Les acteurs industriels
Des milliers d’entreprises, privées et publiques, sont impliquées lans l’industrie de l’énergie. Elles peuvent être locales, nationales ou nultinationales. Compte tenu du caractère stratégique de l’énergie, un :ertain nombre de pays dans le monde ont opté pour le contrôle par ‘État de ce secteur. Les cas du Royaume-Uni et de la France après la Seconde Guerre mondiale sont symboliques : l’industrie du pétrole British Petroleum, Total et Elf Aquitaine), les mines de charbon (Bri-ish Coal et Charbonnages de France), le transport et la distribution du zàz (British Cas et Gaz de France), la production et la distribution d’électricité (Central Electricity Generating Board et Électricité de France) ont été placés sous le contrôle des gouvernements. Les Etats- Unis. avec une industrie de l’énergie presque totalement privée, constitue une exception. Suivant la même philosophie d’un contrôle stratégique par l’État, un certain nombre de pays en développement et la plupart des pays exportateurs de pétrole et de gaz ont nationalisé leurs industries de l’énergie et créé des compagnies d’État.
Au début des années 1980, la lutte entre les gouvernements et les marchés a tourné en faveur de ces derniers et ouvert la voie aux privatisations. Sous l’impulsion de Mme Thatcher, le gouvernement britannique a presque entièrement privatisé son industrie de l’énergie. En Europe continentale, le capital de plusieurs entreprises contrôlées par .
Etat a été ouvert et certaines entreprises européennes de l’énergie sont devenues des sociétés multinationales (Électricité de France, E.ON, GDF-Suez). Un vaste processus de privatisation, concentration et consolidation de l’industrie s’est mis en route avec, en particulier en Europe, l’émergence d’un oligopole du gaz et de l’électricité, combinant ces deux activités. Toutefois, dans les pays en développement, le modèle de contrôle par l’État reste bien ancré.
Certains acteurs industriels sont directement impliqués dans la géopolitique mondiale. Ce sont principalement les compagnies pétrolières internationales, les compagnies pétrolières nationales et les grands fournisseurs d’équipements. Dans le charbon, malgré des enjeux géopolitiques moindres, le rôle de quelques entreprises mérite d’être mentionné.
Les compagnies pétrolières internationales
Les compagnies pétrolières internationales représentent un petit Eub. Un certain nombre de fusions ont renforcé la concentration : Exxon-Mobil, Total-Fina-Elf, BP-Amoco-Arco, Chevron-Texaco. Parmi ces groupes, trois sont issus des sept sœurs 15, ces compagnies qui ont régné sur l’industrie pétrolière pendant des décennies, jusqu’au premier choc pétrolier. Aujourd’hui, elles restent encore des acteurs puissants, et figurent parmi les plus grandes entreprises du monde. Mais elles sont confrontées à une série de difficultés, la principale étant le nationalisme des ressources, qui amène un certain nombre de pays riches en pétrole à fermer leurs portes, ou à limiter la part des investissements internationaux. Selon PAIE, plus de la moitié des réserves prouvées de pétrole sont, soit fermées aux entreprises étrangères, soit ouvertes mais sous le contrôle des compagnies pétrolières nationales. Trois pays – le Koweït, l’Arabie Saoudite et le Mexique — restent totalement fermés à l’investissement étranger dans l’amont pétrolier. Les parts des grandes sociétés pétrolières (Exxon- Mobil, Shell, BP, Chevron-Texaco, Total, Conoco-Phillips et ENI) dans la production pétrolière et gazière mondiale sont respectivement de 16 et 18 %. Le paradoxe auquel font face les grandes compagnies pétrolières, qui réalisent des profits confortables, est qu’elles ont difficilement accès aux réserves disponibles pour lesquelles elles seraient prêtes à investir. En outre, les grandes compagnies sont observées attentivement par les marchés financiers, à la recherche de profits à court terme et de faibles risques ; mais elles sont aussi contraintes par les règles de « bonne conduite ». Enfin, ces compagnies sont confrontées à la rude concurrence des nouveaux venus : les compagnies chinoises, indiennes, malaises et brésiliennes.
Les compagnies pétrolières nationales
Les compagnies pétrolières nationales dans les pays exportateurs de pétrole et de gaz ont pris une part très importante dans la production mondiale d’hydrocarbures : environ 60 % pour le pétrole et plus de 30 % pour le gaz naturel. Nous sommes là au cœur d’une question majeure : les décisions stratégiques de ces entreprises en matière d’exploration et de développement et leurs ambitions internationales sont placées sous le contrôle de leurs gouvernements, une situation qui renvoie au nationalisme des ressources. En outre, les gouvernements sont le plus souvent méfiants vis-à-vis de leurs entreprises nationales, qui contrôlent une partie de l’argent du pétrole et du gaz. Une compagnie pétrolière nationale peut facilement devenir un Etat dans l’État. Le cas du Venezuela en 2003 illustre le bras de fer permanent entre les compagnies pétrolières nationales et leurs gouvernements. La société PDVSA voulait garder une grande partie des revenus du pétrole pour financer son développement national et international. Le président Chavez voulait cet argent pour ses dépenses politiques et sociales. La grève au sein de la compagnie a duré longtemps, réduisant la production de pétrole et les exportations. Le président Chavez a gagné. Quelques dizaines de milliers de grévistes ont été licenciés. La compétence industrielle et les capacités de production de la compagnie ont été touchées très sérieusement et pour longtemps. Mais le nationalisme des ressources a gagné.
Les fournisseurs d’équipements
Les fournisseurs d’équipements sont en concurrence dans le monde entier pour la livraison d’une gamme étendue d’équipements énergétiques allant d’un simple câble jusqu’à une centrale nucléaire clef en mains. Les fournisseurs d’équipements et les autres entreprises industrielles sont également très impliqués dans le « mécanisme de développement propre » qui constitue l’un des mécanismes de marché du Protocole de Kyoto, incitant aux investissements dans les technologies propres et dans l’efficacité énergétique dans les pays en développement. 16 D’un point de vue géopolitique, les fournisseurs et les constructeurs de centrales nucléaires occupent une position spécifique. Il existe quatre grandes entreprises : Areva, qui propose l’EPR ;European ou Evolutive Pressurized Reactor) de 1 600 MW, Westin- ghouse, désormais contrôlé par Toshiba, qui vend l’AP 1000, General Êlectric-Hitachi qui propose la ESBWR 1 550 MW et l’ABWR 1 350 et la compagnie russe Rosatom (associée à Siemens depuis 2009), qui fournit le VVER 1 000.
Les grandes entreprises charbonnières
Historiquement, l’industrie du charbon a été organisée sur une base nationale, les producteurs vendant leur production sur place. Depuis le début des années 1980, le marché mondial du charbon s’est développé très rapidement, en particulier pour le charbon vapeur 17. Après une série de fusions et acquisitions, les cinq principaux producteurs ont acquis une forte position dominante sur le marché international du charbon : Anglo, BHPBilliton, Glencore-Xstrata, Rio Tinto et Dru- mond. Tous, à l’exception de Drumond, produisent et négocient de multiples produits de base (« commodités »). Ces 5 compagnies ont acquis les parts suivantes au sein des activités de production et commercialisation des principaux pays exportateurs de charbon : 67 % en Australie, 38 % en Indonésie, 40 % en Russie, 86 % en Afrique du Sud, 82 % en Colombie. Cette forte concentration pourrait avoir une incidence sur les prix internationaux du charbon.
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