L'eau éteint-elle le feu ?
L’eau éteint-elle le feu ?
L’eau éteint les feux classiques par refroidissement et par étouffement. En revanche, son emploi peut s’avérer catastrophique dans le cas de feux d’aluminium, lorsque du matériel électrique est concerné ou s’il y a risque de flashover.
Toute combustion fait intervenir simultanément trois agents : un combustible, un comburant (en général l’oxygène de l’air) et de l’énergie. Si l’un quelconque des éléments qui constituent le triangle du feu vient à manquer, il s’éteint. L’eau agit d’abord sur le facteur énergie, en refroidissant le milieu. Les molécules de combustible et de comburant ne réagissent que si leur vitesse, qui dépend de la température, est suffisante. Par sa capacité calorifique et sa chaleur latente de vaporisation particulièrement élevées, l’eau abaisse la température. L’agitation moléculaire décroît et la combustion s’arrête.
L’eau agit également par étouffement. En se vaporisant, elle fait écran et l’oxygène de l’air n’arrive plus jusqu’au combustible. Un litre d’eau libère 1 700 litres de vapeur à 100 °C, 2 400 litres à 260 °C et 4 200 litres à 650 °C ! L’expérience qui suit montre que l’eau ne se contente pas de refroidir. Placez une allumette enflammée au-dessus d’une casserole d’eau froide : rien ne se passe. Réitérez l’expérience au-dessus de l’eau en train de bouillir : l’allumette s’éteint de suite, bien que la température soit beaucoup plus élevée.
Les pompiers distinguent différentes classes de feux. Les feux de solides comme le bois ou le papier, dits de classe A, s’éteignent avec l’eau, de même que certains feux de liquides ou solides liquéfiables, dits de classe B. Des additifs peuvent être ajoutés aux extincteurs de manière à réduire la taille des gouttelettes et augmenter leur pouvoir mouillant ou retarder leur pénétration. En ville, on éteint la plupart des incendies avec moins de 400 litres d’eau alors que les engins de pompiers peuvent débiter jusqu’à 1 000 litres par minute. Dans le cas d’incendies de forêt, les canadairs déversent leurs 6 000 litres en quelques secondes.
En revanche, lorsque du matériel électrique est concerné (feux de classe C), le pompier doit se garder d’intervenir avec sa lance à incendie car il subirait un choc électrique violent, l’eau conduisant le courant. L’eau est également proscrite pour les feux de classe D, touchant des métaux peu usuels comme le lithium, le sodium, le potassium ou le baryum, mais aussi l’aluminium et le magnésium. Tous ces corps réagissent violemment avec l’eau en dégageant de l’hydrogène (un simple taille-crayon à base de magnésium plonger dans l’eau à température
ambiante dégage quelques bulles). On préconise alors l’emploi du dioxyde de carbone, chimiquement inerte, ou le recours à des poudres spéciales.
Dernière situation dans laquelle il <convient d’utiliser l’eau avec doigté : lorsqu’il y a risque de flashover. De petits loyers incendiaires peuvent parfois dégénérer. Le flashover se traduit par un embrasement spontané et généralisé de gaz de pyrolyse inflammables dégagés à très haute température lorsque des matériaux comme le bois se décomposent. Les fibres de cellulose du bois, qui a été asséché, se cassent un libérant du monoxyde de carbone, du cyanure d’hydrogène et d’autres gaz combustible, qui s’accumulent au plafond où la température peut atteindre 300 °C, 500 °C, voire plus (des fumées blanches sortent alors des contenants). A ces températures, beaucoup de matériaux s’enflamment spontanément et c’est la catastrophe. L’autoinflammation du papier, par exemple, a lieu à 233 °C Mil! 451 degrés Fahrenheit, comme le rappelle le film homonyme. Le flashover se produit dans des locaux semi-fermés (porte ou fenêtre entrouverte) dans les lesquels l’oxygène pénètre, mais en petite quantité. Signes précurseurs : au plafond apparaissent d’abord les anges dansants (dancing angels), sortes de flammèches localisées dues au gaz de combustion. Puis survient l’embrasement général des matières combustibles.
Comment prévenir le flashover[I]? De l’eau déversée en abondance transformerait le local en cocotte-minute et créerait trop de vapeur brûlante. Expulsées hors
de la pièce, les matières combustibles s’embraseraient dans l’oxygène extérieur La meilleure technique est de projeter de petites quantités d’eau en jets diffus de manière à ce qu’elles s’évaporent rapidement et refroidissent les gaz no brûlés accumulés au plafond. En procédant par pulvérisations successives, I vaporisation des gouttelettes avant leur arrivée au sol ou sur les murs abaisse la température des gaz de la zone traitée. Pour évaluer les risques de flashover les pompiers testent les plafonds en projetant un peu d’eau au plafond ave leur lance. Si celle-ci ne retombe pas en gouttelettes mais se vaporise avec un bruit caractéristique, le plafond est chaud.
Vidéo : L’eau éteint-elle le feu ?
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