Le secteur gazier : du ministère soviétique du gaz à l'empire Gazprom
Le secteur gazier
Gazprom occupe une place prédominante sur la scène énergétique russe : la compagnie assure 85 % de la production gazière (2006). Ses activités se diversifient tant sur le marché domestique que sur les marchés internationaux. Sa présence sur le marché européen du gaz ne cesse de se renforcer, notamment grâce à la création de joint-ventures et l’acquisition d’actifs sur l’ensemble de la chaîne gazière. Environ un quart du gaz consommé par l’UE est livré par Gazprom. En plus de ses activités traditionnelles, la compagnie se tourne désormais vers de nouveaux secteurs, notamment le pétrole, la pétrochimie, la génération d’électricité et le charbon. L’un des objectifs majeurs de la compagnie est de « devenir l’une des plus grandes compagnies énergétiques intégrées au monde, couvrant le pétrole, le gaz et l’électricité » 20.
Gazprom a subi de profonds changements au cours de ces quinze dernières années. Créée sur la base du ministère de l’industrie du gaz soviétique, Gazprom est devenu l’une des premières compagnies énergétiques du monde. Contrairement à l’industrie pétrolière, elle n’a pas été divisée et est restée en situation de monopole sur le marché russe. La compagnie rapporte près de 20 % des recettes du budget de l’État et bénéficie ainsi d’une relation particulièrement étroite avec le pouvoir politique. Viktor Tchernomyrdine, le premier PDG de Gazprom est devenu Premier ministre (1992-1998). Dmitri Medvedev, un protégé de Vladimir Poutine qui occupait le poste de président du conseil d’administration, a été élu président de la Russie en 2008.
Pendant la dépression économique, les non-paiements ont sérieusement miné les finances de la compagnie et par conséquent affecté sa politique d’investissements. Les prix sur le marché domestique étant maintenus artificiellement bas, Gazprom a littéralement subventionné les consommateurs russes tout au long des années 1990. Pour beaucoup, le gaz naturel aurait ainsi maintenu l’économie russe à flot durant la crise économique. De plus, jusqu’à très récemment, Gazprom fournissait les anciennes Républiques soviétiques en gaz à des prix considérément inférieurs à ceux payés par les importateurs de l’UE. L’accumulation des dettes et les accusations de vol de gaz destiné aux marchés de l’UE ont provoqué des tensions croissantes entre la Russie et ses voisins, notamment l’Ukraine, entraînant à plusieurs reprises l’arrêt temporaire des livraisons de gaz 21.
À la fin des années 1990, Gazprom a été secoué par plusieurs scandales liés à des affaires de corruption qui ont sérieusement terni b réputation de l’entreprise. Au début des années 2000, l’ancienne équipe dirigeante est remplacée par une nouvelle, sous contrôle du président nouvellement élu, Vladimir Poutine. En 2004, l’État accroît ses parts dans Gazprom de 38 % à 50 %+l, soit une majorité de contrôle. Parallèlement, les restrictions sur les investissements étrangers sont levées et la compagnie s’ouvre aux compagnies étrangères. Les actionnaires privés et des compagnies telles que E.ON Ruhrgas contrôlent actuellement les 49 % des actifs restants. La Loi Fédérale adoptée par la Douma en 2006 accorde également à Gazprom un droit exclusif sur les exportations de gaz naturel22.
La scène gazière russe devrait encore évoluer avec l’accroissemenî dynamique de la production des compagnies dites « indépendantes ? telles que Novatek, Itéra ou les compagnies pétrolières cherchant à développer leurs activités gazières. Néanmoins, Gazprom devrait rester un acteur majeur de la scène énergétique russe, tout en renforçant ses positions sur les marchés internationaux.
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