L'intervention de l'homme : La réduction de l'effet sélectif du milieu
Les milieux sélectifs
Faire l’énumération de tous les appareils, de toutes les machines qui augmentent nos capacités vitales et nos possibilités, de toutes les suppléances du système nerveux qui existent actuellement, reviendrait à établir un catalogue complet de nos commodités : suppléances aux fonctions végétatives et défense contre les variations thermiques, chaleur, froid… suppléances aux fonctions sensorielles : vision, audition… suppléances aux fonctions motrices : dextérité, force…
Que l’Homme soit dépassé par la machine sur le plan de la force, de la rapidité, de la précision, nous y sommes accoutumés… et n’en sommes plus surpris.
Une seconde révolution machiniste nous a apporté les « machines à penser » qui libèrent notre esprit comme les machines ont libéré nos muscles, et qui suppléent à notre intelligence et à nos facultés de mémoire et de calcul. L’Homme est surclassé dans un domaine qui est spécifiquement le sien par les merveilleuses machines électroniques, véritables cerveaux artificiels à la mémoire infinie… L’unique supériorité du cerveau humain n’est plus en somme que de poser les problèmes et de fabriquer les machines .
Plus nous sommes capables de contrôler notre milieu et d’inventer de nouvelles façons de le faire travailler pour nous, et moins nous avons à demander à notre propre corps. Il en est de notre corps comme d’une nation : elle ne se transforme de façon durable et profonde que si le plus gros effort est fourni par elle-même et non par l’aide qui lui vient d’un autre pays !
Dans son ouvrage de science fiction La Machine à explorer le temps (1910), H.G. Wells donne libre cours à son imagination : l’humanité future aboutirait à deux types d’êtres vivants : les possédants d’hier, dégénérés parce que devenus à cause du confort et de leurs privilèges inaptes à tout effort intellectuel et physique, et les descendants des prolétaires, vigoureux et intelligents, se servant comme cheptel des anciens possédants, mais menant une vie souterraine !
Ces suppléances à nos fonctions travaillent-elles à notre perte ?…
Au début de son histoire, l’Homme était totalement soumis à la sélection naturelle ; les individus tarés et chétifs disparaissaient avant d’avoir pu procréer ; seuls les plus sains, les plus forts subsistaient. Dans les sociétés primitives, les déficients physiques ou mentaux périssent. Depuis que la civilisation a remplacé la sélection naturelle par la médecine pour tous, non seulement les êtres tarés survivent, mais ils sont traités comme des personnes privilégiées, et ils ont des enfants qui, lentement, augmentent le bagage des tares accumulées par l’humanité.
Le caractère sacré de la vie humaine est un principe moral fondamental, le médecin doit sauver toute vie. Mais certains malades guéris restent porteurs de tares héréditaires qu’ils transmettent aux générations suivantes ; ainsi, le nombre des déficients et de ceux qui auront besoin d’être aidés et soignés est accru ; ainsi, en aidant l’humanité dans l’immédiat, on lui fait probablement du tort à longue échéance.
Si l’on additionne les vieillards, les sourds, les aveugles, les paralysés, les épileptiques, les psychopathes, les aliénés… on peut estimer à 25 % la population qui serait capable d’assurer sa survie si les mécanismes protecteurs de la société venaient à s’arrêter de fonctionner.
La société moderne et la médecine ont supprimé la sélection naturelle et la nécessité pour tout être vivant de s’adapter à son milieu. Seul parmi les êtres vivants, l’Homme échappe à la sélection des plus forts et des meilleurs. Les conséquences en sont alarmantes, mais peut-il en être autre¬ment ?
A l’inverse, la biologie et la médecine pourraient-elles favoriser le développement du surhomme qui fut toujours dans les rêves des philosophes jusqu’à Nietzsche, jusqu’aux dialogues philosophiques de Renan ? Jean Rostand admit qu’une sélection méthodique des individus les mieux doués quant aux facultés intellectuelles obtiendrait vraisemblablement en quelques générations des Hommes plus intelligents que la moyenne, et parmi lesquels certains seraient peut-être supérieurs à tout ce que nous avons connu. De telles mesures sélectives sentent un peu le haras humain ; elles se heurtent à des difficultés sociales et à des principes moraux.
Vidéo: L’intervention de l’homme : La réduction de l’effet sélectif du milieu
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