La russie et la région caspienne: entre l'orient et l'occident
À l’orée du vingtième siècle, l’empire russe émerge en tant que grand pays producteur et exportateur de pétrole : grâce au développement de l’industrie pétrolière dans la région de Bakou, sa production atteint plus de 11 millions de tonnes en 1901, soit environ la moitié de la production mondiale de l’époque. À Bakou, ville cosmopolite et carrefour entre l’Orient et l’Occident, des entrepreneurs venus de Russie et d’Europe bâtissent leurs fortunes sur le pétrole, tels les frères Nobel. Des savants, dont le chimiste Dimitri Mendeleïev, mettent leur savoir et leur expertise au service de l’industrie pétrolière en pleine expansion.
Après un siècle tumultueux, marqué par un cortège de réussites et de tragédies, la Russie est de retour sur la scène internationale en tant qu’exportateur majeur de pétrole et de gaz. Son ambition est de devenir une superpuissance énergétique dans un contexte où la demande d’énergie globale ne cesse d’augmenter. Selon la stratégie énergétique du gouvernement, la Russie – puissance eurasiatique – serait en mesure d’assurer la sécurité énergétique de ses voisins de l’Ouest et de l’Est. Les pays de l’ex-Union soviétique de la région Caspienne caressent les mêmes ambitions : dotés de réserves pétrogazières, ces derniers pourraient devenir d’importants fournisseurs d’énergie si leur potentiel était pleinement exploité.
L’énergie en Russie
La Russie est l’un des plus grands pays producteurs d’énergie au monde elle figure parmi les premiers producteurs-exportateurs de îaz naturel et de pétrole. Contrairement aux autres grandes nations
industrialisées, la Russie est autosuffisante en énergie, grâce à des ressources naturelles abondantes : le pays détient notamment les plus grandes réserves en gaz naturel au monde et les deuxièmes réserves de charbon. Elle possède également un important potentiel hydroélectrique avec 9 % des ressources hydrauliques mondiales. Ses sources d’électricité sont relativement diversifiées : les générateurs thermiques conventionnels fournissent 66 % de l’électricité, l’hydraulique 18 % et le nucléaire 16 % .
La Russie non seulement produit, mais consomme également beaucoup d’énergie : elle se place au second rang des plus gros consommateurs de gaz naturel après les États-Unis. Le gaz couvre environ la moitié de ses besoins énergétiques actuels. Sa consommation énergétique primaire par habitant est comparable à celle des pays de l’UE-15 ou du Japon (environ 4,5 Mtep/habitant/an) mais elle est inférieure à celles des pays nordiques ou nord-américains. En même temps, sa consommation d’électricité et de pétrole par habitant reste inférieure à celle des autres pays industrialisés. L’économie russe se caractérise également par une forte intensité énergétique (environ trois fois supérieure à celle des pays de l’UE et du Japon).
Une des spécificités de la Russie est que la majeure partie de sa population et de son parc industriel est située à l’ouest du territoire, dans la partie européenne, tandis que les ressources naturelles se trouvent principalement dans la partie asiatique, soit à des milliers de kilomètres à l’Est et au Nord des principaux centres de consommation Ceci implique des coûts de transport élevés et requiert d’attirer la main-d’œuvre vers les régions inhospitalières de Sibérie. Les coûts de production des gisements sont également considérablement plus élevés que ceux, par exemple, en Arabie Saoudite ou au Qatar. En outre, les niveaux de consommation varient considérablement d’une région à l’autre, la région fortement peuplée de Moscou et celle très industrialisée de l’Oural devant déjà faire face à des problèmes d’approvisionnement électrique.
Le complexe énergétique — TEK 2 en russe – est un secteur-clé du développement économique de la Russie contemporaine. Le TEK assure une grande partie de la production industrielle (environ un quart du PIB) et génère d’importants revenus pour l’Etat (environ un tiers du budget fédéral). La consommation d’énergie par habitant détermine généralement le développement et le niveau de vie d’un pays. Or l’énergie est en Russie bien plus qu’une base et une locomotive pour l’économie : c’est un secteur vital qui permet aux habitants de résider et de s’adapter à des conditions climatiques extrêmes. Toute coupure d’électricité en hiver serait catastrophique : en effet, l’arrêt du fonctionnement des chaudières provoquerait le gel et l’éclatement de l’ensemble des canalisations et des radiateurs, rendant les lieux inhabitables. Les malheureux habitants de Sibérie ou de Sakhaline qui ont déjà subi des coupures d’électricité hivernales ont sans doute pris conscience de l’importance d’un approvisionnement sûr et fiable.
La Russie est un des premiers exportateurs d’énergie au monde grâce au pétrole et au gaz qui prédominent son commerce extérieur. En fait, les hydrocarbures représentent plus de la moitié de son commerce extérieur, une part qui s’est sensiblement accrue au cours des dix dernières années. Environ les deux-tiers de la production de pétrole brut et un tiers de la production de gaz naturel sont voués à l’exportation, en majeure partie destinée aux pays de l’UE. À l’avenir, la Russie pourrait diversifier ses exportations vers les marchés de l’Est, notamment vers la Chine, le Japon ou l’Inde, grâce à la construction de nouvelles infrastructures de transport. La Russie exporte également de l’électricité, principalement vers les pays de l’ex-URSS. Elle est enfin le troisième exportateur de charbon, avec 10 % des ventes mondiales. Les richesses en matières premières constituent incontestablement un des principaux « avantages compétitifs naturels » du pays.
Avec seulement 2 % de la population mondiale, 3 % du PIB ) et une économie fortement dépendante du commerce des matières premières, la Russie peut difficilement prétendre à un statut de superpuissance. Pourtant, dans un contexte d’accroissement de la demande globale et de ressources limitées, l’énergie redevient non seulement une commodité stratégique, mais aussi un puissant instrument géopolitique. Ses richesses énergétiques lui permettraient ainsi de retrouver une influence politique et de jouer un rôle croissant sur ’a scène internationale.
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