Copépodes
Peu fossilisés, les ancêtres des copépodes sont mal connus : les plus anciens fossiles datent du miocène, mais leur origine est probablement beaucoup plus lointaine. On admet qu’ils constituent – par le nombre d’individus – le groupe animal le plus important à la surface de la Terre. Ils sont répartis en dix ordres, représentés par quelque 13 000 espèces connues. Élément dominant du zooplancton dans les océans – où ils peuvent former des essaims de millions d’individus, les copépodes peuplent aussi les eaux continentales (superficielles et souterraines). Abondants sur et dans le sédiment, ils vivent aussi dans des milieux plus restreints : litière des sous-bois, mousses, creux des feuilles, flaques. Présents sous toutes les latitudes et à toutes les profondeurs- on les trouve aussi bien dans les sources hydrothermales des fonds océaniques ou sur les hauteurs de l’Himalaya que dans les lacs sous-glaciaires de l’Antarctique.
De nombreuses espèces vivent en association avec d’autres invertébrés : éponges, anémones, coraux, holothuries, autres crustacés. Certains peuvent résister aux conditions défavorables du milieu grâce â divers stratagèmes : enkystement, production d’œufs de durée, enfoncement dans le sédiment et vie ralentie.
Un œil unique, et onze stades larvaires
Les copépodes libres ont un aspect plus ou moins fusiforme. Les plus petits mesurent moins de 0,3 mm, tandis que le plus grand, Bathycalanus sverdrupi, atteint 17 millimètres. Leur œil unique leur a valu le nom de monocles puis de cyclopes. Le corps est flexible en son milieu. La région antérieure porte les appendices habituels des crustacés et les cinq paires de pattes, la cinquième paire pouvant être réduite, absente, ou modifiée en organe copulateur chez le mâle. La partie postérieure, sans appendice, se termine par un segment bifide prolongé de soies et formant une fourche, ou furca.
Les sexes sont séparés, et le mâle est plus petit que la femelle. Les œufs sont portés par la femelle dans un ou deux sacs ovigères, mais peuvent aussi être libérés un à un dans le milieu. Le développement des copépodes est compliqué : de l’œuf naît une larve nauplienne; à la sixième mue, celle-ci devient un copépodite, une forme larvaire segmentée propre aux copépodes ; cinq autres mues suivront avant le stade adulte.
Les dandys du plancton
Les copépodes sont considérés comme les formes les plus élégantes du zooplancton, par leur allure et leurs couleurs. Ils sont souvent bleus ou simplement transparents, laissant alors voir les organes internes : tube digestif, ovaires, cœur (présent seulement chez les plus primitifs). Beaucoup sont brillamment colorés par des gouttelettes rouges ou orangées. Des espèces marines des genres Metridia et Pleuromamma émettent de la lumière en réponse à un stress.
Une arme de la lutte biologique
Le rôle des copépodes dans les écosystèmes trophiques est de mieux en mieux connu. Ils sont en particulier un aliment privilégié pour les alevins de nombreux poissons, d’où un intérêt croissant pour leur élevage. Dans le cadre de la lutte biologique, on teste leur capacité de prédation pour éliminer les larves de moustiques vecteurs de maladies (par exemple, la filariose de Bancroft).
Par ailleurs, leur action dans la transmission de parasitoses, telle la dracunculose (voir Pilaires), est l’objet de recherches en médecine vétérinaire et humaine.