Le problème de la macroévolution
Les biologistes des populations, partant essentiellement d’études biogéographiques de tradition darwinienne, ont proposé des modèles convaincants de spéciation, c’est-à-dire de naissance de nouvelles espèces. La plupart de ces modèles supposent un isolement géographique préalable de deux populations d’une même espèce. Cet isolement pourra avoir des origines diverses : glaciation, variation du niveau marin, coulée de laves, colonisation accidentelle d’une île… Sa nature dépend bien sûr des capacités de dispersion de l’espèce étudiée. Les populations ainsi isolées vont génétiquement diverger pour diverses raisons (mutation, dérive génétique, pressions de sélection différentes). Elles passent insensiblement du statut de populations de la même espèce à celui de sous-espèces et enfin d’espèces distinctes. Ces modèles de spéciation sont compatibles avec une vision graduelle de l’évolution comme avec une vision ponctualiste d’ailleurs. Mais leur application aux grands sauts évolutifs, c’est-à-dire les changements de niveau taxinomique supérieur à celui de l’espèce, comme par exemple l’apparition des Oiseaux au sein des Reptiles, s’avère jusqu’à présent beaucoup plus problématique. On peut se demander, en effet, si les mécanismes de la micro évolution (la formation des espèces) sont transposables à la macroévolution (la formation des classes ou des embranchements). L’étude de deux exemples pris chez les Vertébrés permet de proposer une réponse.