L'organisation des marchés dérivés énergétiques
Pour comprendre le fonctionnement des marchés dérivés énergétiques, il est tout d’abord nécessaire de savoir ce qu’est un instrument dérivé. Il peut ensuite être intéressant, dans un premier temps au moins, de distinguer clairement les marchés organisés des marchés de gré à gré (« Over the counter » ou « OTC »). Une telle distinction revêt cependant avant tout un intérêt pédagogique car en réalité, depuis quelques années, la frontière entre ces deux formes d’organisation tend à s’estomper. Cette fusion progressive, qui touche aujourd’hui de plus en plus de marchés dérivés et qui est, depuis la crise de 2008, largement encouragée par les autorités de régulation, a débuté sur les produits énergétiques.
Qu’est-ce qu’un produit dérivé ?
Littéralement, les instruments dérivés peuvent être définis comme des contrats financiers dont le prix dérive de celui d’un actif sous- avent, lequel peut être un taux de change, un taux d’intérêt, le produit d’une matière première, etc. La nature de cet actif sous-jacent, également qualifié d’actif support, est très variable ; parfois, il ne correspond pas à un actif physique, ni financier, ni même à un actif échange C’est ainsi que, récemment, le risque de crédit, le risque climatique e£ le risque assurance ont fait leur apparition dans le domaine des marchés dérivés. Autre point notable : l’actif sous-jacent peut également être… un instrument dérivé ! Ce type de construction est largement répandu dans les marchés dérivés énergétiques, où le support de; options est le plus souvent un contrat à terme futures, c’est-à-dire un autre dérivé. Cette caractéristique des instruments dérivés, qui peuvent de ce fait être vus comme un emboîtement de poupées russe; nourrit bien évidemment des craintes quant au risque systémique.
Cette présentation générale étant achevée, concentrons nous à présent sur les instruments dérivés les plus fréquemment utilisés que sont les contrats à terme forward, les contrats à terme futures, les options et les swaps.
Un contrat forward est un accord privé négocié entre deux contreparties et relève de ce fait du marché de gré à gré. Il vise à fixer les termes d’un accord relatif aux conditions d’échange d’une certaine quantité d’actif sous-jacent – par exemple, 100 000 barils de pétrole brut – étant entendu que la marchandise sera livrée ultérieurement. Un contrat définit le volume et la qualité de la marchandise qui sera échangée, le lieu et la date de livraison, ainsi que le prix à payer, qualifié de prix forward. Une telle transaction permet à la fois d’rassurer un approvisionnement sur le marché physique – elle conduit normalement effectivement à une livraison – et d’offrir une couverture contre le risque de fluctuation des prix – le prix de la transaction est fixe à l’avance.
Les contrats futures sont les produits dérivés énergétiques les plus importants. Ils peuvent être définis comme des contrats forward standardisés. Cependant, si les premiers sont négociés sur les marché? organisés, les seconds sont utilisés sur les marchés de gré à gré. La standardisation touche tous les aspects de la transaction, excepté le prix à terme, qualifié de prix futures. Le degré de standardisation es: généralement très élevé, comme l’illustre l’encadré 1, qui reproduit les principales caractéristiques du contrat à terme américain sur le pétrole brut. Si elle introduit une certaine rigidité dans la négociation, la standardisation facilite néanmoins le transfert du contrat entre différentes contreparties et évite ainsi les problèmes de liquidité, qui sont assez fréquents avec des contrats forward. Enfin, la standardisation implique que les transactions initiées sur les marchés organisés n’aboutissent qu’exceptionnellement à une livraison physique. Ce n’est pas une surprise, car telle n’est pas leur vocation : les contrats futures sont en effet de purs instruments financiers.
Dans le domaine des dérivés, tous sous-jacents confondus, les swaps sont les instruments dérivés les plus importants : ils rassemblent en effet au moins 50 % du total des transactions enregistrées au niveau mondial sur les marchés de gré à gré. Tout comme les contrats forward, les swaps sont négociés entre deux contreparties. Ils conduisent généralement à l’échange, à intervalles réguliers, d’un prix variable contre un prix fixe, et ne prévoient pas de livraison physique. En général, ces instruments sont utilisés dans le cadre d’opérations à long terme. Certains swaps, dans le marché du gaz, ont été par exemple négociés pour une durée de vingt ans. Enfin, les swaps peuvent être considérés, du point de vue du financier, comme un portefeuille de contrats forward. Les premiers assurent une protection contre un risque de prix se manifestant de façon récurrente, tandis que les seconds répondent à une demande de couverture ponctuelle.
Les options, contrairement aux forward, aux futures et aux swaps. donnent le droit et non l’obligation d’acheter (on parle dans ce cas d’une option d’achat, ou d’un call) ou de vendre (il s’agit alors d’une option de vente, ou d’un put), l’actif sous-jacent. Ce droit peut être- exercé soit avant la date d’expiration, soit à cette date, à un prix fixe habituellement qualifié de « prix d’exercice ». Cette flexibilité accordée au détenteur d’une option n’est pas gratuite. Les instruments optionnels coûtent en effet plus cher que les instruments fermes tel? que les forwards, les futures ou les swaps. En fait, les options sont de; actifs fondamentalement asymétriques : d’une part, si l’acheteur de l’option possède un droit, le vendeur quant à lui contracte une obligation. D’autre part, la valeur de l’option n’est pas linéaire : elle ne peut être en effet que positive ou nulle. Précisons enfin que les options peuvent être négociées aussi bien sur les marchés organisés que sur le; marchés de gré à gré.
Vidéo: L’organisation des marchés dérivés énergétiques
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur: L’organisation des marchés dérivés énergétiques