La pollution des sols : des contaminations successives
Si la pollution des sols est étroitement liée à la migration des polluants provoquée par l’écoulement de l’eau, l’action de l’eau ne se limite pas à ce lessivage plus ou moins poussé qui dépend des types de sols. L’eau, en dissolvant les molécules polluantes, les rend assimilables par de nombreux organismes, et en particulier par les plantes. Ainsi, un sol pollué peut avoir de fortes conséquences sur la qualité des cultures qui y seront pratiquées.
De l’eau au sol
Grâce à l’eau, les polluants libérés dans le sol et les cours d’eau peuvent entamer un voyage à travers les organismes vivants jusqu’à notre assiette.
Ce sont les polluants dits persistants qui représentent le plus grand danger. Ces molécules, qu’elles soient organiques ou non, peuvent être assimilées par les organismes végétaux ou animaux, puis transmises tout au long de la chaîne alimentaire sans subir de dégradation et donc en conservant leurs propriétés nocives. C’est ce qu’on appelle aussi le phénomène de rémanence.
Ainsi, si ces substances ne sont pas éliminées, elles s’accumulent dans le sol au fil des contaminations successives. La pollution du sol peut avoir un effet négatif sur la croissance des plantes dans le cas d’une contamination intense, impliquant des concentrations importantes de produits toxiques. Le plus souvent, les doses sont très faibles et bien en dessous d’un seuil toxique pour les plantes, et dans la plupart des cas de pollution des sols, les conséquences ne sont pas aussi visibles. Elles se traduisent pourtant par une croissance moins importante et des rendements plus faibles. Les plantes continuent à pousser en absorbant une certaine quantité de polluant, les risques de contamination se déplacent donc vers les populations si les espèces végétales atteintes constituent des ressources alimentaires.
Des sols aux végétaux
Compte tenu de la qualité des eaux en France et des pratiques agricoles qui utilisent beaucoup d’intrants (produits que l’on apporte aux cultures), les ressources alimentaires produites contiennent forcément une certaine quantité de molécules contaminantes. Dans le milieu rural, la pollution est surtout liée aux pesticides ; il y a tous ceux qui sont utilisés pour la terre, comme les herbicides, mais il y a aussi tous ceux utilisés pour traiter les parties aériennes des plantes, comme les fongicides et les insecticides, et qui sont entraînés par les pluies dans le sol.
Dans le cas de cultures qui servent à l’alimentation humaine, les polluants passent ainsi directement à l’homme. Mais le cheminement peut être plus complexe.
Des végétaux aux animaux
Dans le cas de plantes sauvages, de pâturages ou de fourrages pour les troupeaux, les polluants contenus dans les plantes seront alors assimilés par les animaux.
Les concentrations contenues dans l’alimentation des animaux peuvent être très faibles. Mais les animaux ingèrent de grandes quantités de nourriture. Ils assimilent ainsi des doses qui finissent par être conséquentes et les accumulent dans leurs tissus (muscles et graisses) ou dans leur lait. C’est ainsi que, même si les concentrations contenues au départ dans l’eau sont faibles, voire simplement à l’état de trace, les quantités absorbées et surtout accumulées par les animaux peuvent être bien supérieures. La pollution à la dioxine du lait résulte précisément de ce phénomène.
L’accumulation en bout de chaîne
Nous mettons donc sur le marché des produits contaminés par toutes sortes de substances, en tête desquelles nous trouvons des or- ganochloré, des dioxines, des métaux lourds…
Même si les concentrations dans chaque aliment sont très faibles, nous en assimilons continuellement et nous les accumulons dans nos tissus. En conséquence, si la nourriture que nous mangeons est en permanence contaminée, la concentration des polluants dans nos tissus ne cesse d’augmenter.
Que deviennent ces substances dans notre corps ?
Le devenir de ces polluants dans l’organisme humain est mal connu. Il semble que certaines molécules finissent par être éliminées, mais leur temps de séjour dans les tissus peut être très long. Certaines substances persistent en moyenne sept ans, d’autres jusqu’à trente ans. On comprend alors l’importance de limiter au maximum les doses assimilées au cours des années. Car au bout de dizaines d’années d’exposition, on imagine facilement que les doses cumulées sont importantes et atteignent un niveau suffisant pour avoir un effet sur la santé.
Il faut cependant avoir conscience que cette voie de contamination des aliments n’est pas la seule, et les traitements (antifongiques, insecticides…) sur les parties aériennes des plantes cultivées juste avant la récolte ou même après la récolte – pour améliorer leur conservation – ne sont pas non plus à négliger.
On le voit bien, on a tout intérêt, pour préserver sa santé, à favoriser une agriculture qui limite grandement les traitements chimiques non biodégradables comme l’agriculture biologique
Vidéo: La pollution des sols : des contaminations successives
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