Marchés organisés versus marchés de gré à gré
Les marchés dérivés peuvent être séparés en deux catégories différentes et complémentaires : les marchés organisés et les marchés de gré à gré. Même si elle tend à disparaître aujourd’hui, cette distinction est importante pour des raisons pédagogiques, parce qu’elle permet d’appréhender les marchés dérivés dans toute leur complexité.
Les marchés dérivés organisés
Les marchés organisés se distinguent généralement par leur centralisation autour d’une bourse de commerce, lieu de toute transaction (cette spécificité devient cependant moins importante au fur et à mesure de l’accroissement des échanges et des cotations électroniques). Ils se caractérisent également et surtout par la présence d’une chambre de compensation.
La chambre de compensation remplit deux fonctions économiques : la gestion du risque de crédit par les mécanismes du dépôt de garantie et des appels de marge et la gestion de la liquidité du marché grâce à la centralisation des transactions. La liquidité est également favorisée, comme nous l’avons vu précédemment, par l’extrême standardisation des contrats. Ainsi est-il aisé, sur les marchés organisés, de trouver une contrepartie. Le détenteur d’un contrat futures est toujours sûr de pouvoir le vendre facilement et rapidement Tel n’est pas le cas pour un contrat forward.
La transparence est la dernière caractéristique des marchés futures. Les prix sont gratuits et publiquement disponibles, et ce de façon quasiment instantanée. Comme nous le verrons par la suite, c’est ce qui permet à un marché organisé d’assurer une fonction économique de découverte des prix.
La gestion du risque de crédit par le dépôt de garantie et les appels de marge Dépôt de garantie et appels de marge sont les deux outils dont dispose la chambre de compensation pour assurer la gestion du risque de crédit.
Les appels de marge visent à éviter qu’un opérateur n’accumule progressivement des pertes le rendant un jour incapable de faire face à ses engagements financiers. Pour ce faire, la chambre de compensation détermine chaque jour, à la fin de la séance de transactions, un prix de compensation qui sert à l’évaluation de toutes les positions sur le marché. Si, sur la base de ce prix, il s’avère qu’un opérateur a perdu de l’argent depuis la veille, celui-ci devra verser à la chambre de compensation la différence entre les valeurs présente et passée de sa position : il est appelé « à la marge ». La somme payée ira aux opérateurs dont la valeur de la position a augmenté depuis le jour précédent. Par conséquent, les marchés dérivés sont des jeux à somme nulle.
Chaque jour, les transactions ne reprennent qu’une fois tous les appels de marge réglés. Si d’aventure un opérateur ne peut remplir cet engagement, celui-ci est exclu du marché et la chambre de compensation se sert du dépôt de garantie pour éponger ses pertes. Par conséquent, le dépôt de garantie doit couvrir la perte maximale qu’un opérateur est susceptible de subir au cours d’une journée de transaction. Chaque participant, qu’il soit vendeur ou acheteur, doit verser un dépôt de garantie. Le niveau de ce dépôt, fixé par la chambre de compensation, représente approximativement 1 à 10 % de la valeur des contrats échangés a.
La gestion du risque de crédit par la chambre de compensation impose des coûts administratifs et financiers à tous les participants : ceux-ci doivent en effet suivre, jour après jour, la valeur de leur position sur le marché et gérer quotidiennement la trésorerie associée aux appels de marge. Par conséquent certains opérateurs préfèrent, pour une partie de leur activité au moins, le recours au marché OTC. Ainsi, marchés organisés et marchés de gré à gré sont deux formes d’organisations plus complémentaires que : répétitives.
Les marchés de gré à gré
Dans les marchés de gré à gré, les contrats sont conclus dans le :cadre de négociations privées. En l’absence de chambre de compensation, ces marchés peuvent être assimilés à des réseaux décentralisés d’opérateurs. Puisqu’aucune institution n’est chargée de collecter les cidres et les prix, les marchés de gré à gré peuvent être considérés comme relativement opaques ; cela ne signifie pas, pour autant, qu’ils sont pas performants.
Les instruments négociés sur les marchés de gré à gré correspondent précisément aux besoins des opérateurs en demande de couverture. C’est l’absence de standardisation qui garantit une couverture parfaitement adaptée. En contrepartie, en revanche, elle contribue E l’opacité du marché, puisque les instruments et les prix ne sont pas facilement comparables. De plus, comme les contrats sont spécifique? leur liquidité est faible : si un opérateur ayant préalablement acheté une protection change d’avis et décide qu’il n’en a plus besoin il doit, le plus souvent, revendre son contrat à l’institution financière qui le lui avait initialement fourni. Plus l’instrument concerné est complexe et spécifique, et plus la négociation est susceptible de tourner à l’avantage de ladite institution, la concurrence sur l’instrument dérivé étant restreinte voire nulle.
L’absence de chambre de compensation signifie également que le; opérateurs gèrent eux-mêmes le crédit de risque associé à leurs transactions. Chaque opérateur est en effet exposé au risque que sa contrepartie fasse défaut. Plus longue est la maturité de l’engagement, et plus le risque est élevé. Dans ce contexte, le rapport de confiance mutuelle devient essentiel. Ainsi, le plus souvent, les participants à un marché de gré à gré se connaissent entre eux, et leur nombre est bien inférieur à celui que l’on peut observer sur un marché organisé 7.
Les marchés OTC sont donc bien différents des marchés organisé; Les uns ne se substituent pas aux autres : en effet, les premiers sont particulièrement utiles aux opérateurs soucieux de se procurer une protection parfaite contre les risques de prix, tandis que les seconds sont spécialement utiles aux professionnels vendeurs de protection car ils constituent un moyen de couvrir leur risque résiduel.
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