L'efficacité énergétique
Une autre ressource nationale très importante à prendre en considération est le potentiel d’efficacité énergétique. Dans tous les pays, il existe un potentiel énorme d’amélioration de l’efficacité énergétique. L’efficacité énergétique signifie qu’un besoin donné (chaleur, force mécanique) peut être satisfait avec une moindre consommation d’énergie. L’amélioration de l’efficacité énergétique est une stratégie payante : elle permet de réduire à la fois la facture énergétique et les émissions. On estime que le coût de réduction des consommations est de 25 à 50 % moins cher que ce que coûterait la production de la quantité d’énergie qui a été économisée.
Le potentiel d’amélioration de l’efficacité énergétique demeure en grande partie inexploité même si, dans la plupart des cas, la rentabilité des investissements est bonne. La Banque Mondiale est très active dans ce domaine en proposant de financer les programmes d’efficacité énergétique dans les pays en développement. Elle a soigneusement examiné les moyens par lesquels l’efficacité énergétique peut être améliorée et les obstacles existants. Elle propose « un modèle général pour la bonne exécution des programmes d’investissements d’efficacité énergétique » (Banque Mondiale, 2008d). L’étude de la Banque montre que les investissements en matière d’efficacité énergétique peuvent être promus par le biais de trois canaux :
• Des schémas de financement proposés par les banques commerciales ou des organismes spécialisés.
• Les entreprises de services énergétiques (ESCO) qui peuvent proposer des contrats de performance énergétique ; l’investissement initial est remboursé grâce aux économies d’énergie.
• Les stratégies de « Demand Side Management » (DSM) qui peuvent être mises en place par les compagnies locales de fourniture d’énergie pour encourager les économies d’énergie.
Dans les pays en développement des programmes d’efficacité énergétique ont été menés avec succès mais, très souvent, l’environnement institutionnel et politique est perçu comme un obstacle à la mise en place d’une véritable politique d’efficacité énergétique. La volons politique, qui est cruciale dans ce domaine, fait souvent défaut. LE communauté bancaire n’est pas familière avec les questions d’énergie et ce genre d’investissements n’apparaît donc pas pour elle une priorité. Le cadre juridique est souvent insuffisant pour mettre au poids dispositions contractuelles inhabituelles. On se heurte enfin souvent à une insuffisance des ressources humaines. La volatilité des prix de l’énergie et la pression des questions d’environnement pourrait’* toutefois raviver l’intérêt politique et financier des gouvernement pour ces programmes. En outre, les investissements liés au Mécanisme de Développement Propre pourraient représenter une contribution significative au développ>î- ment économique durable.
Efficacité énergétique : le cas de la Tunisie
La Tunisie était un exportateur net de pétrole brut dans les années 1988 mais la production nationale a baissé et le pays est devenu importateur née en 2000. Pour se préparer à la gestion de ce difficile mais inévitabi» changement, le gouvernement a rapidement compris que leur premier? arme était l’amélioration de l’efficacité énergétique. Un organisme starets pour la gestion de la demande d’énergie, une des premières dans les pauvres en développement, a été créé en 1985 (l’Agence de Maîtrise de l’Energie : est devenu l’Agence nationale de l’Energie) pour mettre en place une série de programmes en vue d’améliorer l’efficacité énergétique et d’accroître contribution des énergies renouvelables (principalement solaire). U» I système de subventions a été mis en place pour les audits énergétiques st les investissements prioritaires. Entre 1985 et 1992, la Tunisie a réussie ; améliorer de 20 % son efficacité énergétique. Depuis lors, le gouvernent- maintient une pression continue en matière d’efficacité énergétique 3t I d’économies d’énergie dans le bâtiment, les équipements, les transport, les appareils électro-ménager, afin d’améliorer les performances. Depuis il 2002, PANE a lancé d’importants programmes pour remplacer je» ampoules classiques par des ampoules à haute efficacité pour l’éclaira» public et pour les ménages. Dans un contexte de prix élevés de l’énergie des actions sont très bénéfiques.
