Ecureuils
Les écureuils partagent avec les castors des montagnes (aplodontidés) certains caractères anatomiques, et l’on considère que les deux groupes sont apparentés et ont leurs origines en Amérique du Nord. Mais, alors que les aplodontidés n’ont jamais réussi à peupler d’autres continents et ne survivent plus que par une seule espèce, les écureuils sont partis à la conquête de toutes les provinces biogéographiques qu’ils pouvaient atteindre par voie terrestre. Ils ont atteint l’Asie par le détroit de Béring, puis l’Europe, dont ils ont occupé les steppes et les forêts du Nord. Ils se sont également répandus dans les forêts et les îles de l’Asie tropicale, où sont apparues de nombreuses formes, capables de pratiquer le vol glissé d’arbre en arbre. Au miocène, le rétablissement des liaisons terrestres entre l’Afrique et le sud de l’Europe a permis une nouvelle diversification, vers les zones sèches et arides du continent africain, puis vers sa forêt équatoriale. Enfin, à la fin du tertiaire, l’émergence de l’isthme de Panama leur a ouvert la route de l’Amérique du Sud, où î. ils se sont diversifiés en 4 genres et 18 espèces, toutes arboricoles et forestières.
Le secret de la réussite : ne pas se spécialiser
La taille des sciuridés varie de celle d’une souris, chez l’écureuil nain du Gabon qui pèse 10 grammes, à celle d’un chat : une marmotte peut peser 8 kilos au début de l’hiver. Mais ils ont conservé, malgré leur histoire mouvementée, des caractéristiques communes, qui permettent de reconnaître un membre du groupe au premier coup d’œil. Leur corps est allongé avec une queue touffue, longue chez les formes arboricoles, plus courte chez les formes terrestres. Leur poil est long et fin. Leurs yeux sont grands et ils ont une vision excellente. Leurs oreilles et leur ouïe sont également bien développées. Leur denture est celle de tous les rongeurs avec, à chaque mâchoire, une paire d’incisives à croissance continue. La tête, les pieds et la face externe des membres portent des vibrisses sensorielles. Les pattes se terminent par cinq doigts – le pouce est souvent atrophié – munis d’ongles acérés; les pattes arrière sont plus développées. L’extrémité du museau est dépourvue de poils.
La morphologie de base des écureuils est assez voisine de celle des rongeurs primitifs et l’on considère que leur succès est lié à cette absence de spécialisation, qui les rend aptes à faire face aux modifications du milieu. La preuve en est que, face aux écosystèmes variés qu’ils ont rencontrés, au cours de leurs migrations,, ils ont produit, par convergence, des types adaptatifs semblables, dans des habitats aux caractéristiques écologiques comparables. Des formes terrestres peuvent devenir arboricoles, et des formes arboricoles ont, sans doute plusieurs fois et indépendamment, produit des planeurs munis d’un pa¬tagium (membrane de peau qui joint les membres antérieurs et postérieurs et permet le vol glissé).
Les écureuils arboricoles
Ils vivent et nichent dans les arbres, soit dans des nids de feuillage, soit dans les cavités des troncs creux. Ils grimpent et sautent avec aisance, et sont capables de se pendre par les pieds. Leur queue, qui fait office de balancier et de gouvernail, est aussi longue que leur corps. A terre, ils progressent par bonds, s’arrêtant fréquemment pour observer les alentours. Comme d’autres mammifères (dermoptères, phalangers, anomalures), certaines formes ont acquis un patagium: Les plus grandes espèces peuvent planer sur une distance atteignant 100 mètres. Les traversées d’arbre en arbre se font rarement au hasard et ces écureuils empruntent, le plus souvent, des itinéraires connus. Certains emplacements ‘ont de véritables «échangeurs» et l’écorce y est griffée par les passages répétés de nombreux animaux.
Le régime de base des écureuils arboricoles est constitué de fruits, de graines, de feuilles et de bourgeons, mais, en période de pénurie, ils peuvent consommer l’écorce e: la sève des arbres. Certaines espèces ont particulièrement développé la composante insectivore de leur alimentation, telles les formes naines, apparues par convergence dans différentes régions : l’écureuil pygmée du Gabon (genre Myosciurus), les petits écureuils amazoniens (genres Microsciurus et Sciurillus) et les écureuils pygmées orientaux des îles Philippines, de Sumatra, Java et Bornéo (genre Nannosciums). Le plus insectivore de tous est le curieux Rhinosciu- rus de Malaisie et des îles de la Sonde, que son nez allongé rend semblable à une grande musaraigne, et qui se nourrit presque exclusivement de fourmis et de termites.
L’écureuil avait tout prévu…
Les- écureuils construisent des nids de forme ronde, faits de brindilles et de mousse, qui peuvent atteindre 50 centimètres de diamètre. Ils s’y reposent et y élèvent leurs petits. La gestation dure de vingt à quarante jours. Les portées comprennent un ou deux petits chez les écureuils volants, jusqu’a dix dans certaines espèces. Ils naissent nus et aveugles et restent au nid pendant sept à huit semaines. Les mères veillent attentivement sur leur progéniture, nettoient leurs petits en les léchant et les transportent dans un autre nid en cas d’alerte. Quand la nourriture est abondante, les écureuils constituent des réserves, surtout des fruits de hêtres (faînes) et de conifères, des noix, des glands et diverses graines. Au cours de ce comportement instinctif, l’animal effectue toujours les mêmes opérations dans le même ordre : il creuse un trou profond dans la terre avec ses pattes de devant, y dépose sa cueillette et l’enfonce à vigoureux coups de museau, rebouche le trou et le recouvre avec des feuilles, qu’il piétine ensuite. Durant la mauvaise saison, les écureuils sont capables de découvrir d’anciennes cachettes, même sous une couche de neige de 30 centimètres. Un animal peut entreposer plusieurs dizaines de cônes de pin. Ce comportement a pour conséquence de permettre l’extension des variétés d’arbres dont il a enseveli les fruits.
Les principaux ennemis des écureuils sont les rapaces, les petits carnivores sauvages, le chat à proximité des habitations humaines. Leur longévité est de huit à dix ans, jusqu’à quinze ans en captivité.