La dynamique des interdépendances : l'économie contre la géopolitique
L’intensité des interdépendances a été considérablement renforcée au cours des dernières années avec l’extension de la mondialisation et l’importance croissante des pays émergents. Cette intensification rend l’économie mondiale plus complexe, elle facilite les transferts de richesses, elle risque d’exacerber les conflits d’intérêts et rend la réglementation et la régulation mondiales plus difficiles à mettre en œuvre.
La généralisation des interdépendances
Dans l’industrie mondiale de l’énergie, les dynamiques de coûts, de prix et de demande sont maintenant étroitement associées aux questions de changement climatique. Ceci a beaucoup amplifié le jeu des interdépendances. Citons quelques exemples.
– Les émissions de GES, quel que soit le lieu où elles apparaissent, ont un impact local mais aussi un impact global car elles accélèrent le réchauffement climatique et aggravent les risques encourus, notamment par les pays les plus vulnérables qui sont souvent les plus pauvres. Prenons le cas de la déforestation qui est responsable de plus de 18 % des émissions de gaz à effet de serre, une part plus élevée que celle des transports . La déforestation était initialement un problème national, qui, par ses implications, est devenu un problème mondial. Le Bangladesh est concerné par une déforestation qui a lieu au Brésil ou en Indonésie.
– La nouvelle dynamique énergétique a accéléré le développement des biocarburants . La hausse de la production de biocarburants aux États-Unis et en Europe réduit la demande pour les produits pétroliers, mais elle réduit également les surfaces de terres disponibles pour la production alimentaire. L’augmentation de la production d’éthanol aux Etats-Unis semble porter une certaine responsabilité dans l’augmentation des prix des denrées alimentaires en 2007-2008 (FMI, 2008). En outre, l’impact des biocarburants sur l’environnement est parfois négatif en raison de l’utilisation d’engrais entraînant des émissions de N20, un autre gaz à effet de serre.
– La mondialisation du commerce et des finances a créé de nouvelles interdépendances. Le troisième choc pétrolier a accéléré la finan-ciarisation du pétrole brut et des produits pétroliers qui rejoignent ainsi les autres classes d’actifs. Sur les marchés financiers, il y a ainsi des arbitrages permanents, au comptant et à terme, entre différentes catégories d’actifs qui incluent les commodités, les actions, obligations et autres produits financiers. Les mouvements d’arbitrage sont d’autant plus complexes qu’ils tiennent compte des taux de change et du niveau des taux d’intérêt (Chevalier, 2010).
– La dynamique de l’économie mondiale est aujourd’hui fondée sur le jeu complexe des interdépendances. Elle est également déterminée parce que nous avons appelé dans le chapitre 1 la « dialectique des incertitudes du futur » : le changement climatique, l’économie, les institutions et la géopolitique. Les principales forces motrices sont : la croissance démographique, avec la montée en puissance de l’Asie et de l’Afrique, les effets réels du changement climatique, la demande de nourriture, d’eau et d’énergie.
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