L’accès à l’électricité
L’accès à l’électricité est une condition préalable au développeuse économique et social. 1,6 milliard de personnes n’ont toujours pm accès à l’électricité. De nouvelles connexions sont faites par extrême de réseau (pour les zones urbaines, périurbaines et certains villages) ou par la mise en œuvre de systèmes décentralisés de production d’électricité utilisant les ressources locales (hydraulique, solaire, biomasse, éolien) ou de groupes électrogènes au diesel. Dans le scénario de référence de l’AIE, en l’absence de changement dans les politiques énergétiques, il y aura encore 1,4 milliard de personnes qui n’auront toujours pas accès à l’énergie en 2030. Le taux d’électrification est encore très faible dans la plupart des pays pauvres (voir ci-dessus). Les progrès sont très lents. Après un examen général des programmes d’électrification rurale, la Banque Mondiale (2008c) estime que, d’une manière générale, les systèmes décentralisés sont plus coûteux et sont moins avantageux que les raccordements officiels. Les cellules photo- voltaïques par exemple sont souvent limitées dans leur capacité et proposent ainsi moins d’heures d’éclairage. En outre, les systèmes décentralisés de production d’électricité sont souvent confrontés à des problèmes de fonctionnement et d’entretien en raison du manque de ressources humaines qualifiées. Toutefois, les prix élevés du pétrole et les progrès réalisés dans les technologies des énergies renouvelables (batteries) en matière de coûts et d’efficacité, pourraient rendre plus attrayant les systèmes décentralisés pour les zones difficiles à atteindre avec le réseau électrique national. De vastes programmes d’électrification décentralisée par le biais de systèmes solaires et de biodigesteurs (production de méthane à partir de biomasse) ont été développés avec succès au Bangladesh (Yunus, 2007).
Les analyses menées sur l’accès à l’électricité s’interrogent en préalable sur la capacité et la volonté de payer des individus concernés. Les résultats tendent à montrer que la « volonté de payer » pour la consommation d’électricité est généralement plus élevé que le coût marginal à long terme de la connexion. Cependant il y a le problème de paiement du coût de la connexion qui doit être le plus souvent étalé sur une période de temps assez longue. Cela signifie que, dans de nombreux programmes d’électrification rurale, l’accès à l’électricité n’est pas à la portée des très pauvres.
L’accès à l’électricité a des effets considérables sur la vie quotidienne. Les effets bénéfiques concernent le confort, la santé, l’éducation et l’amélioration des activités productives locales.
Le Confort. Lorsque les habitants ont accès à l’électricité, dans les zones rurales pauvres, les principaux usages qu’ils en font sont pour l’éclairage, la télévision et les téléphones mobiles. Les installations électriques permettent d’augmenter le temps disponible pour l’éducation ou les activités productives. Avec un éclairage nocturne amélioré les gens peuvent travailler plus longtemps, ce qui génère un revenu plus élevé. Quant à la télévision, elle apporte des informations d’ouverture sur le « village planétaire ». Après l’éclairage, la télévision, la radio et les téléphones portables, si la croissance économique est au rendez-vous, on entre dans une phase de transition énergétique qui conduit progressivement vers davantage de confort : équipement en réfrigérateurs (ce qui représentent un changement majeur pour la conservation des aliments et des médicaments), ventilateurs, fers à repasser, appareils électroménagers et climatisation.
La Santé. Quand l’accès à l’électricité n’est pas assuré, le kérosène est le principal combustible utilisé pour l’éclairage. Le kérosène coûte cher (même subventionné) ; il est inefficace et il pollue. Il est, avec le bois de feu, le principal élément responsable de la pollution intérieure et de ses conséquences sur la santé. Le passage du kérosène à l’électricité diminue le coût de l’éclairage, améliore la luminosité, supprime la pollution intérieure et ses conséquences. L’électrification rurale transforme aussi les conditions de travail dans les cliniques et les centres de santé : la durée du temps de travail peut être allongée, de nouveaux équipements peuvent être acquis, la conservation des médicaments est facilitée. Toutefois, la chaîne du froid pour les vaccins et les médicaments reste fragile en raison du risque de coupures d’électricité, un risque élevé dans beaucoup de pays en développement. L’électricité peut également faciliter l’accès à l’eau potable (pompes).
L’Éducation. Diverses enquêtes montrent que les enfants de ménages qui ont accès à l’électricité ont un niveau d’éducation plus élevé que celui des enfants des ménages sans électricité. Ils ont la possibilité de passer plus de temps à étudier (à la maison et à l’école) ; ils ont accès à l’information (et de plus en plus à Internet) ; leur village devient plus attrayant pour les enseignants (et les médecins).
La Production. L’arrivée de l’électricité ouvre des opportunités pour la création et de développement de nouvelles activités économiques : elle prolonge la durée de la journée de travail. L’électricité peut être utilisée pour accroître la productivité de l’agriculture (irrigation et pompage), de l’industrie et des services. Le plus important potentiel de transformation est probablement pour les petites entreprises, y compris les entreprises familiales. Citons à ce propos deux exemples donnés par la Banque Mondiale : au Ghana, les femmes préparent des collations pour les vendre aux personnes qu’elles accueillent dans leur maison pour regarder la télévision le soir en Afrique du Sud, des femmes équipées en réfrigérateurs vendent des boissons fraîches et louent des espaces dans leurs réfrigérateurs. Nous verrons ci-dessous ce que pourrait être l’impact de combiner l’électricité avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Face à ce défi de « l’électricité pour tous », l’AIE a calculé qu’une augmentation de 2 % des tarifs de l’électricité dans les pays de l’OCDE permettrait de généraliser l’accès à l’électricité dans le monde (AIE, 2010).
Vidéo: L’efficacité énergétique
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