Hérissons
La famille des érinacéidés est divisée en deux groupes inégaux : les hérissons et les gymnures. Les premiers, évolués, se sont adaptés à des milieux variés, alors que les seconds, vraiment primitifs, sont restés confinés dans la forêt du Sud-Est asiatique. Hormis la peau, les animaux des deux sous-familles se ressemblent beaucoup, en particulier par leurs molaires carrées d’omnivores. Les gymnures ont le museau plus long que les hérissons. La grande particularité de ces derniers est leur pelage dorsal, transformé en piquants aigus, mus par un puissant muscle peaussier.
L’avatar récent d’un groupe ancien
Les dents et le gros cerveau du hérisson attestent une importante évolution, qui s’est déroulée essentiellement en Asie depuis 100 millions d’années. Le genre Erinaceus existait déjà en Europe au miocène. Depuis des millions d’années, les hérissons reculent et avancent en fonction du climat; le hérisson actuel de France s’est réfugié pendant la dernière glaciation en Espagne, d’où il est reparti à la conquête de l’Europe il y a 10 000 à 15 000 ans.
La distribution du hérisson commun (Erinaceus europaeus) est curieuse : il fréquente toute l’Europe de l’Ouest jusqu’aux Balkans et à la Pologne, où il est remplacé par le hérisson d’Europe orientale (E. concolor). En Scandinavie et en Russie du Nord, on retrouve E. euro-paeus, dont la répartition s’étend jusqu’au Pacifique. Les trois genres de hérissons se rencontrent à la fois en Afrique et en Eurasie, mais Hemiechinus et Paraechinus sont des genres particulièrement adaptés à l’aridité.
Victimes de la route
Le hérisson commun est crépusculaire et solitaire. Il circule à travers son domaine, furetant au gré de son odorat et de ses habitudes. Il mange de tout, y compris des charognes, avec une dominante carnivore, et fait preuve d’une étonnante résistance naturelle à la plupart des venins. Les femelles sont prolifiques, et peuvent avoir sous nos climats deux portées de trois à sept petits par an; ils naissent avec des piquants courts et mous, dissimulés dans l’épaisseur de la peau ; ils sont autonomes à deux mois.
En cas de danger, le hérisson contracte son muscle peaussier, ce qui le fait mettre en boule, les piquants dressés ; cette défense passive est très efficace contre la plupart des prédateurs, sauf le grand duc et les pneus des voitures… Il faut savoir que 100 mètres de route nationale tuent un hérisson par an, en moyenne.