Le secteur pétrolier
Le secteur pétrolier
Au cours des années qui suivent la dissolution de l’Union soviétique, l’industrie pétrolière est entièrement restructurée. Dans un premier temps, plusieurs compagnies pétrolières verticalement intégrées sont créées sur la base des principales unités de production et de raffinage auparavant sous contrôle du ministère soviétique du pétrole. Les compagnies LUKoil, Surguneftegaz, Yukos, TNK, Sibneft et Rosneft sont ainsi formées entre 1992-1995. Au cours des années 1990, la part de l’État décroît progressivement de 100 % à zéro dans la plupart de ces compagnies. Rosneft reste la seule compagnie nationale entièrement détenue par l’État, jusqu’à sa privatisation partielle en 2006. D’autres compagnies, telles que Tatneft et Bashneft, restent sous contrôle des républiques autonomes du Tatarstan et du Bachkortostan (région de la Volga-Oural). Avec le plan « prêt contre action » des années 1995-1996, un petit groupe « d’amis » et de banquiers prennent le contrôle de Yukos, Sibneft et TNK pour seulement une fraction de leur prix du marché15.
La privatisation et la libéralisation du secteur pétrolier russe n’a pourtant pas attiré les investissements nécessaires et échoue à moderniser de façon satisfaisante le secteur afin de garantir le maintien de la croissance de la production sur le long terme. L’efficacité globale de la branche a considérablement baissé : entre 1988 et 1998, la production est tombée de plus de 600 Mt à 300 Mt, alors que dans le même temps le nombre d’employés dans le secteur passait de 130 000 à près de 300 000 16. En d’autres termes, la productivité par personne a décliné au cours de cette décennie. La situation dans l’exploration et la prospection géologique devient déplorable : en 1998 par exemple, les forages d’exploration en zone profonde avaient été divisés par cinq17. Au même moment, les compagnies pétrolières gérées par des banquiers (Yukos, TNK, Sibneft) parviennent à maximiser leurs profits et leur chiffre d’affaire grâce à d’ingénieuses manœuvres financières et grâce à l’« écrémage » du pétrole facile à extraire. Ces activités, alliées avec des stratégies d’évasions fiscales, visent clairement à booster la capitalisation de marché pour une revente ultérieure, plutôt que d’assurer le développement de long terme du secteur. L’accroissement du cours du pétrole, qui avait atteint son niveau le plus bas niveau en 1998, offre des conditions de marché favorables quelques années plus tard. Ainsi en 2003 la moitié des parts de TNK sont vendues à BP pour 6,75 milliards de dollars. Sibneft est vendue à Gazprom en 2005 pour 13 milliards de dollars. En 2004, l’arrestation du PDG de Yukos bloque la méga-vente des avoirs stratégiques de la compagnie à ExxonMobil pour un montant estimé à 25 milliards de dollars. Selon les termes de Marshall Goldman, auteur de The Piratization of Russia : Russian Reform Goes Awry, « (…) if most American robber barons had at least created something out of nothing, the Russian oligarchs added nothing to what already was something » w.
Même si depuis 2002 la Russie est redevenue un des premiers producteurs pétroliers mondiaux, il est peu probable qu’elle puisse réitérer le pic réalisé à l’époque soviétique. Selon certains experts, le récent boom de la production provient principalement du pétrole qui n’avait pas été extrait durant la période de crise et de chaos des années 1990. De plus, l’utilisation des techniques de récupération par les compagnies accélère la déplétion des champs, alors que les réserves prouvées du pays restent limitées en l’absence de découvertes de nouveaux gisements. Globalement, la Russie a peu de chance de pouvoir maintenir le rythme de croissance observé entre 2000 et 2006 au cours des prochaines décennies, étant donné que pratiquement aucune découverte de grande ampleur n’a été faite et que les investissements dans la prospection demeurent anormalement faibles.
Au cours du second mandat de Vladimir Poutine (2004-2005 l’organisation de l’industrie pétrolière a subit de nouveaux changements importants. Plusieurs opérations de fusions et acquisitions ont donné lieu à une nouvelle reconfiguration de la scène pétrolière russe dont voici les principaux faits marquants :
– Le retour en force de l’État dans le secteur : celui-ci contrôle désormais environ 40 % de la production nationale. La compagnie d’Etat Rosneft devient la plus grande compagnie russe (2,2 millions de barils par jour en 2009) suite à l’acquisition en 2005 de Yugansknefte- gaz, la principale unité de production de Yukos.
– L’acquisition de la compagnie pétrolière Sibneft par Gazprom ez 2005 marque l’entrée du géant gazier dans le secteur pétrolier.
– La formation d’alliances stratégiques entre les grandes compagnies pétrolières russes et étrangères (Lukoil-ConocoPhillips, TNK-BP). Cependant, ConocoPhillips s’est retiré du capital de Lukoil en 2010 et des conflits d’intérêts entre les actionnaires ont eu lieu au sein de TNK-BP.
– Lukoil et Rosneft se classent parmi les dix premières compagnies pétrolières du monde en termes de réserves prouvées. Gazprom. Rosneft, Lukoil et Surgutneftegas sont également devenues les plus grandes des entreprises en termes de capitalisation boursière : leur valeur globale avait atteint près d’un demi-trillion de dollars en 200“ Cependant, ce montant a fortement chuté avec l’effondrement des marchés boursiers fin 2008 19.
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