Chocard, craves
Le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyr rhocorax) habite les montagnes et les falaises littorales d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord. Le chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), lui, est strictement inféodé aux massifs montagneux; dans l’Himalaya, des individus ont été observés à 8 330 mètres d’altitude, picorant les restes alimentaires d’une expédition partie à la conquête du mont Everest. En France, le chocard à bec jaune se rencontre seulement dans les Alpes, les Pyrénées et en Corse, tandis que le crave à bec rouge niche également en Bretagne et dans les Causses.
Comme de nombreux autres corvidés, ces oiseaux ont un plumage noir, mais, à la différence des corbeaux et des corneilles, leur bec est coloré – ainsi que le souligne le nom de chaque espèce – et leurs pattes sont rouges. Le chocard et le crave ont une silhouette élancée, des ailes longues et larges, ainsi qu’une longue queue arrondie. Ces dispositions morphologiques en font d’excellents voiliers, capables d‘acrobaties aériennes étonnantes.
Fourmis, fruits et ordures ménagères…
Les craves et les chocards se nourrissent principalement à terre. Ils ont un régime éclectique. Principalement insectivores au printemps et en été, ils arpentent les alpages, les prairies, les terres labourées, ainsi que les pelouses sèches en ce qui concerne les craves, sondant le sol avec leur bec.
Dans certaines régions, les fourmis occupent une place prépondérante dans l’alimentation du crave. Il les capture le plus souvent au sol, fouillant les galeries avec son long bec arqué, mais également en vol, au moment de l’émergence des fourmis ailées. Les chocards apprécient aussi les fruits sauvages ou cultivés. A plusieurs reprises, des craves ont été observés perchés sur le dos de moutons, explorant la laine à la recherche des parasites.
L’hiver, ces oiseaux ont tendance à se rapprocher des habitations humaines. Cela est particulièrement vrai pour les chocards, des habitués des stations de ski et des décharges municipales ; ils mangent aussi bien les déchets ménagers que les restes alimentaires abandonnés par les skieurs. Comme les autres corvidés, chocards et craves cachent souvent de la nourriture, consommée plus tard dans la saison.
A l’abri des prédateurs
Au début du printemps, les couples de craves établissent leur nid dans des crevasses ou des cavernes, situées le plus souvent sur des falaises inaccessibles. Ils nichent en solitaires ou forment des colonies lâches. Dans ce cas, l’apparition d’un aigle royal ou d’un grand corbeau déclenche une attaque collective. La construction de l’abri revient principalement à la femelle, mais le mâle participe à l’apport des matériaux. La femelle, régulièrement nourrie par son partenaire, incube de trois à cinq œufs pendant dix- sept ou dix-huit jours.
Au début, les poussins sont nourris uniquement par le mâle, puis par les deux parents. Ils quittent le nid à l’âge de trente-six jours environ, mais continuent d’être alimentés par les parents pendant deux à trois semaines. Au cours de cette période, les jeunes craves ont la particularité de rester cachés en permanence dans un trou ou une crevasse, ne quittant leur abri qu’à l’arrivée des parents.
Le comportement reproducteur du chocard est proche de celui du crave ; cependant, le premier a des habitudes nettement plus coloniales et ne niche presque jamais à moins de 600 mètres d’altitude.