Les structures sociales dans les sociétés animales: les équidés
Ces toutes dernières années, de nombreux travaux ont été consacrés à la structure sociale des équidés.
Dans cette famille, il n’existe plus que sept espèces, toutes regroupées dans le même genre : Equus.
1) Le zèbre de plaine ou de steppe, le plus connu, le plus courant : Equus zébra burchelli.
2) Le zèbre de montagne, ou zèbre vrai : Equus zébra zébra.
3) Le zèbre de Grévy : Equus grevyi.
4} L’âne sauvage, avec les ânes sauvages d’Afrique : âne sauvage de Nubie : Equus asinus africanus ; âne sauvage de Somalie : Equus asinus somaliensis.
5) Le cheval sauvage de Mongolie, ou cheval de Przewalski : Equus caballus Przewalskii.
6) L’hémione, ou âne sauvage d’Asie : Equus hemionus hemionus.
7) Le cheval domestique : Equus caballus, avec ses nombreuses races.
Morphologiquement, il s’agit d’animaux dans l’ensemble très semblables. Ils partagent un même régime alimentaire à base d’herbe et occupent des habitats très ouverts. La plupart d’entre eux vivent dans des conditions climatiques qui les obligent à migrer à la recherche de points d’eau.
Ils sont aussi assez semblables dans leurs comportements parental et sexuel, ainsi que dans leurs jeux. Leurs combats se ressemblent et leurs défenses contre les prédateurs utilisent les mêmes méthodes. Mais, malgré cette homogénéité frappante, anatomique, physiologique et comportementale, deux systèmes d’organisation sociale bien différents se sont développés chez les équidés.
Le premier type d’organisation sociale:
Il est relativement peu structuré. Il concerne le zèbre de Grévy, les ânes sauvages d’Asie et d’Afrique et l’hémione.
Des troupeaux instables:
Les groupes et troupeaux sont assez instables. Leur composition est variable et les adultes ne s’associent guère de façon permanente. Les individus vivent de façon solitaire, surtout les mâles dès qu’ils atteignent l’âge de 4 à 5 ans, ou bien en groupes anonymes dont la composition varie de 2 à 25 individus des deux sexes. Il existe aussi des groupes d’individus d’un seul sexe – groupes d’étalons, groupes de juments – ou de juments avec des poulains, ou d’étalons et de femelles.
Ces groupes sont totalement éphémères : leur composition peut se modifier en quelques jours, voire en quelques heures.
Un territoire de reproduction:
Fait inhabituel, les étalons vivant en solitaires possèdent un vaste territoire de plusieurs kilomètres carrés qui sert, avant tout, d’aire d’accouplement et assure des «droits» à son possesseur.
Les phénomènes de dominance n’interviennent que dans le cadre de ce territoire. L’étalon possesseur y exerce sa dominance sur les autres individus, qui sont tolérés à condition de lui manifester leur subordination.
En ce qui concerne les autres adultes non territoriaux, il semble n’exister aucun phénomène de dominance et on pense que tous, mâles et femelles, occupent un même rang de subordonnés vis-à- vis des mâles territoriaux.
Les jeunes sont subordonnés aux adultes. Les mâles non territoriaux peuvent se reproduire, mais doivent combattre, parfois violemment, pour avoir accès aux femelles. Il existe, en effet, une très forte compétition intra-spécifique. Selon Hans Klingel, de l’université de Braunschweig, qui a magnifiquement décrit les organisations sociales des équidés (1974), si l’on excepte le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum), ce type est unique chez les mammifères.
Le deuxième type d’organisation sociale:
Au contraire du premier, il est très structuré.
L’absence de territoire:
Dans ce deuxième système d’organisation, on note une absence complète de territoire.
Des groupes familiaux stables:
Il existe des groupes familiaux stables – ou harems – composés d’un étalon et d’une ou plusieurs juments (2 à 6) avec leurs petits.
Par ailleurs, on trouve des groupes ne comptant que des étalons. Chez les zèbres de plaine, par exemple, H. Klingel (1978) a pu rapporter que les harems consistaient en des formations permanentes, inchangées durant plusieurs années. Lorsque les étalons dominants d’un harem deviennent trop vieux, ils sont remplacés par de plus jeunes mâles et rejoignent eux-mêmes les groupes d’étalons. Il en est de même si l’étalon a été tué. Il est alors remplacé par d’autres étalons.
Des liens sociaux très solides:
Les juments ne sont donc pas contraintes par l’étalon à rester dans le harem, mais y consentent d’elles-mêmes, des liens très forts existant entre elles. Les attaches sont donc très solides dans ce type de structure.
On voit s’établir entre individus de nombreuses alliances se manifestant dans les activités de toilettage ou par la proximité de deux individus pendant le repos ou le pâturage. Ces affinités particulières se rencontrent aussi bien chez les femelles que chez les mâles.
L’exil des jeunes:
Les jeunes, au contraire quittent le groupe de façon régulière. Les jeunes femelles en œstrus, sexuellement attractives, peuvent être enlevées par d’autres étalons qui fondent eux-mêmes une nouvelle famille ou agrandissent simplement leurs harems. Les jeunes mâles, .ces d’un à trois ans, sont aussi appelés à quitter leur groupe sans être chassés par les étalons.
Une nette hiérarchie:
Dans ces groupes familiaux, la hiérarchie est nette: le dominant est l’étalon, puis viennent les juments dans un ordre peu variable. Les jeunes poulains se situent en dessous des juments et se classent en fonction de leur âge. Quand ils marchent avec leur mère, ils bénéficient de son rang, se situant immédiatement au-dessous d’elle.
A la différence de ce que nous avons vu chez les vaches, ici ce sont les dominants qui marchent en tête du groupe. L’étalon, lui, se louve quelquefois derrière ou sur le côté.
L ne semble pas exister de hiérarchie entre les étalons : qu’ils soient célibataires ou chefs de harems, tous se situent à un même rang, sans aucune dominance. Les juments des harems sont respectées par les autres étalons, sans combat. Seules les jeunes juments : instituent des objets de « tentation ».
L’ importance des conditions écologiques:
Ces deux types de structure sociale traduisent la réponse adaptative de ces différentes espèces d’équidés aux conditions écologiques. Selon les cas, elles permettent une répartition très large, ou, au contraire, une concentration d’individus qui facilite la reproduction et la stabilité des liens, spécialement entre juments et étalons.
Les espèces du premier type vivent, en effet, dans des régions arides désertiques ou sub-désertiques. Les ressources nutritives étant faibles, les populations se dispersent pour réduire la compétition alimentaire, ce qui explique certainement la difficulté d’établir des Lens durables : le comportement territorial compense, en effet, un système libre, sans relations hiérarchiques, de sorte que la reproduction se déroule sans trop de combats.
Dans le second type d’organisation sociale, les espèces évoluent dans des régions comportant à la fois des zones de prairie ou de marécage et des zones franchement arides. Les ressources alimentaires sont inégalement réparties. Les individus se regroupent dans les zones plus riches et interagissent de façon plus fréquente. Le système hiérarchique autorise une coexistence plus pacifique. La stabilité des harems, due aux liens entre les juments et l’étalon, permet aussi que plusieurs groupes puissent évoluer sans trop de tension dans un même espace. La structure et la hiérarchie, complexes et stables, remplacent avantageusement le système territorial.
Vidéo : Les structures sociales dans les sociétés animales: les équidés
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