L'intervention de l'homme
Les Primates, et l’Homme en particulier, apparaissent par rapport au groupe des Mammifères dans lequel ils sont classés d’une faiblesse et d’une nudité tragiques. Pour se défendre, les carnivores ont des dents et des griffes, les éléphants et les rhinocéros ont des défenses et des cornes, les équidés ont la rapidité de leur course… L’Homme est sans défense. Il doit compenser par le développement de son intelligence ; la spécialisation cérébrale, son unique spécialisation, lui permet toutes les adaptations. Il n’a pas d’ailes, mais il vole ; il n’est pas un nageur excellent, mais il va sur et sous les mers ; il n’est pas adapté à la course, mais aucune distance terrestre ne le limite ; il n’a pas de griffes, mais il peut creuser le sol ; il est dénudé, mais aucun climat ne lui est interdit ; il n’a ni croc, ni venin, mais il peut tuer… Il a même le pouvoir de supprimer la vie de la planète qui le porte !
La fabrication de vêtements, d’armes, d’outils lui ont permis de se défendre contre le froid et les bêtes sauvages. La production, la conservation des aliments l’ont préservé de la famine et des carences. L’hygiène, la médecine ont fait disparaître les épidémies dévastatrices.
La culture, la science, la technique ont délivré l’Homme de l’asservissement à son milieu ; l’énergie extraite de la nature est asservie au lieu d’être subie ; elle est utilisée de mieux en mieux.
En développant en dehors d’eux-mêmes des moyens de défense que les autres espèces ne peuvent acquérir que par des transformations de structure, en perfectionnant l’outil, de la pierre taillée à la centrale atomique,
les Hommes ont suppléé à l’évolution. Ils ont prodigieusement multiplié leurs possibilités physiques en les libérant de leur corps.
Toutes ces acquisitions représentent une somme des équivalents ou des suppléances de modifications structurales… Elles ont le désavantage de réduire l’effet sélectif du milieu. Elles ne correspondent pas toujours à un enrichissement culturel.