L'énergie nucléaire aux États-Unis
L’énergie nucléaire aux États-Unis
Les Etats-Unis possèdent le plus grand parc de production d’énergie nucléaire du monde (100 GWe). Tous ses réacteurs fonctionnent à l’eau légère, une technologie inventée et développée initialement aux Etats- Unis dans les années 1950. Leur fonctionnement au cours des dernières années a été excellent. En 2007, un facteur de charge moyen de 91,8 % a été atteint. La moyenne des coûts d’exploitation des centrales nucléaires en 2006 était de 1,66 cent par kWh. Toutefois, la dynamique de développement de la capacité nucléaire que les Etats-Unis ont connue pendant les années 1960 et 1970 a été cassée après l’accident de Three Mile Island en 1979, et aucune nouvelle commande de réacteurs n’a été passée depuis lors. Les raisons de cette évolution tiennent aux importants dépassements de coûts et allongements des délais des chantiers (pour la plupart des projets, par un facteur de deux ou trois par rapport aux estimations initiales). Ce piètre résultat est lié à un changement dans les règles de sécurité, ce qui oblige à des modifications de conception en cours de construction ; des procès intentés par les opposants ; et l’absence totale de standardisation. Il y avait beaucoup de propriétaires, beaucoup de fournisseurs, et beaucoup d’architectes-ingénieurs, de sorte qu’à peine quatre unités sur un ensemble de 104 sont identiques. Toutefois, la technologie elle-même était bonne, vendue sous licence et développée dans d’autres pays (France, Japon, Corée du Sud) elle a constitué et continue d’être un remarquable succès technique et économique. La consolidation des opérateurs nucléaires américains se poursuit : dans quelques années, il ne devrait plus subsister que 10 ou 12 entreprises impliqués dans la production d’électricité nucléaire, contre 101 en 1991. Les autorisations d’exploitation ont été prolongées de 40 à 60 ans pour 48 réacteurs, à ce jour, et plus de 37 nouvelles prolongations sont prévues.
Le gouvernement et le Congrès, préoccupés par la sécurité d’approvisionnement énergétique et les émissions de C02, ont décidé de soutenir la relance de l’énergie nucléaire aux Etats-Unis et ont adopté l’Energy Policy Act de 2005. Le volet incitatif de cette loi comprend notamment une subvention à la production de 1,8 cent par kWh durant les huit premières années de fonctionnement pour les six premiers GW des nouvelles capacités nucléaires ; une assurance-risque fédérale à hauteur de 2 milliards de dollars pour compenser les retards imputables à la réglementation ; des garanties fédérales sur les emprunts couvrant jusqu’à 80 % du coût total du projet (toutefois des crédits nécessaires pour ses garanties se mettent difficilement en place, récemment, le Sénat a réduit fortement la demande du Président Obama de crédits additionnels de 36 milliards de $). En outre, la Commission de Réglementation Nucléaire (Nuclear Regulatory Commission) a préparé de nouveaux processus d’autorisation des centrales
offrant une plus grande prévisibilité ; ils incluent une certification esuérique des modèles (favorable à la standardisation), la délivrance de permis précoces par site (indépendante du modèle des réacteurs), une autorisation combinée construction-exploitation, dite COL — bined construction-operating license).
Ces processus sont longs et couteux – en général deux à cinq ans chacun mais ils peuvent être lancés de façon indépendante et, au moins en partie, menés en parallèle. Toutefois, des procès possibles pourraient entraîner des retards. Grâce à ces mesures, on compte à ce mer 22 candidatures ferment à une COL couvrant 22 réacteurs. Une candidature à une COL n’oblige pas le demandeur à construire un réacteur. Cependant, la préparation d’une COL est coûteuse et demande beaucoup de temps ; elle indique donc un certain degré d’engagement.
Finalement si une série standardisée doit apparaître aux USA, ce aera vraisemblablement l’APlOOO de Westinghouse-Toshiba sauf des occultés importantes techniques qui pourraient apparaître sur les 4 prototypes en construction en Chine.
