimination synoptique fait suite à la plu ri-innervation des fibres musculaires. Dans le névraxe existe aussi une élimination synoptique.Des connexions s’établissent, d’autres disparaissent ; des circuits persistent, d’autres régressent. L’essentiel paraît être leur usage : la preuveimpressionnante et irréfutable est fournie par le fait qu’un enfant à qui on oblitère les yeux pendant les deux premières années pour malformation à opérer telle que l’opacité du cristallin sera aveugle toute sa vie parce qu’il n’a pas fait fonctionner les centres corticaux de la vision. Ce qui est la preuve que le cerveau s’organise pendant les premières années et qu’il est important de le faire travailler.
L’augmentation du volume du cerveau, et particulièrement de l’épaisseur de l’écorce cérébrale, ne résulte pas de l’accroissement des neurones mais de la croissance des dendrites, de la myélinisation des fibres.
La croissance du cerveau est différente de celle du reste de l’organisme. A six mois, le cerveau atteint la moitié de son poids adulte, à un an les deux tiers (il triple en un an, allant de 350 g à 1 kg), à trois ans 80 %, à six ans 90 %. L’augmentation du poids ne résulte pas de la multiplication des neurones. A la naissance, en effet, il n’y a plus de mitose : le nombre définitif : 100 milliards environ est atteint ; le cervelet, par contre, n’a pas achevé sa maturation, des mitoses sont encore visibles pendant la première année ; le nouveau-né est en effet dysmétrique et ne peut se tenir debout qu’à 10 ou 14 mois. Le nouveau-né a déjà perdu une partie de ses neurones. Compte tenu de leur nombre considérable (150 000 par mm de surface corticale), on l’apprécie difficilement. Disparaissent aussi un grand nombre de ramifications et de synapses… Ce phénomène a été étudié dans l’écorce cérébrale du Singe macaque. Ramon y Cajal avait déjà constaté, il y a un siècle, que les axones des cellules de Purkinje n’ont plus que 4 à 5 boucles collatérales au lieu de 20 à 24. L’Homme perd continuellement des neurones et des connexions neuronales… Le cerveau se débarrasse de ce qui l’encombre, a-t-on dit. L’augmentation du poids est due à celle du volume du neurone, à la myéline qui entoure les fibres, au développement des connexions et surtout à la multiplication des cellules gliales ; à l’âge adulte, elles sont beaucoup plus nombreuses que les neurones.Pendant la gestation, le fœtus, et pendant les deux premières années, le nouveau-né, sont vulnérables. Le milieu (empreinte) : pauvre, riche, et la nourriture : protéine (myéline, synapse) jouent un très grand rôle dans le développement anatomique et fonctionnel du cerveau, l’apport alimentaire en particulier protéique a une incidence importante sur la synthèse et l’activité des neurotransmetteurs. L’alimentation de la mère intervient : régimes adaptés et pas de carences vitaminiques. La prématurité constitue un facteur de risque car c’est en fin de gestation que les besoins en acides gras polyinsaturés (acide linoléique et acide alphalinolénique) sont les plus importants. Ces acides gras sont les constituants majeurs du tissu cérébral qui contient 12 à 15 % de lipides totaux, 3,6 à 4,8 % de cholestérol, 5,7 à 6,9 % de phospholipides ; ils participent à la croissance des cellules nerveuses ; ils contrôlent la fluidité des membranes cellulaires. Les acides gras essentiels sont dans le lait maternel ; ils sont rares dans le lait de vache. Il est donc prudent au moins pendant les deux premières années d’utiliser des laits adaptés enrichis en acides gras désaturés. Lors de la diversification du régime, l’introduction des acides gras essentiels est nécessaire, huiles végétales de différents types dans le potage ou sur les légumes suffit. Des expériences faites sur des rats mal nourris et l’observation de certaines populations d’Amérique du Sud, d’Afrique, de l’Inde, le prouvent. Dans ce dernier pays, les Sicks sont mieux nourris que les Bengalis, ont des réponses meilleures aux tests psychiques, une mémoire meilleure et une plus grande vivacité mentale. Il est parfois difficile de démêler le rôle de la malnutrition et celui du manque de stimulation dû à un milieu pauvre du point de vue psychique et affectif ? Les facteurs sont intriqués.