Forces et faiblesses de la situation énergétique européenne
Forces et faiblesses de la situation énergétique européenne
Après avoir exposé les grandes lignes de l’élaboration de la politique européenne de l’énergie, il est maintenant temps de regarder la «.vjation énergétique européenne plus en détails. La principale fai- biesse de la situation énergétique européenne est évidemment son manque relatif de ressources propres d’hydrocarbure. Les taux i importation de pétrole et de gaz se trouvent respectivement à 80 % tt 50 % de la consommation européenne Ces pourcentages sont amenés à augmenter davantage, en raison du déclin rapide des gisements de pétrole et de gaz en mer du Nord. Certes, l’Europe possède d’abondantes réserves de charbon mais compte tenu de son ambitieux objectif de réduction des émissions de carbone d’au moins 20 % d’ici 2020, je charbon n’est pas une option très attrayante du moins aussi longtemps que la capture de carbone et son stockage (CCS) demeurent trop chers pour être adoptés à échelle industrielle.
L’Europe possède également des atouts considérables dans le secteur de l’énergie. Bien que l’intensité énergétique de son économie soit plus élevée que celle du Japon elle est considérablement inférieure à celle des Etats-Unis. L’Europe possède des entreprises leader ians pratiquement chaque segment du marché, que ce soit dans la production d’électricité (EDF, E.On), de pétrole et de gaz (BP, Shell, Total, GDF Suez), dans la construction de réacteurs nucléaires Areva), de turbines (Alstom, Siemens) ou dans les énergies renouvelables (Vestas). Son infrastructure physique et institutionnelle est également de très grande qualité.
Néanmoins, en l’absence de meilleurs efforts pour favoriser les énergies renouvelables et encourager des changements structurels, l’évolution du secteur de l’énergie en Europe risque de stagner. La consommation d’énergie et, en particulier, la production d’électricité, continueront à dépendre largement des combustibles fossiles. En 1004, le charbon constituait, selon les derniers chiffres de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), 18 % de la consommation totale l’énergie primaire, le pétrole 37 %, le gaz 24 %. Le reste est fourni grâce à l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables à hauteur d’environ 20 % (voir le graphique ci-dessous). Selon le « scénario de référence » de l’AIE (la prolongation des tendances actuelles), le for taux de croissance de presque 5 % par an des énergies renouvelables (comparé au taux de croissance de 0,5 % de l’approvisionnement global en énergie primaire et au moins de 0,2 % dans un scénario alternatif plus proactif) n’apportera pas de changement spectaculaire à cette situation puisque cette croissance débute à un niveau très bas.
En raison de l’inélasticité de la demande énergétique dans le secteur des transports, toute impulsion pour un changement structurel devrait venir du secteur de l’électricité. Le charbon et l’énergie nucléaire représentent ici chacun 31 % de la production totale, alors que le gaz représente 19 %, l’énergie hydraulique 10 %, les énergies renouvelables 5 % et le pétrole 4 %. L’AIE s’attend à ce que le gaz et les énergies renouvelables se développent rapidement (à une croissance de 3 % et 6 % respectivement sur un marché où la croissance annuelle est de seulement 1 %) pour atteindre 32 % et 19 % respectivement de la production totale d’électricité en 2030. Ceci ira de pair avec le déclin des parts du charbon et de l’énergie nucléaire. Sur ce dernier point, les prévisions de l’AIE semblent plutôt pessimistes. En 2030, l’Europe utilisera plus et non moins d’énergie nucléaire qu’aujourd’hui. Il faut savoir cependant que les prévisions de l’AIE doivent refléter les positions officielles des gouvernements – telle; que la sortie du nucléaire annoncée en l’Allemagne et Suède – même lorsque les réalités du terrain sont déjà en train d’évoluer. La part du nucléaire dans la production d’électricité pourrait même augmenter assez rapidement si la renaissance annoncée de l’énergie nucléaire es: confirmée par de nouvelles commandes suite à la construction de nouveaux EPR (European Pressurised Reactor) en Finlande et en France.
Pourquoi les perspectives européennes d’énergie ne diffèrent pas sensiblement de la situation actuelle ? Les trois raisons principales sont :
1) l’inélasticité de la demande de pétrole pour le transport privé et le manque de progrès technique ; néanmoins, stimulé par les prix élevés du pétrole, plusieurs projets sérieux pour le développement de; véhicules électriques sont en cours ;
2) l’attractivité durable du gaz naturel en tant que carburant de choix des investisseurs privés sur les marchés libéralisés de l’énergie de l’Europe ;
3) l’incapacité des décideurs européens de se mettre d’accord sur une politique énergétique cohérente .
Il serait cependant injuste de caractériser la situation énergétique européenne en état de stagnation complète. Les objectifs ambitieux du 2e paquet législatif « Énergie et climat » ne pouvaient pas encore être retenus .
Vidéo: Forces et faiblesses de la situation énergétique européenne
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