Cinq types de réacteurs sont proposés aux Etats-Unis par les principaux fournisseurs internationaux . Combien de réacteurs seront-ils effectivement construits ? Les projections les plus optimis- tes prévoient l’attribution d’une COL pour deux réacteurs sur le même site en 2011. Probablement au moins 6 GWe de capacité nucléaire seront en construction d’ici 2012-2013 pour tirer pleinement profit de lia subvention publique. Selon les dernières projections de coûts des compagnies, sans subventions gouvernementales pour le nucléaire ou iar? d’importantes pénalités pour les émissions de CO,, le charbon par moins cher que le nucléaire. Toutefois, l’opinion publique est p-lus favorable au nucléaire qu’au charbon: un sondage réalisé en usai 2008 a indiqué que si une centrale doit être construite sur leur mignonne, 43 % des résidents préféreraient qu’elle soit nucléaire, 15 % au gaz naturel, et seulement 8 % au charbon.
L’apparition du gaz non conventionnel (chiste) sur le marché américain et dont les USA possèdent d’importantes réserves, rend les électriciens moins enthousiastes pour l’énergie nucléaire. Par ailleurs la mise en place d’une législation pénalisant les émissions de C02 ne paraît pas probable à court ou même moyen terme après les élections novembre 2010.
Notons que sur les 22 réacteurs pour lesquels un coal a été demandé, sont de AP 1 000 DE Westinghouse-Toshiba, 3 USAPWR de Mitsu- :Lihi, 2 ABWR de Toshiba, 2 USEPR d’AREVA et 1 ESBWR de GE Hita- cbL De plus les 2 USEPR ont un problème nouveau : ils étaient proposa par UniStar nucléaire dont 50 % d’actions plus une appartenaient à une compagnie américaine – Constellation, le reste d’actions apparait à EDF. Mais Constellation n’a pas accepté la garantie du prêt proposé par DOE considérant que son coût était trop élevé. Constellation s’est donc retirée du projet et EDF a dû racheter les parts de Constellation dans UniStar Nucléaire. Maintenant EDF doit rechercher un partenaire américain car la loi américaine oblige les propriétaires ces centrales nucléaires aux USA d’être majoritairement américain.
Pour le plus long terme, un développement dynamique de l’énergie nucléaire obligerait les Etats-Unis à résoudre les problèmes liés à la gestion des déchets radioactifs et à l’approvisionnement en uranium. L’enfouissement des déchets radioactifs prévu à Yucca Mountain dans le Nevada fortement contesté par les élus de cet État, a été abandonné pour le Président Obama et l’achèvement de l’installation demeure encore lointain. Par ailleurs, cette installation, telle qu’elle était conçue, permettait de contenir uniquement les déchets des réacteurs existants. Le gouvernement du Président G.W Bush a envisagé de retraiter le combustible usé et de « brûler » les déchets dans des réacteurs à neutrons rapides, une solution qui diminuerait d’un facteur important la toxicité des déchets ultimes. En cas de tensions sur le marché de l’uranium, les réacteurs à neutrons rapides pourraient être exploités en tant que surgénérateurs. Toutefois, la question de fin du cycle de combustibles a été remis en question par l’administration du Président Obama. « Un Blue Ribbon Pannel » a été nommé pour étudier cette question. Par ailleurs, l’autorité de sûreté – NRC a récemment envisagé de considérer comme sûre et acceptable le stockage provisoire de combustibles usés (piscine – château solide protecteur) pour 100 à 300 ans et même éventuellement 500 ans.
Finalement le manque d’une politique énergétique claire et acceptée par l’exécutif (Président) et législatif (Congrès) rend le développement du nucléaire aux USA difficile surtout en considérant que les estimations des coûts de construction de centrales nucléaires sont de plus en plus élevées (plus de 4 000 $ par Kw).