Les transferts économiques et financiers
La mondialisation du commerce et de la finance facilite les transferts de richesse. Le jeu des interdépendances peut également modifier les avantages compétitifs des nations. Le troisième choc pétrolier et le nouveau dilemme énergie/environnement ont apporté une nouvelle dimension au fonctionnement de l’économie mondiale.
Le troisième choc pétrolier comme un transfert de richesse des consommateurs de pétrole vers les producteurs de pétrole
Entre 2003 et mi-2008, les prix du pétrole brut ont bondi de 32 à 150 dollars par baril. Ceci peut être considéré comme un troisième choc pétrolier , très différent des deux précédents car il n’a pas cassé la croissance économique mondiale (qui a été cassée un peu plus tard par les effets de la crise financière). La hausse des prix du pétrole a entraîné un énorme transfert de richesse des consommateurs aux producteurs. Entre 2003 et 2008, les revenus des pays de l’OPEP sont passés de 200 à 1 000 milliards de dollars. Les pays exportateurs de pétrole n’appartenant pas à l’OPEP, comme la Russie, le Mexique et le Canada, ont aussi bénéficié de la hausse des prix. Il n’est pas facile de savoir comment ces recettes sont investies et utilisées à cause de la très grande opacité de la sphère financière. Nous savons qu’une partie de l’argent est consacrée à l’immobilier, à la construction d’infrastructures, à l’achat d’armes et de systèmes de sécurité. Une partie de ces revenus est réinvestie dans la sphère financière. Les fonds souverains sont devenus des institutions financières majeures .
Ces fonds ont pris d’importantes participations au capital dans certaines banques touchées par la crise des subprimes. Le transfert de richesses peut ainsi aboutir dans certain cas à des transferts de pouvoir. Une autre partie des revenus du pétrole alimente la corruption et, enfin, une partie de ces revenus est redistribué à la population par le biais de prix préférentiels pour l’essence, le gaz naturel, l’électricité, les soins de santé et l’éducation. Toutefois, ce transfert de richesse est fragile. L’effondrement du prix du pétrole dans la seconde partie de l’année 2008 et la gravité de la récession économique ont inversé le sens des transferts et fragilisé certains avantages qui paraissaient comme acquis.
Du côté de la demande de pétrole et de produits pétroliers, les effets du troisième choc pétrolier sont fortement différenciés. Les États-Unis ont souffert plus que la zone euro, parce que, en Europe, le niveau élevé des taxes à la consommation et la perte de valeur du dollar par rapport à l’euro ont atténué le choc. Pour les pays importateurs de pétrole les plus pauvres, la facture pétrolière est devenue, pendant quelques mois, un véritable casse-tête pour les finances publiques et le développement économique Partout dans le monde, les pauvres qui utilisent les produits pétroliers souffrent plus que les riches. La situation a été aggravée au cours des premiers mois de 2008 avec la hausse concomitante des prix des autres produits de base (nourriture, métaux). La hausse des prix des matières premières (2007-2008) a bénéficié à de nombreux pays émergents qui sont exportateurs, mais elle a durement touché les pays pauvres importateurs. En Afrique, les plus pauvres ont été touchés d’une façon disproportionnée (FMI, 2008).
Redistribution des avantages concurrentiels et de l’équilibre des pouvoirs
L’ensemble de l’organisation de l’économie mondiale est touché par ces transferts de richesse et par leur volatilité. Pour la production de biens et de services, au niveau planétaire, un certain nombre de chaînes de valeur sont désormais déconstruites et recomposées, fonctionnellement et géographiquement. Les avantages concurrentiels, notamment en ce qui concerne le coût du travail, le coût en capital et le prix de l’énergie, sont des facteurs clés du processus. En outre, il est souvent plus difficile d’adapter des unités de production anciennes que d’en créer une nouvelle. Ceci peut être illustré par ce qui se passe dans l’industrie automobile : alors que le secteur automobile américain est en grande difficulté, les constructeurs automobiles chinois et indiens pourraient se développer très rapidement. Ceci renforce l’idée à’ VWG à. . « Le, de V mdustna auto
mobile n’est pas clair : quel sera le prix du pétrole et celui des biocarburants ? Quelles seront les contraintes imposées par le changement climatique ? À quelle vitesse vont se développer les nouvelles technologies comme les piles à combustible ?
Les mêmes questions peuvent se poser pour d’autres industries telles que le transport aérien, le tourisme, l’agriculture. Qu’arrive-t-il aux différentes chaînes de valeur mondiales, si le prix du pétrole stagne aux alentours de 60 dollars ou s’il atteint 300 dollars ? Comment s’adapte dans ce cas l’industrie internationale du tourisme ? La volatilité persistante du prix du pétrole apparaît comme une nouvelle donnée de l’économie mondiale.
La redistribution des avantages concurrentiels est essentiellement une question économique où la rentabilité à court terme, la croissance économique et les prix de l’énergie sont les principales forces motrices. A long terme, toutefois, l’avantage concurrentiel le plus important devrait être probablement fondé sur le niveau d’éducation, la compétence technologique et le niveau de recherche/développement.
Le changement climatique et son évolution sont directement affectés par la réorganisation des chaînes de valeur. D’une part, certains pays développés comme les pays européens, imposent des limites et des contraintes aux activités polluantes. D’autre part, la plupart des économies à potentiel de croissance rapide sont à la recherche de la croissance et de la création de richesses, sans grand souci pour l’environnement. Les transferts économiques et financiers pourraient avoir pour effet d’augmenter les émissions de GES. Cette évolution est confortée par le fait que les pays émergents et en développement estiment, à juste titre, que les pays développés portent la responsabilité de la situation actuelle. Ces arguments économiques montrent que la résolution de l’équation de Johannesburg, est plus dépendante de la géopolitique que de l’économie.
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