La redistribution de la richesse pétrolière
Les régimes politiques et la richesse pétrolière
Les régimes politiques de la plupart des pays CCG sont qualifiés par Eifert et al. (2002) par des « autocraties paternalistes », car les gouvernements ont acquis leur légitimité par le biais d’autorités religieuses ou traditionnelles. Le processus de modernisation par la richesse pétrolière et la mobilisation de cette richesse pour l’augmentation des niveaux de vie ont conforté cette légitimité. Même si ces gouvernements sont stables et disposent d’horizons beaucoup plus longs que les gouvernements démocratiques, ils sont constamment à la recherche du soutien de la population. Ils mettent alors en place des subventions importantes et de nombreux emplois publics à faible capacité, produisant des bureaucraties saturées et des entreprises inefficaces. Les subventions et les transferts représentent près de 12 %, 15 % et 30 % respectivement des dépenses des gouvernements des Emirats arabes unis, du Bahreïn et du Koweït. Ces subventions se décomposent en subventions courantes (destinées aux transactions courantes du gouvernement pour le blé, l’électricité, les hydrocarbures, dessalement de l’eau) et les subventions de capital (prêts à taux préférentiels). En 2008, les subventions destinées aux produits pétroliers représentaient 15 % du PIB en Irak, 12 % en Iran, entre 7 à 8 % au Koweït et aux Emirats arabes unis et entre 4 à 5 % en Libye et au Qatar (FMI. 2010).
Ces subventions massives sont à l’origine d’une forte inefficacité dans le secteur de l’énergie . Dans l’ensemble des pays MENA, les prix des produits pétroliers sont maintenus artificiellement en dessous des niveaux du marché international. Dans le; Etats du CCG, l’électricité est gratuite, ou bien vendue à un prix équivalent à une fraction du coût d’approvisionnement réel. Les consommations énergétiques par tête de nombreux pays du Golfe sont parm:
les plus élevées au monde. En 2007, la consommation énergétique du Qatar était la plus élevée, avec 20 tep par tête, 12 tep par tête pour les Emirats arabes unis, 10 pour le Koweït, contre 8 pour les Etats-Unis, 4 pour les pays de la zone Euro et 1,5 pour la Chine 17. Même s’il y a un consensus parmi les décideurs politiques sur la nécessité de réduire ces subventions, la population s’est accoutumée à ce partage te La richesse nationale générée par les hydrocarbures, en payant très ;e i pour leur utilisation (AIE, 2005).
Outre ces subventions, l’emploi dans le secteur public absorbe également une part importante du budget de l’État dans de nombreux pays MENA. Plus de 70 % des nationaux sont employés par le secteur public dans les pays CCG 18. En effet, en Arabie Saoudite, l’administration est considérée comme « l’employeur de premier ressort », où les postes du secteur privé sont souvent occupés par les travailleurs étrangers (Auty, 2001).
Durant les périodes difficiles, comme dans les années 1990, lorsque les revenus pétroliers ont chuté de manière drastique, la capacité de ces pays à maintenir le même niveau de subventions et des transferts a été sérieusement ébranlée et la réorientation de la politique économique était devenue une priorité. À la suite de la forte baisse des cours du brut en 1998, le gouvernement saoudien a été obligé de s’endetter lourdement auprès d’emprunteurs domestiques et a cumulé près de 170 milliards de dollars de dette publique intérieure, ce qui correspond à plus de 94 % du PIB en 2002 selon le FMI. Cette dette considérable a, de toute évidence, entravé le lancement de réformes économiques expansionnistes.
La redistribution de la rente pétrolière par le biais de dépenses rigides et engageantes, telles que les multiples subventions et les salaires des emplois du secteur public, peut se traduire par des crises budgétaires profondes dans de nombreux Etats rentiers et être à l’origine de nombreux dysfonctionnements dans l’économie.
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