Coléoptères
Les élytres des coléoptères constituent une protection efficace qui leur a permis de dominer la sous-classe des insectes autant par le nombre d’espèces que par celui des individus. Cette carapace coriace les protège des chocs et des prédateurs et leur permet de résister à la déshydratation comme à l’excès d’humidité.
Le pliage de l’aile sous l’élytre
L’aile membraneuse des coléoptères se caractérise par sa partie distale qui peut se replier sous la région proximale, le tout s’abritant sous l’élytre. Un tel système de pliage a occasionné la modification de la nervation, dont on distingue d’ordinaire trois types : chez le premier (dit adéphagien), il existe une cellule fermée qui agit comme une charnière quand l’aile est repliée; chez le deuxième (dit staphylinidien), les nervures transversales ont presque disparu ; enfin, chez le type can- tharidien, les nervures médiane et cubitale forment une boucle caractéristique. Quelques coléoptères, comme les minuscules ptiliidés, présentent par ailleurs des ailes réduites à des moignons filiformes pourvus de soies.
Tous les coléoptères ont un cycle de métamorphoses complet, les larves étant beaucoup plus diversifiées que les adultes. Leurs pièces buccales (de type broyeur) autorisent les régimes alimentaires les plus variés, qui déterminent leur taille et leur aspect. Ainsi, le goliath géant, xylophage, pèse jusqu’à 100 grammes, tandis que les ptiliidés, qui se nourrissent de spores de moisissures, peuvent aisé¬ment passer par le chas d’une aiguille.
Des plus archaïques aux plus évolués
On distingue généralement trois sous- ordres : Archostemmata, Adephaga et Polyphaga. Les Archostemmata sont des coléoptères archaïques dont les ailes ne se replient pas au repos, mais s’enroulent dans leur partie distale. Leurs larves ont des pattes à six articles. Ces xylophages avaient déjà des représentants au per- mien, très voisins des formes actuelles. Les Adephaga (cicindèles, carabes, dytiques, gyrins, etc.) constituent un ensemble de coléoptères encore assez primitifs (pattes larvaires à 6 articles), mais pourvus également de caractères plus spécialisés liés à leur activité prédatrice. Terrestres ou aquatiques, ces insectes sont remarquablement adaptés à la prédation. L’immense sous-ordre des Polyphaga – de loin le plus abondant – regroupe tous les autres coléoptères. Les cinq articles des pattes de leurs larves attestent une évolution plus poussée.
La conquête des terres émergées
Les coléoptères prospèrent en toute saison et partout où la vie est possible – la pleine mer exceptée -, des déserts aux fleuves et du littoral aux hautes montagnes. De nombreux coléoptères, même les plus massifs comme les gros scarabées, sont aptes au vol. Toutefois, la majorité passent le plus clair de leur temps sur le sol ou parmi la végétation. La réussite des coléoptères est due à leur capacité à utiliser toutes les ressources disponibles de leur environnement. Si certains consomment des sucs et des nectars, d’autres sont de féroces prédateurs, comme les carabes, les coccinelles, les vers luisants terrestres et les dytiques aquatiques. Le plus grand nombre préfère toutefois s’attaquer aux substances végétales, sous toutes leurs formes. Fleurs, feuilles, pousses, graines, branches, racines et troncs peuvent ainsi constituer leur ordinaire. Toutes les ressources de la litière (bois, champignons, humus, charognes et excréments) sont également exploitées. Les coléoptères remplissent, par conséquent, une fonction irremplaçable dans le cycle de l’azote. Quelques espèces pénètrent dans les ha¬bitations et les entrepôts, où elles occasionnent parfois de sérieux dégâts. Les vrillettes et l’horloge de la mort comptent parmi les dangereux xylophages qui s’attaquent aux poutres, tandis que les charançons et les bruches préfèrent les grains dont leurs larves raffolent.
Pourtant, les coléoptères savent aussi se rendre indispensables : ainsi, après avoir introduit des bovidés en Australie, les hommes furent contraints d’importer des bousiers – qui manquaient sur le continent australien -, capables de détruire les bouses de vache qui avaient envahi les pâturages.
Une morphologie adaptée au terrain
En occupant des niches écologiques très différentes, les coléoptères ont acquis toutes sortes de formes et d’aptitudes. Ainsi, les ténébrionidés des déserts, aux couleurs sombres et aux pattes fouisseuses, sont souvent dépourvus d’ailes; les dytiques, hydrophilidés et autres groupes aquatiques présentent un corps parfaitement hydrodynamique et des pattes aux tarses modifiés en palettes natatoires.
Les ténébrionidés résistent particulièrement bien aux pénuries de nourriture et à la sécheresse ; de nombreuses espèces s’enterrent le jour et sortent le soir à la recherche de substances végétales. Les dytiques, en revanche, sont très mobiles (tant à l’état adulte qu’à l’état larvaire), chassant activement leur proies durant la journée. Ils ont, par ailleurs, conservé l’aptitude au vol qui leur permet de se déplacer d’un point d’eau à un autre.