Hippopotames
Dans le nord de la République centrafricaine, aux confins de la savane et de la zone sahélienne, se trouve une mare qui, à la fin de la saison sèche, n’est plus qu’un immense bourbier. Près de 500 hippopotames de tous les âges et de toutes les tailles s’y vautrent la journée durant, et se disputent les endroits les plus profonds. Toute la surface de leur peau délicate, qui ne retient pas l’eau malgré son épaisseur, doit en effet être protégée du soleil par un film de boue. La perte, par évaporation, y est proportionnellement trois à cinq fois supérieure à ce qu’elle représente chez l’homme. La situation difficile de ce troupeau centrafricain est l’extrême limite de ce que ces animaux peuvent supporter. Les alentours de cette mare sont dépourvus de toute végétation et, pour pâturer, les pachydermes doivent parcourir plus d’une dizaine de kilomètres la nuit, puis regagner leur refuge avant que l’ardeur du soleil ne les menace à nouveau de déshydratation. Leur itinéraire est jonché des squelettes de ceux, trop faibles ou trop vieux, pour lesquels ce marathon nocturne était devenu impossible. On imagine les conséquences que pourrait avoir, ici, un retard de quelques semaines du retour des pluies.
Oisifs mais belliqueux
Les narines, les yeux et les oreilles des hippopotames sont placés au sommet de leur tête, sur une même ligne : ils peuvent s’immerger presque totalement en les laissant affleurer à la surface. Leurs narines se fermant totalement sous l’eau, les hippopotames sont capables de rester en apnée environ cinq minutes et de marcher au fond des cours d’eau. Leur peau, dépourvue de poils, possède des glandes qui sécrètent un mucus rougeâtre qui, en séchant, forme un enduit protecteur à la fois contre la déshydratation et contre les rayons ultraviolets.
Les accouplements, la mise bas et l’allaitement se déroulent dans l’eau. Les herbes dont ils se nourrissent sont arrachées à l’aide de leurs larges lèvres et digérées dans un estomac à trois compartiments. Leurs besoins quotidiens en aliments sont, proportionnellement, inférieurs à ceux des autres ongulés. Leur mode de vie sédentaire et oisif réduit en effet leurs besoins énergétiques : les hippopotames sont casaniers et territoriaux.
Les combats entre mâles règlent la répartition des domaines liés à la reproduction, à proximité des cours d’eau. Ces combats peuvent être violents : les canines énormes et affûtées occasionnent des blessures mortelles. La hiérarchie ainsi établie est relativement stable et le même individu peut conserver son territoire pendant six ou sept ans. Les mâles territoriaux ont seuls accès aux femelles et ne tolèrent la présence de congénères plus jeunes que si ces derniers font acte d’allégeance.
Comment retrouver son chemin dans le noir?
Les déplacements à terre se font le long de pistes balisées par des excréments, que des mouvements rapides de leur petite queue triangulaire dispersent en même temps que l’animal défèque. Cet épandage odorant a pour fonction d’établir des repères lors des sorties nocturnes et ne constitue pas un marquage territorial. Lorsque les populations sont trop nombreuses, elles peuvent modifier profondément les berges des cours d’eau, qui sont ravinées par les couloirs d’accès et dont la végétation est arasée.
Vidéo : Hippopotames
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Hippopotames